«L’impureté» de Larry Tremblay – Bible urbaine

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«L’impureté» de Larry Tremblay

«L’impureté» de Larry Tremblay

Lorsque tout basculera

Publié le 13 novembre 2016 par David Bigonnesse

Crédit photo : www.editionsalto.com (illustration de la couverture: Lino)

Des plaies du passé toujours vives. Une psychologie des personnages habilement construite. Un livre prêt à tout faire basculer. Avec «L’impureté», nouvelle œuvre de l’écrivain Larry Tremblay, tout est là pour combler le passionné de littérature. Mais un constat s'impose rapidement lorsque les dernières pages sont tournées: cette œuvre ne nous pénètre pas autant que nous l’aurions souhaité. Triste constat, car nul doute que l’architecture du roman est brillantissime.

Décédée lors d’un accident de voiture en décembre 1998, Alice Livingston vivait de sa plume. Elle était romancière. Antoine Ste-Marie et Jonathan Livingston composaient son noyau familial. Le premier, professeur de philosophie au collège, était son mari, alors que le deuxième, acteur de profession, était son fils. Son dernier manuscrit – qui semble être une véritable bombe n’épargnant personne – ne demande qu’à être lu…

Au fil des pages du livre de Larry Tremblay publié chez Alto cet automne, on en apprendra un peu plus sur le passé des personnages, alors que ce qui a été tu pendant trop longtemps ne trouve plus refuge dans le silence.

Le romancier natif de Chicoutimi a tout mis en place pour jouer avec son lecteur, peu importe s’il en ressortira indemne ou non après la lecture de son livre, car tout se brouille et les éléments fictionnels s’approchent de la réalité. Et vice versa. D’autres personnages gravitant autour des protagonistes contribuent d’ailleurs à étoffer cette histoire pour le moins insoupçonnée. On pense à Claire Langlois, cette jeune journaliste qui souhaite faire un article sur Alice et son œuvre ainsi que Louis-Martin Vallières, l’éditeur de la défunte.

Sur le plan de la forme, l’auteur de L’orangeraie et du Christ obèse maîtrise parfaitement l’écriture du roman en offrant une structure bien édifiée. Le texte s’avère d’une grande limpidité, sauf qu’il y a quelque chose qui cloche. On n’arrive pas à saisir pourquoi on a de la difficulté à être imprégné par cette histoire résolument troublante. En fait, il se dégage une certaine froideur à travers ses 160 pages. Une froideur qui crée malheureusement une distanciation avec le lecteur. Peut-être est-ce justement l’effet recherché, mais il demeure que c’est un peu impénétrable du même coup.

Pour la finale, l’artiste québécois réussit complètement à nous déstabiliser et à nous amener là où nous ne pensions pas nous retrouver; les personnages et situations étant désormais vus à travers une nouvelle perspective. L’œuvre surprend sans aucun doute, mais elle ne laisse pas de marques dans notre esprit par la suite.

Et c’est exactement là où se situe la déception.

L’impureté de Larry Tremblay, Éditions Alto, 2016, 160 pages, 21,95 $.

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