«2 nuits jusqu'au matin» de Mikko Kuparinen – Bible urbaine

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«2 nuits jusqu’au matin» de Mikko Kuparinen

«2 nuits jusqu’au matin» de Mikko Kuparinen

2 solitudes en terre étrangère

Publié le 3 juillet 2016 par Rachel Bergeron-Cyr

Crédit photo : K-Films Amérique

Deux inconnus en Lituanie, dans un hôtel plus précisément - lieu anonyme par excellence - s’échangent quelques regards complices. L’un est un DJ finlandais, l’autre est une architecte française. Métaphore sur l’incommunicabilité à l’ère moderne, 2 nuits jusqu’au matin propose au spectateur un regard doux-amer sur les relations interpersonnelles.

Caroline et Jaako (Marie-José Croze et Mikko Nousiainen), passeront donc une soirée arrosée ensemble, ainsi que la nuit. Au matin, la première est fuyante, mal à l’aise. Clairement, elle a quelque chose à cacher. Un conjoint, on s’en doute bien. Le second est plus confiant, voire arrogant.

La rencontre fortuite de la veille s’envenime rapidement, peut-être un peu trop d’ailleurs. Si la chimie entre les deux acteurs est palpable, la dynamique qui s’installe entre leurs personnages prend des airs de chicane de vieux couple usé. Comment deux personnes qui viennent tout juste de se rencontrer peuvent à ce point connaître l’autre et se confronter sur leurs personnalités et leurs actions? À ce niveau, les dialogues semblent forcés.

Alors que Caroline s’apprête à prendre son vol de retour pour la France, un nuage de cendres créé par une éruption volcanique bloque le transport aérien. Caroline devra donc rester en terre européenne une nuit supplémentaire. Tendue, celle-ci devra jongler avec un hôtel affichant complet, un travail à terminer et un couple qui bat de l’aile.

Sans entrer dans les détails, quelques choix scénaristiques s’avèrent plutôt faibles et ne font guère avancer le récit ni les personnages. De belles scènes et une photographie lumineuse viennent rattraper l’ensemble, qui aurait tout de même gagné à ce qu’on voit moins les ficelles derrière la psychologie des personnages.

Est représentée ici l’omniprésence des outils de la communication moderne; téléphones intelligents, ordinateurs portables, Skype et le désarroi que procure une connexion WiFi défaillante. Seul élément «physique» pour ajouter à cet aspect de non-communicabilité, c’est le nuage de cendres qui bloque le trafic aérien et il parle de lui-même. Heureusement, le regard du réalisateur sur cette réalité n’est pas moralisateur ni pesant, comme on a pu le voir dans d’autres films ces dernières années.

L’idée est plutôt de démontrer qu’avec ou sans tous ces «outils» de communication, l’humain n’arrive pas plus à communiquer à cœur ouvert. Par manque d’ancrages, il s’emmure dans une solitude bien contrôlée, dans des relations sans attaches, ou encore, il se jette à corps perdu dans le travail.

Malgré les quelques faiblesses évoquées précédemment, 2 nuits jusqu’au matin n’est pas dénué de qualités. C’est un film sensible défendu par deux acteurs en possession de leurs moyens et qui, contrairement à leurs personnages, savent communiquer entre eux.

La fin, particulièrement réussie, clôt bien ce petit voyage européen efficace et sans prétention.

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Par K-Films Amérique

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