Littérature3 bonnes raisons de
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Une histoire qui permet d’ouvrir ses horizons
Dans ce roman, Marianne Brisebois parvient non seulement à éliminer les tabous, mais à faire accepter toutes les différences avec un naturel inné.
Au début, les personnages de Gabriel et d’Emma peuvent sembler un peu naïfs, voire immatures, mais rapidement ces traits reflètent plutôt une grande authenticité lorsque l’on sait de quel monde ils viennent. Ayant été victimes d’injustices sociales aberrantes au sein de la Cité, ils se sont fait voler des années d’éducation et même la liberté de penser et de choisir.
Lors de leur fuite en Gaspésie dans l’opus Tant que ce sera l’été, Florence et William les ont accueillis les bras ouverts. Plutôt que de juger leur manque d’expérience, ils leur ont montré l’école de la vie avec beaucoup de compassion et d’affection.
Dans ce même élan de bonne foi, les deux protagonistes défendent l’intégrité des autres victimes qui n’ont pas su trouver la force de fuir, puisque les gens de l’externe ne peuvent tout simplement pas comprendre.
Une foule de sujets délicats et propices aux réflexions philosophiques sont énoncés avec une immense ouverture d’esprit. Presque tous les personnages hors de la Cité arrivent à s’entendre et à s’accepter tels qu’ils sont, peu importe leur vécu et leurs modes de pensées qui diffèrent.
Cette grande ouverture vers l’autre est si inspirante!
En voici un extrait: «Il y a tellement de choses que j’ignore. Tellement de réalités qui me sont étrangères. Je dois cesser de croire que je suis la seule personne au monde à me sentir à part; il existe apparemment beaucoup de versions de ce sentiment.»
Des dialogues d’une profondeur et d’une beauté exceptionnelles
Ce roman à deux voix transpose une succession de longues discussions et de réflexions. Pour reprendre les mots de Gabriel, on pourrait bel et bien le résumer par «du monde qui se collent pis qui jasent». Et pourtant, l’inaction ne se ressent pas une seule fois tellement les dialogues sont captivants!
Hormis le contexte de l’enquête, le récit se concentre surtout sur les relations interpersonnelles. Qu’ils s’agissent du couple parfait que forment Gabriel et William, de la famille choisie qu’ils partagent avec Emma et Florence, de l’amitié naturelle qui se développe avec Jérémie rencontré par hasard, des familles dysfonctionnelles de la Cité ou, bien entendu, de la relation fusionnelle entre Emma et Gabriel, le lecteur∙trice aura l’impression de se retrouver au cœur de la scène tellement les discussions de chaque duo révèlent leurs pensées les plus intimes.
Ayant une forte connexion, Gabriel et Emma se connaissent par cœur. Ils n’ont aucun secret l’un pour l’autre, et ils se considèrent même comme leurs «chez-soi». Plutôt hors norme, leur liaison est facilement acceptée et même admirée par leur entourage, malgré leur surprise et leurs questionnements.
«Je ne sais pas vraiment ce que nous sommes, mais peut-être qu’un jour, un néologisme existera pour définir cette intensité, cette relation fusionnelle qui est à la fois amour, amitié et fraternité, passion, affection et platonisme.»
L’audace et l’aisance de toutes ces unions font sourire même après avoir refermé le livre!
Un message d’espoir né du contraste d’ombre et de lumière
Sans aucun doute, l’autrice réussit à faire vivre de grandes émotions à son public à travers ses personnages empreints de sensibilité.
Après un lourd passé comme le leur, la distance avec leur nouvelle vie lors de l’enquête, l’angoisse et la tristesse provoquées par le drame, les deux héros finissent par s’approprier la lumière.
La force de leur amitié et leur grande volonté de choisir leur propre chemin leur auront permis de traverser la tempête et de surmonter les obstacles pour se rendre enfin à destination. En plus de s’être sortis de leur misère, ils ont tissé des liens extraordinaires et ont rattrapé le temps perdu pour s’instruire et ainsi trouver leur voie professionnelle.
On pourrait croire qu’au fond, ils sont en avance sur leur temps, bien qu’ils aient été totalement déconnectés du monde au tout début. Leur distance avec la réalité extérieure aura détruit des barrières et inspiré les autres sur leur passage.
Assurément, ce roman de celle qui nous a aussi charmés avec Sauf que Sam est mort invite les lecteurs∙trices à refaire le monde, afin qu’il soit plus harmonieux!