Théâtre
Crédit photo : Tous droits réservés
Au printemps-été
«Caligula», un texte d’Albert Camus et une mise en scène de René Richard Cyr, au Théâtre du Nouveau Monde
La production était luxueuse, la scénographie était scintillante et la tension présente durant certaines scènes était aussi malsaine que fascinante. Désirant dresser un parallèle pertinent entre les partis politiques actuellement au pouvoir en Amérique du Nord et les dessins politiques des sénateurs de Caligula, ces derniers ont été représentés en vestons griffés, ce qui a donné un effet saisissant. L’ivresse du pouvoir y était exhibée dans toute sa laideur, et le spectateur ne pouvait que se poser d’importantes questions sur l’abus de l’autorité. Le texte est admirable, certes, mais c’est aussi la justesse de son interprétation qui nous a fait sortir du TNM sonnés par tant d’énergie et d’idées brutes, dont l’intensité nous hante encore.
>Lire la critique complète ici
«Baby-sitter», un texte de Catherine Léger et une mise en scène de Philippe Lambert, au Théâtre La Licorne
Pièce aux personnages féminins forts, presque tout-puissants, Baby-sitter a abordé la culture du viol et le féminisme de façon absolument éclatée et jouissive. L’humour y était fin et servait à se moquer du paternalisme, des bonnes intentions qui versent parfois dans le malhabile, et de la définition parfois élastique du féminisme. Le texte était grinçant, la distribution, impeccable, et les doubles standards mis de l’avant ont fait douter même le plus convaincu des spectateurs. L’auteure nous a joué dans la tête, de sorte qu’on en est sorti en se posant des questions fort pertinentes et d’actualité, mais en étant aussi franchement amusé et ravi.
>Lire la critique complète ici
«Pôle sud: documentaires scéniques», un texte et une mise en scène d’Anaïs Barbeau-Lavalette et d’Émile Proulx-Cloutier, à Espace Libre
Suite de portraits profondément touchants, cette pièce de théâtre documentaire s’attardant au quartier Centre-Sud de Montréal, mais surtout à ses habitants, nous a fait passer par toute une gamme d’émotions. Proposant des entrevues audio avec des gens qui habitent le quartier et qui se permettent des confessions et des déclarations plutôt désarmantes en répondant aux questions d’Anaïs Barbeau-Lavalette, le spectacle a mis en valeur la faune unique et colorée qui habite les alentours du théâtre. C’est dans leur vie de tous les jours – dans ce qu’elle a de tragique et de difficile – que les spectateurs ont pu découvrir les héros du quotidien mis en vedette. Régulièrement hantés par la solitude, ces individus tentent de s’épanouir dans cette société qui les malmène le plus souvent, et c’est courageusement qu’ils se sont livrés. C’est aussi avec beaucoup d’empathie que le duo Barbeau-Lavalette et Proulx-Cloutier les ont présentés.
>Lire la critique complète ici
«Doggy dans Gravel», un texte et une mise en scène d’Olivier Arteau, à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier
C’est sans censure qu’on nous a présenté la fougue de la jeunesse dans les différents tableaux de cette pièce qui mettait en scène un jeune homme aussi terrifié par ses perspectives d’avenir que perdu lorsqu’il pense aux accomplissements de ses pairs. Décidant spontanément de s’inviter à un après-bal pour pouvoir vivre des rapprochements avec la gent féminine, le personnage a fait sombrer graduellement la pièce dans un trash profond; une dérape propre aux fêtes d’adolescents, où l’alcool coule à flots et rend les esprits confus. Le langage cru, les références à la culture populaire américaine, et l’utilisation du franglais et de certaines figures de style ou de poésie, ont conféré au texte un côté érudit, ce qui n’a pas empêché pas la démesure et le côté festif de cette pièce qui a sans doute dressé un portrait assez juste de la jeune génération élevée par Internet.
>Lire une entrevue avec Olivier Arteau ici
Tournez la page pour découvrir les pièces phares à l’automne-hiver 2017!