«Mademoiselle» de Park Chan-wook – Bible urbaine

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«Mademoiselle» de Park Chan-wook

«Mademoiselle» de Park Chan-wook

Un grand retour, un grand film

Publié le 28 octobre 2016 par Alexandre Beauparlant

Crédit photo : www.facebook.com/handmaidenmovie

Ne tournons pas autour du pot: Park Chan-wook signe son meilleur long-métrage depuis Oldboy, rien de moins.

Si le film précédent du maître coréen, Stoker (2013), trébuchait en s’appuyant trop lourdement sur un script couci-couça, on ne peut que saluer le travail accompli par Chan-wook et le scénariste Jeong Seo-kyeong afin d’éviter que ce genre de lacune ne se répète à nouveau.

Librement inspiré du roman Fingersmith de Sarah Waters, Mademoiselle propose, en effet, une intrigue surprenante et tordue qui saura éveiller quelques jouissives sensations chez les amateurs de thriller. C’est garanti!

En Corée, durant la période de colonisation japonaise, un arnaqueur professionnel manigance le coup d’éclat destiné à faire de lui, enfin, un haut personnage de la société. Ses rêves d’abondance reposent sur les épaules de mademoiselle Hideko (Kim Min-hee), jeune héritière d’une fortune colossale. Séduire cette pauvre âme, arranger un mariage avec elle, puis la faire enfermer dans un asile: voilà l’abjecte manœuvre concoctée par notre escroc en chef. Hélas, la tâche ne s’annonce pas aisée.

D’abord, il faut tromper la vigilance de cet oncle ignoble tenant Hideko sous sa coupe. Amateur de livres rares et de sévices corporels, on lui prête également des intentions incestueuses envers sa nièce, appât du gain oblige.

Ensuite, il faudra gagner la confiance et l’affection de mademoiselle. Et c’est là qu’entre en scène Sook-hee (Kim Tae-ri), une complice engagée pour devenir la servante d’Hideko et la traiter aux petits oignons… tout en glissant insidieusement des mots doux destinés à faire pencher les sentiments de mademoiselle vers ce charlatan de comte. Or, voilà: le cœur d’Hideko chavire tel que prévu… pour Sook-hee. Problème majeur en vue!

Ce ne sera pas le dernier retournement de situation de ce récit qui en compte une pléthore et même davantage. Divisé en trois parties distinctes aux conclusions punchées et jubilatoires, Mademoiselle renferme aussi quantité de secrets… Pensons, par exemple, à une cave inquiétante au contenu maintenu sous couvert; à des séances privées de lecture un brin mystérieuses desquelles on ne peut deviner la perversité, au passé d’Hideko ou encore à des dupeurs dupés au point de ne plus savoir qui se joue de qui. Bref, on s’amuse!

Tout comme avec Stoker, nos yeux se régalent face aux riches compositions visuelles de Park Chan-wook, qu’il s’agisse d’un paysage champêtre d’un calme idyllique ou des intérieurs somptueux de l’opulent manoir où réside Hideko. Des tableaux mouvants dont on ne pourrait jamais assez recommander la contemplation.

Après tout, l’expérience sera d’autant plus satisfaisante pour quiconque conservera, tout au long des 144 minutes de ce long-métrage, un sens de l’observation aiguisé, le moindre menu détail (qu’il s’agisse de la couleur d’une cigarette ou d’un bruit en apparence anodin entendu par-delà un mur) ayant une importance significative venu le temps de coller ensemble tous les morceaux du casse-tête.

Ajoutons à cela une dose non négligeable de passions torrides et inspirées (les plus futés auront compris à quoi fait référence la cote 16 ans et plus), un duo impeccable d’actrices inspirantes, un peu de sadisme et de sang, quelques pointes d’humour et de légèreté (le film s’achève d’ailleurs sur une scène qui devrait en faire sourire plus d’un) pour obtenir une œuvre digne de nombreux éloges.

Un rendez-vous à ne pas manquer, pour tout cinéphile qui se respecte!

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