«Dans la peau de...» Marianne Brisebois, autrice qui aborde l’apprivoisement de nos quelques solitudes – Bible urbaine

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«Dans la peau de…» Marianne Brisebois, autrice qui aborde l’apprivoisement de nos quelques solitudes

«Dans la peau de…» Marianne Brisebois, autrice qui aborde l’apprivoisement de nos quelques solitudes

Celles dont on se libère, celles qu'on garde parce qu'elles nous font du bien

Publié le 2 septembre 2022 par Mathilde Recly

Crédit photo : Laurent O'Donoughue

Chaque semaine, tous les vendredis, Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou à un artisan de la culture afin d’en connaître un peu plus sur la personne interviewée et de permettre au lecteur d’être dans sa peau, l’espace d’un instant. Aujourd'hui, on s'est glissé dans la peau de l'autrice Marianne Brisebois, qu'on a déjà eu le bonheur d'interviewer en octobre 2021 alors qu'elle faisait paraître «Sauf que Sam est mort», un roman sur le deuil, sur la perte. Presque un an plus tard, voilà qu'elle est de retour sur la scène littéraire pour nous jaser de «Quelques solitudes», où elle aborde l'apprivoisement de nos quelques solitudes, celles dont on se libère et celles qu'on garde, tout simplement parce qu'elles nous font du bien. Ça vous parle à vous aussi, n'est-ce pas?

Marianne, quel plaisir de te retrouver ici! Comment vas-tu, et quel regard portes-tu sur la dernière année qui vient de s’écouler, presque un an après la sortie de Sauf que Sam est mort?

«C’est un plaisir hautement partagé! Accorder une deuxième entrevue, ça m’ancre encore plus dans ma réalité d’autrice, alors qu’il y a un an j’avais cette petite crainte que tout ce qui s’y rapporte soit éphémère.»

«Les derniers mois ont été chargés en émotions. La réception du premier roman a largement dépassé mes attentes, et j’ai appris à ne pas avoir peur de me montrer telle que je suis aux lecteurs∙trices ainsi qu’aux médias. Je suis heureuse de constater la petite place que je prends tranquillement (quoique ça va vite!) et j’ai déjà hâte aux prochains projets d’écriture.»

«C’est la première fois que j’ai cette impression si évidente de me retrouver au bon endroit, malgré les doutes et la pression qui viennent avec le fait de partager sa créativité avec des milliers de personnes. Les commentaires de lecteurs et lectrices qui ont été touchés.es par mes mots me confirment que j’ai eu raison de placer l’écriture au centre de ma vie. Bref, ça va super bien!»

Le 31 août, ton deuxième roman Quelques solitudes est paru aux Éditions Hurtubise. Au fil des pages, on y suit le personnage de Lili qui commence une toute nouvelle vie alors qu’elle s’est retrouvée brutalement éjectée de l’ancienne. Dans sa nouvelle grande maison lavalloise, elle fait connaissance avec son coloc Simon-Pierre dont elle ne sait rien, et leurs solitudes vont se côtoyer et apprendre à cohabiter. D’où t’est venue l’inspiration pour ce roman?

«Beaucoup de choses! J’ai voulu aborder ce qu’implique une relation de longue date qui se termine, alors que le couple va bien.»

«Lili et Julien sont ensemble depuis une dizaine d’années, alors qu’ils n’ont que 26 ans. Quand tout éclate, Lili se retrouve à la case départ et c’est ce qui a enclenché le processus d’inspiration pour moi: la reconstruction. Bâtir sa vie avec quelqu’un de 16 à 26 ans, ça implique souvent une vie presque fusionnelle: mêmes amis, mêmes activités, vie commune constituée de biens et de moyens qui nous appartiennent conjointement, des projets qui fonctionnent quand on est deux à se soutenir mutuellement…»

«Lili se retrouve donc à devoir tout rebâtir, maintenant sans amoureux, sans cercle social, sans appartement et presque sans moyens. Elle arrive ensuite dans la vie de Simon-Pierre avec qui elle vit en colocation, une rencontre qui m’a grandement inspirée. Ce personnage un peu mystérieux m’a amenée à explorer la solitude sous un tout autre angle, bien qu’elle arrive à rejoindre celle vécue par Lili.»

«Les lecteurs∙trices qui ont lu mon premier roman reconnaîtront mon penchant pour les dialogues qui font rire et les relations attachantes.»

Petit à petit, Lili découvre que Simon-Pierre a, tout comme elle, un passé avec lequel il cherche à faire la paix, en plus de ses propres blessures et de «quelques solitudes à apprivoiser». Comment le thème de la solitude résonne en toi, quels sentiments crée-t-elle et comment te nourrit-elle en tant qu’auteure?

«J’ai un drôle de rapport avec la solitude, haha! J’en ai énormément besoin pour écrire, pour laisser l’inspiration s’installer dans ma tête et pour permettre à la magie d’opérer. Mais je suis aussi quelqu’un de très sociable, qui carbure aux discussions et aux contacts humains. Je ne suis donc pas trop fan des adages laissant sous-entendre qu’il faut “être bien seul.e” parce que ce n’est pas vrai à long terme.»

«La solitude peut être belle et nécessaire quand on la choisit, quand on crée soi-même les espaces où on en a besoin. Autrement, j’ai du mal à me dire qu’on puisse être bien avec soi-même quand on n’a personne avec qui partager sa journée, ses passions ou simplement ses commentaires en écoutant Netflix

«Même après une rupture comme celle de Lili, où elle a du mal à retrouver ses repères sans son ancien amoureux, je ne crois pas qu’elle pourrait apprendre à s’aimer telle qu’elle est, identifier ce qu’elle veut en restant seule. La solitude est multidimensionnelle, parfois douce, parfois insupportable.»

«Cette histoire aborde donc l’apprivoisement de nos quelques solitudes, celles dont on se libère et celles qu’on garde parce qu’elles nous font du bien.»

Ce nouveau roman commence par une dédicace que tu as faite «À ceux et celles qui [t]’ont fait faire mille détours par les îles, pour toutes ces fois où [tu t’y es] éternisée». Que représentent ces îles, au juste, et qu’est-ce qui t’a amenée à y passer autant de temps?

«Ah! J’adore cette question! Le roman se passe dans l’île Verte, un endroit méconnu de Laval. On dirait presque qu’il s’agit d’un environnement fictif tellement le décor semble trop pittoresque pour se trouver dans une banlieue. J’ai grandi à Laval et j’ai connu les îles à l’adolescence grâce à mon copain et à mon meilleur ami qui y habitaient.»

«À l’époque, j’avais un rapport amour-haine avec ces îles, parce qu’elles étaient loin du transport en commun et qu’il y fait beaucoup trop froid en hiver (et presque toute l’année). En même temps, le paysage est magnifique et je m’y suis toujours sentie à l’abri de je-ne-sais-quoi. Au fil des ans, il y a eu certaines périodes plus difficiles sur le plan personnel et, chaque fois, j’ai choisi de faire ma valise pour aller vivre un moment dans les îles, chez mes beaux-parents ou chez mes meilleurs amis qui habitent maintenant l’île Verte.»

«C’est d’ailleurs leur maison qui m’a inspiré celle de Simon-Pierre. Pour moi, c’est l’endroit parfait pour aimer la solitude, toutes sortes de solitudes.»

Quels sont tes prochains projets, cette année, que ce soit sur un plan plus personnel ou sur un autre plus créatif?

«Quelque chose de vraiment cool s’en vient pour 2023! Je l’avais dit l’an dernier que je n’arrêtais jamais d’écrire, et cette tendance ne s’est pas essoufflée, même si je laisse maintenant de la place pour les périodes de travail éditorial.»

«Je ne veux pas trop en dire, histoire de laisser toute la lumière sur Quelques solitudes, mais disons qu’il est fort probable que j’aie plus d’une publication l’an prochain!»

«Je prépare aussi un voyage d’un mois en solo, à l’image de mon besoin d’être à la fois seule et de m’épanouir au contact des autres. Ça risque de m’inspirer!»

Pour découvrir nos précédentes chroniques «Dans la peau de…», visitez le labibleurbaine.com/nos-series/dans-la-peau-de.

*Cet article a été produit en collaboration avec les Éditions Hurtubise.

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