Musique
Crédit photo : Francis Baumans
IL EST 20H03 LORSQUE KANDLE et son groupe montent finalement sur scène, et au moment où ceux-ci plaquent les premiers accords de la pièce d’ouverture («Not Listening»), on peut déjà noter une augmentation considérable du volume de la foule. Malheureusement, une grande majorité des gens ont choisi de rester allongés dans l’herbe plutôt que de s’approcher de la scène, ce qui ne facilite évidemment pas l’échange d’énergie entre la foule et les musiciens. Il faudra d’ailleurs attendre la quatrième pièce («Control Me») avant que la foule ne commence réellement à se manifester. La chanson suivante, une reprise de «Girl You’ll Be a Woman Soon» du groupe Urge Overkill — chanson par ailleurs rendue célèbre pour son utilisation dans le film Pulp Fiction — , ne manque pas de faire ressortir la dimension un peu hollywoodienne de la musique d’Osborne. Car si celle-ci semble également taillée sur mesure pour un film de Tarantino, elle est aussi, en quelque sorte, l’équivalent musical parfait d’un film noir. Un film noir dont la chanteuse tiendrait d’ailleurs à la fois les rôles de la demoiselle en détresse et de la femme fatale.
Quelques morceaux plus tard, un rendement particulièrement poignant de la pièce «Not Up To Me» — dont la vidéo s’est par ailleurs vue remettre le PRISM Award dans la catégorie «Choix du public» plus tôt cette année, en plus de récolter une nomination aux derniers Juno Awards — semble définitivement réveiller le public, alors que tous les yeux et toutes les oreilles sont maintenant bien rivés sur Osborne et ses Krooks. Trop peu, trop tard? Difficile à dire. Il reste encore deux titres à jouer avant de ranger les instruments, et quelque chose me dit qu’il y a encore davantage à tirer de cette foule maintenant captive. Après avoir dévoilé au public lavallois une nouvelle pièce récemment ajoutée au répertoire («Boss»), Kandle décide donc de jouer le tout pour le tout et invite l’ensemble des gens présents à se lever et à se rapprocher de la scène pour la dernière chanson. Faisant dos au public au moment d’entamer les premières notes de la très énergique pièce «Demon», c’est sûrement une Kandle très heureuse qui se retourne quelques instants plus tard pour découvrir que la totalité des quelque trois cents personnes présentes est maintenant debout en train de taper des mains au rythme de sa guitare — et du tapage de pied endiablé de Jason Kent, évidemment.
En l’espace d’une douzaine de chansons, Osborne aura donc finalement accompli sa mission du jour en repartant de Laval avec une poignée de nouveaux fans en poche, dont plusieurs attendront d’ailleurs la chanteuse à sa sortie de scène pour une petite session d’autographes improvisée. Sur le visage de Kandle, il sera alors difficile de ne pas remarquer un petit sourire qui trahit sa pensée. «Ces petites marques d’amour-là du public, elles aussi elles font partie du métier.» Et si ce métier-là, Kandle Osborne en a découvert tous les petits (et moins petits) inconvénients au cours de la dernière année, quelque chose dans son regard me laisse malgré tout deviner qu’elle n’a pas l’intention de le laisser tomber de sitôt.