Le prolifique songwriter Kevin Morby au Théâtre Plaza de Montréal – Bible urbaine

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Le prolifique songwriter Kevin Morby au Théâtre Plaza de Montréal

Le prolifique songwriter Kevin Morby au Théâtre Plaza de Montréal

Irrésistiblement folk

Publié le 28 mars 2017 par Benjamin Le Bonniec

Crédit photo : Dustin Condren (Kevin Morby Website)

Alors que se profile à l’horizon un quatrième album prévu le 16 juin, Kevin Morby est actuellement en tournée à travers le continent nord-américain, partageant l’affiche avec Waxahtchee, le projet musical indie-folk de Katie Crutchfield. Et le Texan n’en finit plus de faire son chemin dans le milieu du folk américain sur les pas de Bob Dylan, Lou Reed et celui qu’il considère comme le «king», notre regretté et adoré Leonard Cohen. Jetant son dévolu sur le Théâtre Plaza, Blue Skies Turn Black avait convoqué, samedi soir, la communauté folk montréalaise dans cet antre merveilleusement approprié.

En entrant sur la scène du Théâtre Plaza aux alentours de 22h, devant une salle qui n’attendait que son apparition, Kevin Morby a certainement eu une pensée pour l’une de ses plus grandes inspirations. Mais si Leonard Cohen s’en est allé, la musique folk dans sa forme la plus épurée à encore de beaux jours devant elle si l’on en croit la performance tout acoustique de l’ex-chanteur du groupe d’indie-rock The Babies.

Et c’est de la même manière que s’ouvre Singing Saw, sorti en avril dernier chez le label indépendant Dead Oceans (The Tallest Man on Earth), avec «Cut Me Down» que le résident de Los Angeles a entamé une performance solo diablement maîtrisée, à la fois classe et humble. Album sobre et captivant, ce dernier bénéficie d’un élan folk incroyable, tant dans l’isolement nécessaire à l’écriture des textes que dans la musique sans fioriture en humble descendant du dernier Nobel de littérature.

À peine entamé, ce concert s’annonce comme une cavalcade de pépites folk-rock où se mêlent la beauté et le mystère, la mort et l’amour, mais surtout la solitude. Non pas la solitude d’un homme dans son ensemble, plutôt celle que peut ressentir un jeune homme qui, au sortir de l’adolescence, se retrouve plongé dans les tourments de la vie d’adulte. Passé de New York à Los Angeles et toutes ses réjouissances californiennes, alors qu’il vivait une séparation douloureuse, Morby a continué à faire ce qu’il fait de mieux: écrire inlassablement. 

Le temps d’un set aussi fugace que concis, l’ancien bassiste de Woods a balayé ce Singing Saw à la force de sa guitare et de sa voix lascive, claire et toute en grâce. Déballant ses plus intimes tourments sur l’énervée «Dorothy», rendant hommage à Eric Garner, cet Afro-Américain mort par strangulation à la suite de son arrestation par un policier dans l’arrondissement de Staten Island à NYC en 2014, ou étalant l’étendu de son talent de songwriter sur la poétique «Black Flowers», l’éclectique musicien a raconté ses histoires avec la puissance qu’on lui connait depuis ses débuts en solo sur l’épatant et suranné Harlem River (2013).

Artiste prolifique, accumulant quatre albums avec Woods, deux autres avec The Babies et pas moins de trois dans son échappée solitaire en l’espace d’à peine huit ans, Kevin Morby est également revenu sur quelques titres qui ornent sa collection et notamment sa sublime et émouvante ballade «All Of My Life». Présente sur Still Life (2014), elle a permis au jeune homme d’acquérir une certaine notoriété, la critique le présentant comme ce «nouveau Dylan» que tout le monde attend, mais qui (heureusement) rassure aujourd’hui en s’émancipant de cette étiquette.

Car s’il y a bien du Dylan dans la musique de Morby, l’îcône du New York underground Lou Reed n’est jamais loin, comme dans l’entraînante «Parade» où l’ombre du sulfureux leader du Velvet Underground plane sur la scène. Terminant sur sa chanson hommage aux victimes des attentats d’Orlando et Paris, la finalement très politique et languissante «Beautiful Strangers», et sur sa reprise sublimée de «No Place To Fall» du songwriter Townes Van Zandt, Kevin Morby nous montre que si le chemin parcouru est déjà grand, l’avenir se fera inévitablement dans la lueur.

La suite à suivre avec la sortie prochaine de Come to Me Now dont le titre homonyme nous plonge d’ores et déjà dans l’ambiance de la côte Ouest américaine.

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