«King Dave» de Podz en ouverture du festival Fantasia 2016 – Bible urbaine

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«King Dave» de Podz en ouverture du festival Fantasia 2016

«King Dave» de Podz en ouverture du festival Fantasia 2016

Perdre sa vie à toute allure

Publié le 15 juillet 2016 par Sara Thibault

Crédit photo : Les Films Séville

En 2005, Alexandre Goyette marque le théâtre québécois en présentant son solo King Dave au Théâtre Prospero. Plus de dix ans plus tard, sa pièce est portée au cinéma par Daniel Grou (Podz).

King Dave raconte l’histoire de David, un douchebag qui voit sa vie lui échapper alors qu’il se retrouve impliqué malgré lui dans des histoires de vols et de gangs de rue. Sur fond de violence et de confiance brisée, Dave s’enfonce à force de prendre des mauvaises décisions et de faire des choix lamentables.

Si le jeu volontairement caricatural d’Alexandre Goyette freine parfois l’empathie que le spectateur pourrait avoir pour son personnage, il y a quelque chose de très touchant à constater la détresse d’un homme qui sent qu’il est en train de tout perdre. Les scènes les plus réussies du film sont justement celles où la fragilité du personnage se font le plus ressentir: on peut penser par exemple au moment où Dave se retrouve chez Isabelle (excellente Mylène Saint-Sauveur) pour boire un verre afin d’essayer d’oublier son ex, ou encore à la toute fin du film à la fois nuancée et très émouvante. La performance d’acteur qu’offre Goyette est tout de même colossale.

Le film consiste en un plan-séquence de 95 minutes, filmé dans une vingtaine de lieux à Montréal. Beaucoup de gens ont été mobilisés pour réaliser ce défi technique sur neuf kilomètres, presque entièrement tourné de nuit. On reconnaît là l’univers de Podz (Minuit le soir, 19-2, Miraculum) qui excelle à construire des ambiances glauques et inquiétantes. Si le procédé du plan-séquence a déjà été employé par plusieurs grands cinéastes, rarement son utilisation a été poussée aussi loin. Grou arrive de manière virtuose à intégrer une double narration (les actions de Dave en direct et ses commentaires critiques sur ce qu’il est en train de faire), des ellipses, des flashs-back… En voyant King Dave, on se rend compte que le plan-séquence de 13 minutes qu’il avait tourné pour la série télé 19-2 ne constituait qu’un mince aperçu de son talent de réalisateur.

Cette fois, le tournage impliquait des plateformes, une remorque, un kart de golf, le creusage d’une tranchée, la construction d’un mur destiné à brûler… Malgré tout, à aucun moment du film la technique ne l’emporte sur l’histoire tant le procédé sert le propos. Au tourbillon de pensées qui se bousculent dans la tête de Dave répond un flot visuel ininterrompu. Parmi les transitions les mieux réussies, mentionnons le flash-back où on voit Dave enfant (interprété par Élie Stuart) se faire intimider dans le métro sous le regard de Dave adulte, puis reprendre confiance en lui en se forgeant une carapace pour devenir son avatar «King Dave».

Si le synopsis laisse présager un film plutôt sombre, King Dave regorge de traits d’humour bien placés, autant dans la démesure de l’attitude de douchebag de David que lors de courtes interventions d’autres personnages comme la «vieille écolo» (Lise Roy) qui fait la morale aux ambulanciers en plein travail sur la quantité de déchets dans le parc.

La trame sonore composée par Milk & Bone participe également à l’ambiance à la fois nostalgique et angoissante du film. Encore une fois, le duo montréalais montre la grandeur de son talent et sa grande sensibilité artistique. On ne peut qu’espérer que le groupe collabore à nouveau pour à des oeuvres cinématographiques.

«King Dave» prendra l’affiche au cinéma dès aujourd’hui partout au Québec.

L'événement en photos

Par Yan Turcotte et www.facebook.com/LesFilmsSeville

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