Le producteur new-yorkais Nicolas Jaar au Théâtre Berri – Bible urbaine

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Le producteur new-yorkais Nicolas Jaar au Théâtre Berri

Le producteur new-yorkais Nicolas Jaar au Théâtre Berri

Éclectique, inclassable et talentueux

Publié le 14 novembre 2016 par Benjamin Le Bonniec

Crédit photo : www.live-arena.com

Nicolas Jaar a cette capacité à nous embarquer dans des envoûtements incomparables. Aussi singulièrement qu’il le fait depuis ses débuts précoces en 2008, le producteur électronique new-yorkais, érigé en farouche trublion de la dance musique contemporaine depuis son premier album Space Is Only Noise (2011), n’en finit pas de séduire. Revenu avec un second opus solo, Sirens, en ce début d’automne, Nicolas Jaar poursuit son parcours dissident en marge de la scène minimale house. Vendredi soir, dans un Théâtre Berri en pleine ébullition, l’artiste américano-chilien a impressionné et déployé un bel aperçu de son talent.

Depuis le début de la décennie, Nicolas Jaar élargit à sa manière le champ de la musique électronique par ses nombreuses perceptions, entre atmosphères ambiantes et investigations expérimentales. Grâce entre autre à son propre label, Clown & Sunset, fondé en 2010, le DJ new-yorkais a pu élever ses propres compositions en studio jusqu’à les magnifier sur scène. Ayant entamé une tournée automnale de présentation de ce nouvel enregistrement studio, Nicolas Jaar repassait une nouvelle fois à Montréal, après son dernier passage en 2013.

Bénéficiant d’une demande exponentielle à chacune de ses apparitions, l’artiste n’a eu aucun mal à remplir le Théâtre Berri pour cette date montréalaise. L’évènement était annoncé à guichets fermés depuis le jour même de leur disponibilité après une vente foudroyante de l’ensemble des billets. Il en est de même depuis les balbutiements du New-Yorkais qui bénéficiait dès la sortie de ses premiers Maxis, Russian Dolls et Time For Us notamment, d’une réception critique plus que favorable.

Depuis Nicolas Jaar n’a cessé de composer activement s’attirant les déchaînements passionnels d’un public toujours plus large. Depuis Space Is Only Noise, jusqu’à la série de Maxis Nymphs (trois EP sur l’ensemble de l’année 2015) et sans oublier sa géniale collaboration avec le multi-instrumentiste Dave Harrington sous l’alias Darkside (2013) ainsi que la composition de la bande originale de Dheepan (2015), le dernier film de Jacques Audiard gratifié de la Palme d’or à Cannes.

Avec ce second album solo, Nicolas Jaar impressionne une nouvelle fois, nous éblouis même par la manière dont il déballe sa musique, une sorte d’inlassable errance entre l’ordre et le désordre. Bouleversant les codes, Jaar passe du chaos à une logique plus agencée, n’hésitant pas à proposer d’intenses condensés sonores qu’il éclate pour laisser place à un étirement continuateur et organique. Si nous ne connaissons pas son secret, il apparait évident que Nicolas Jaar sait faire de la musique, il la connaît comme il la ressent. On en a la preuve avec cet album conceptuel et inclassable.

Construite à l’aide d’un synthétiseur, d’une boîte à rythmes, d’un saxophone et de sa voix, elle se complexifie au fur et à mesure de la performance jusqu’à développer un emportement tribal quasi symphonique. Complexe, sa musique provoque ce sentiment de plénitude, d’épanouissement passant d’atmosphères ambiantes à des sonorités plus mélancoliques et offrant des détours groovy favorable à d’exaltants frétillements sur la piste de dance. À cela s’ajoute un travail visuel de grande classe, l’éclairage éblouissant offert fait de faisceaux lumineux en perpétuelle mouvance s’accouplait merveilleusement au «déballement» sonore du compositeur.

Artiste accompli, encensé par la critique et adulé par un public de connaisseurs, Nicolas Jaar réussit son tour de force avec ce nouvel album et la prestation proposée au public montréalais reflétait largement les ardeurs récentes de ce petit génie de l’électro. Qu’il s’agisse des dernières compositions en date comme «Three Sides Of Nazareth», «No», «The Governor» ou lorsqu’il provoque l’excitation du public en ressortant «Space Is Only Noise If You Can See» ou l’envoûtant «Time For Us», Nicolas Jaar maîtrise admirablement sa prestation, et sa musique évidemment.

Éclectique, doué et incroyablement précis, le producteur américain montre encore une fois qu’il bénéficie d’une large envergure musicale favorable à un rayonnement au-delà des genres. Et si l’artiste semble en avoir encore sous la pédale, il était délicieux pour les amateurs et passionnés de la première heure de constater la progression continue de Nicolas Jaar en solo depuis le projet Darkside.

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