LittératureBandes dessinées et romans graphiques
Crédit photo : Éditions Rackham
Rituels, troisième album du bédéiste espagnol Álvaro Ortiz, est un étrange mélange entre un récit mosaïque et un casse-tête glauque dont les dernières pièces nous causent un mal de tête sérieux. L’album, c’est une dizaine d’histoires hétérogènes au sujet d’obsessions et de dérives mentales, qui culminent en une finale qui laisse tiède.
L’auteur adore les contrastes, lesquels il utilise amplement tout au long de Rituels pour opposer un dessin doux, coloré et apaisant à des récits courts, baroques et parfois macabres. Siècles et récits sont mis en boîte grâce à cette mystérieuse statuette qui relie chaque petite finale dramatique aux autres, et dont on n’arrive pas trop à trouver une autre utilité. C’est pourquoi la seule conclusion à laquelle le lecteur arrive, c’est l’hypothèse d’une malédiction qui traverse les âges, un pauvre rappel d’une certaine bande dessinée trop connue (i.e. Tintin et les sept boules de cristal).
Malheureusement, à l’opposé de l’œuvre d’Hergé, on appréciera davantage le coup de crayon doux et rondouillard d’Ortiz que sa plume maigre et ses dialogues ordinaires, qui auraient pu davantage servir à propulser l’intrigue. On est loin d’une grande bande dessinée bien équilibrée.
Sans modération, Ortiz joue au jeu du malaise, surtout grâce à son talent graphique. Il s’éclate avec un style hétéroclite propre à lui. Ça dérange, ça jure, mais ça ne laisse personne indifférent. On aime ou on n’aime pas? Difficile à dire, parce que difficile à comprendre.
Mais est-on obligé de toujours tout comprendre?
L'avis
de la rédaction