«Évanouies» de Megan Miranda – Bible urbaine

LittératurePolars et romans policiers

«Évanouies» de Megan Miranda

«Évanouies» de Megan Miranda

Des êtres derrière les ombres

Publié le 8 décembre 2016 par Marie-Hélène Proulx

Crédit photo : Éditions de la Martinière

On comprend assez vite le principe de ce roman policier, annoncé sur sa quatrième de couverture: dans une petite ville américaine, une jeune femme vient de disparaître, la seconde en dix ans. C’est à ce moment qu’une troisième revient après avoir renoncé à tout, une décennie auparavant, pour se tailler une vie ailleurs. Ces évènements sont racontés à rebours, du quatorzième au premier jour, depuis le retour de la dernière venue, à partir de sa perspective, entremêlée de souvenirs et de doutes. Le retour en arrière n’est pas, en soi, un procédé révolutionnaire en littérature, mais dans le contexte d’un suspense, la véritable question du lecteur devient: «Comment l’auteur parviendra-t-il à nous tenir sur la corde raide jusqu’au retour à la case départ?»

Comment, en effet, nourrir notre inquiétude pour la suite des choses lorsqu’on sait déjà que le lendemain rien de particulier, en apparence, n’aura été bouleversé dans l’évolution des faits ou la situation des protagonistes? Ce défi est d’autant plus grand que ce qui transforme cette disparition en obsession pour la narratrice demeure d’abord difficile à cerner. Il ne reste donc plus qu’à chercher ce qui aurait dû être saisi derrière le fil des faits et des vieilles blessures qui remontent, peu à peu, à la surface.

Avant que tout ne s’élucide, la lecture entraîne presque malicieusement sur plusieurs pistes presque stériles, ce qui crée une irritation, par moments. Mais cela ne peut pas être considéré comme une faiblesse de l’ouvrage, à proprement parler: cette errance ne rend la poursuite de la lecture que plus complice de la démarche de la «survenante» en ces lieux pour trouver une issue au drame des derniers jours.

De fausse piste en fausse piste, le lecteur en vient à comprendre que l’essentiel ne se situe pas tant dans la suite des faits que dans le prétexte qu’il offre à explorer les motivations des protagonistes, demeurées trop longtemps entourées de mystères. Le tout se déroule dans un climat qui ne se démarque pas vraiment du cliché de la petite ville, cristallisée dans le temps et peuplée d’habitants médisants, n’ayant par grand-chose d’autre que des désillusions à offrir aux générations suivantes.

Ce qui n’empêche pas le roman de receler quelques descriptions psychologiques particulièrement bien étoffées pour un roman d’intrigue, dont le rythme s’éloigne de plus en plus de la course folle à la recherche d’indices. La finale suppose d’ailleurs des choix qui auraient été assez difficiles à comprendre sans cette progression à travers les souvenirs.

Il ne s’agit donc pas d’une grande œuvre d’angoisse, mais bien la révélation d’un univers obscur qui vaut la peine d’être traversé.

«Évanouies» de Megan Miranda, Éditions de la Martinière, 416 pages, 34,95 $.

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