Top 10 des meilleurs films de 2016 selon nos fervents cinéphiles

7. «Son of Saul» de László Nemes (Métropole Films)

Suggestion d’Alexandre Beauparlant

Un long-métrage traitant de la Seconde Guerre mondiale, et plus précisément de l’Holocauste, on ne pourrait dire qu’il s’agit là d’une denrée rare. L’exploit demeure de ne pas s’y casser les dents, ce qui rend ce film de László Nemes (son premier en carrière) d’autant plus miraculeux. Sans jamais verser dans le sensationnalisme et la débauche graphique, la caméra, toujours ou presque braquée vers le visage de l’acteur Geza Rohrig, nous plonge dans ce qu’il serait convenu d’appeler un véritable enfer sur pellicule. Jusque-là, seule une poignée de documentaires – les plus renommés étant Nuit et Brouillard (1956) d’Alain Resnais et l’épique Shoah (1985) de Claude Lanzmann, qui dure 613 minutes – avaient pu ne serait-ce qu’effleurer une parcelle de l’horreur vécue au sein des camps d’extermination. Nemes parvient à s’en approcher un peu plus. Évidemment, on ressort dévasté de cette expérience cinématographique, avec en prime des images qui jamais plus ne nous quitteront. «Ouf, ça a l’air lourd tout ça», penserez-vous avec raison. Son of Saul n’en demeure pas moins un film exceptionnel, pour qui aura la témérité de s’y aventurer.

6. «Nocturnal Animals» de Tom Ford (Universal Pictures)

Suggestion d’Alyssia Duval

On n’aurait certainement jamais cru qu’un homme issu d’un milieu aussi féroce que celui de la mode puisse avoir la sensibilité nécessaire pour jouer les cinéastes, et pourtant… Quelques années après son poignant A Single Man (2009), voilà que Tom Ford, ce grand designer de renommée mondiale, récidive dans le septième art avec un somptueux thriller traitant de vengeance, de douleur, de regret, de violence et, surtout, de passion. Toujours parfait, Jake Gyllenhaal y interprète d’abord un écrivain tourmenté par une idylle passée, puis, parallèlement, le personnage principal du roman écrit par ce dernier: un homme inoffensif dont l’âme sera brisée à jamais lorsqu’une bande d’escrocs malveillants s’en prendront à sa famille. Jouissant d’un casting plus-que-parfait incluant aussi Amy Adams, Michael Shannon et Aaron Taylor-Johnson, Nocturnal Animals est d’une rare puissance, oscillant continuellement entre la froideur de la société mondaine et le bouillonnement des âmes ordinaires, le minimalisme d’une galerie d’art et la poussière d’un désert sauvage, la beauté fabriquée et celle du désespoir. [Lire notre critique]

5. «La La Land» de Damien Chazelle (Les Films Séville)

Suggestion d’Alexandre Beauparlant

Elle rêve d’être actrice, lui musicien. Leurs chemins se croisent à Los Angeles… et on connait la suite. À l’image de ses charmants protagonistes interprétés par Emma Stone et Ryan Gosling, La La Land déborde de chaleur et d’un enthousiasme on ne peut plus contagieux. Entre chansons douces-amères à fredonner et numéros dansants où l’on tape du pied, les mélomanes sont une fois de plus agréablement servis par Damien Chazelle, qui nous avait déjà percutés de Whiplash il y a deux ans. Hommage à une époque romantique révolue, tout en étant ancré dans l’impitoyable réalité des temps modernes, La La Land s’avère un film parfait pour les amoureux et les nostalgiques.

(Parenthèse personnelle: Je déteste les comédies musicales, et pourtant La La Land m’a coincé un sourire au visage durant plus d’une heure. À bon entendeur, salut!)

4. «The Handmaiden» de Park Chan-wook (Métropole Films)

Suggestion d’Alexandre Beauparlant

Un véritable bonbon lancé aux cinéphiles. Tu aimes les bonbons? Alors vois The Handmaiden. Tout y est exécuté avec un doigté digne des plus grands maîtres. Ça tombe bien, puisque Park Chan-wook en est un lui-même. Cette intrigue délicieusement tordue, remodelée grâce aux bons soins de notre réalisateur sud-coréen favori, est tirée d’un roman à saveur victorienne et ça se voit à l’écran. Que d’opulence, que de somptuosité! Les décors, les costumes, l’atmosphère! Tout ressemble à s’y méprendre à une toile mouvante. Les yeux se régalent et pour une rare fois, on regrette le non-usage du système «odorama», lequel aurait provoqué à coup sûr un sentiment d’extase complète. The Handmaiden est un pur délice pour les sens. [Lire notre critique]