LittératureRomans québécois
Crédit photo : La Mèche
«On n’est jamais trop sur ses gardes. Particulièrement en cas de fin du monde»
Premier roman de la jeune auteure Catherine d’Anjou, maître en études littéraires à l’Université Laval, Le Plan, publié chez La Mèche, témoigne d’un désir précis et honnête de percer la personnalité excentrique d’un compulsif impulsif, probablement un brin maniaco-dépressif aussi, et sûrement bien d’autres choses qu’on ne nomme pas, qui s’est construit un bunker dans son placard à linges pour survivre à l’inévitable.
«Le jour fatidique, je ne manquerai de rien et j’assurerai ma propre survie. Mon Plan doit demeurer secret», partage le protagoniste, dont on apprend sur le tard qu’il se prénomme Baptiste. On ne sait pas trop d’où vient cet instinct de survie certes malsain ni d’où il sort avec ces grands airs, mais on est au moins sûr d’une chose: cet être asocial croit que l’humanité entière est dans le tort et que lui seul détient la Vérité.
Par moments, on a l’impression de croiser une version 2.0 de cet Étranger de Camus; à d’autres, on se sent en lévitation dans un univers kafkaïen où ce protagoniste singulier peut réellement nous surprendre à chaque détour; sauf qu’à l’instar du Château, roman inachevé de son auteur, on arrive vite à une finale avec bien des attentes, et bien peu de raisons de les combler. La faute étant principalement à ces trois parties centrales (L’avenue, L’institut, La chambre) qui marquent un changement de ton au niveau de la forme narrative de l’histoire, l’auteure s’intégrant graduellement à travers le récit comme si elle avait besoin de justifier un détail ou une conduite de son personnage, qu’elle a elle-même bien du mal à cerner.
On se perd donc dans les dédales d’un récit survivor qui aurait mérité d’exploiter davantage la fibre «sautée» de son personnage en toute absence de son créateur. La conclusion de ce récit est assez facile à deviner lorsqu’on réussit à prévoir l’imprévisibilité du personnage…
«Le Plan» de Catherine d’Anjou, Éditions La Mèche, 23,95 $.
L'avis
de la rédaction