«25» de l'auteure-compositrice-interprète britannique Adele – Bible urbaine

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«25» de l’auteure-compositrice-interprète britannique Adele

«25» de l’auteure-compositrice-interprète britannique Adele

Lorsque le succès devient un refrain

Publié le 3 décembre 2015 par Marie-Hélène Proulx

Crédit photo : www.facebook.com/adele

La reine de la culture soul nous revient avec un troisième album si longuement désiré qu'il devient presque intimidant d'oser l'effleurer de son sens critique. Ce l'est d'autant plus qu'Adele parvient encore à y maintenir le parfait équilibre entre la force mélodieuse et l'émotion à fleur de peau, mais en y ajoutant une touche de sérénité nouvelle. Plus que jamais, ses mélodies savent mettre au premier plan cette voix fabuleuse, mais sans trop prendre le risque de l'exploration musicale. Dans ses structures mélodiques, agrémentées, il est vrai, d'une sage utilisation des harmonisations, rien ne déstabilise ou n'étonne. Adele émeut, encore et toujours, mais ne bouleverse pas, du moins, l'univers musical.

L’album donne quand même l’occasion à l’artiste de révéler le spectre de ses talents, en passant de chansons sobrement accompagnées à la guitare dans «Send Me Love» ou «Million Years Ago», jusqu’à des sonorités rivalisant avec les grands calibres du gospel dans «River Lea». C’est toutefois avec la mélodie, pourtant sans complexité aucune, mais merveilleusement baignée dans les accords de violon et de piano de «Love in the Dark», qu’Adele va le plus droit au cœur. Mais la ballade «Million Years Ago» réussit presque aussi efficacement à transmettre cette grâce nostalgique avec sa grande simplicité.

Il est d’ailleurs remarquable que cette chanteuse à voix parvienne, autant lorsqu’elle s’entoure d’un petit filet de musique que d’un accompagnement solide, à projeter la voix de manière à ce que nous puissions saisir et goûter chacun de ses mots. Mais a-t-on vraiment envie d’approfondir la poésie d’Adele? À moins d’avoir un grand chagrin à étancher, on l’a déjà bien assez entendue parler d’amour: c’est surtout la fauve derrière la virtuose que l’on cherche à redécouvrir, plus que la poète ou la cantatrice qui chante les joies de sa maternité dans sa pièce en finale «Sweetest Devotion».

Cela n’empêche pas Adele de savoir s’entourer des grands, notamment lorsqu’il s’agit de nous émouvoir à l’écran avec son joli visage en larmes. Et pour ce faire, elle a fait appel à nul autre que notre Xavier Dolan national avec qui elle a réalisé le vidéoclip de «Hello», la première pièce de son album.

Ce n’est donc pas avec un esprit critique que l’auditeur savoure pleinement cette voix incontournable, mais avec beaucoup d’humilité, celle qui nous fait accepter que les accords les plus banals, qui semblent déjà nous habiter depuis toujours, puissent faire frissonner du plus grand au moins plus dilettante des mélomanes. Mais les frissons passent comme les hivers quand ils commencent à manquer de mordant. À l’origine du soul se trouvait une rage qui a su dompter sa voix pour conquérir le monde populaire. Adele a réussi à surprendre en amenant cette maîtrise à un degré saisissant, mais en chemin, la révolte, même intérieure, semble avoir un peu perdu pied.

D’ici à ce que la trace de ces mélodies se dissipe, il nous restera quelques moments très tendres à partager, baignés, un peu partout, par les échos de la voix de cette nouvelle maman.

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