Théâtre
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«Le Wild West Show de Gabriel Dumont», un texte collectif et une mise en scène de Mani Soleymanlou, au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui
Impossible de définir cette pièce jouissive qui a donné une grande et rigoureuse leçon d’histoire sur ce qui entoure la bataille de Batoche en Saskatchewan, en 1885, et le combat de Louis Riel contre le colonialisme britannique. Profitant de l’intelligence et de l’ingéniosité d’une dizaine d’auteurs, ce Wild West Show a offert une trame narrative d’une cohésion sans faille, tout en étant présenté dans une forme absolument et complètement éclatée, passant par le drame historique, la comédie musicale, le cabaret burlesque et le quiz télévisé. Pur fantasme de divertissement, le spectacle n’a pu qu’émerveiller et impressionner, d’autant plus qu’il était présenté en six langues, par des comédiens amérindiens, métis et québécois, ce qui a lancé un message clair: malgré sa menace, le pouvoir colonial n’a jamais réussi à éradiquer les peuples et les cultures variés présents au Canada.
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«Filles en liberté», un texte de Catherine Léger et une mise en scène de Patrice Dubois, au Théâtre La Licorne
Dans cette production tournant autour de la pornographie, l’auteure a pris son temps pour bien établir la psychologie des personnages et les circonstances qui les ont conduits à certains choix de vie. L’écriture corrosive de Léger a ce don de détourner nos idées préconçues et de nous faire voir les choses différemment: le personnage de Méli, bien que consciente de sa beauté et l’utilisant pour entrer dans une industrie qu’on dit contrôlée par et destinée aux hommes, tout en exploitant les femmes, ne représente-t-elle pas le mouvement féministe malgré tout, puisqu’il ne se préoccupe aucunement du regard des autres ni de sa réputation, vivant de façon assumée dans une liberté totale? Basculant dans une farce politique au grotesque contrôlé et à l’absurdité qui nous a rendu tant incrédule qu’admiratif, la pièce a proposé un commentaire social très acéré qui a fait rire autant que réfléchir à ce qui pourrait potentiellement être une version futuriste du féminisme.
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«L’Iliade», un texte d’Homère et une mise en scène de Marc Beaupré, au Théâtre Denise-Pelletier
C’est d’abord la musique de Stéfan Boucher – à partir d’une console qui trônait devant la scène, et qui était manipulée durant toute la pièce pour rythmer les échanges et offrir des textures et des ambiances percutantes – qui donnait une forme et un impact à L’Iliade de Marc Beaupré. Puis, ses dix interprètes en grande forme, qui suaient, qui se pavanaient, qui chantaient et dansaient, qui se battaient et qui vibraient sur la scène pour interpréter les onze chants de cette version élaguée de l’œuvre d’Homère. Le récit est épique, le spectacle était à grand déploiement, nos sens ont été assaillis, les interprètes furent majestueux, et la mise en scène, un véritable tour de force.
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«Fuck toute», un texte et une mise en scène de Catherine Dorion et Mathieu Campagna, au Théâtre Premier Acte
Bien qu’il s’agisse d’une reprise, Fuck toute n’a rien perdu de son originalité et de son impact. Présentée presque entièrement dans le noir le plus total, la pièce a offert une expérience sensorielle hors du commun alors que des sons de voitures, de manifestations, de discours politiques ou d’animateurs de radio «poubelle», de publicités et autres slogans ont été diffusés, presque bombardés aux spectateurs, accompagnés tantôt d’odeurs, tantôt d’une brise de vent ou encore d’ambiance musicale et de paroles tout aussi revendicatrices de la part des interprètes. Nous faisant prendre conscience de la déroute de notre société, l’expérience nous a maintenus dans un état d’alerte constant et nous a donné envie de s’ouvrir les yeux et la pensée, mais aussi d’aiguiser davantage nos sens et de profiter des petits bonheurs de la vie.
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«Les enivrés», un texte d’Ivan Viripaev et une mise en scène de Florent Siaud, au Théâtre Prospero
Cette pièce chorale présentant un directeur d’un festival de cinéma et une jeune femme intoxiquée, un triangle amoureux, un enterrement de vie de garçon et une prostituée, ainsi qu’un souper de couples qui tourne au vinaigre s’est révélée grandiose. De par le nombre de personnages, ce qui nécessitait une logistique imposante, mais aussi parce qu’elle célébrait l’ivresse et la vie, en présentant des personnages complètement libérés en raison de l’alcool omniprésent dans toutes les situations. Avec leurs inhibitions tombées, leurs paroles complètement libres et leurs vérités dévoilées, les personnages campés par cette distribution sans faille nous ont énergisés et inspirés.