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Crédit photo : Les Films Christal
Déchiré entre sa femme qui l’encourage à voter oui et sa fille qui pense complètement le contraire, et encouragé par un jeune stagiaire idéaliste, Steve Guibord part à la rencontre de ses électeurs dans son immense comté du nord du Québec. Et pour faire plus compliqué encore, la seule route qui traverse le comté est bloquée par les autochtones, qui protestent contre la surutilisation de leurs ressources naturelles.
Philippe Falardeau fait plusieurs clins d’œil dans ce premier scénario original depuis Congorama (2006), notamment en faisant de son personnage de premier ministre, interprété par Paul Doucet, une allusion directe à Stephen Harper. Quant au personnage du stagiaire idéaliste (Irdens Exantus), il est d’origine haïtienne, et il se prénomme Souverain! Une belle façon de contourner l’inévitable question de la souveraineté québécoise sans complètement l’ignorer. Grâce à Skype, Souverain explique à ses amis et à sa famille de Port-au-Prince comment fonctionne le système politique canadien et que devra faire Guibord pour prendre la bonne décision. Pour une fois, c’est le sud qui observe le nord, plutôt que l’inverse, dixit Philippe Falardeau.
C’est l’humoriste et comédien Patrick Huard qui incarne ce fameux Guibord, un ancien joueur de hockey devenu politicien «pour les bonnes raisons». Guibord est de ceux qui souhaitent réellement représenter l’opinion de la population, tout en cherchant à satisfaire les intérêts de tout un chacun. À ses côtés, la toujours très bonne Suzanne Clément (Laurence Anyways, Mommy) interprète sa femme, alors que Clémence Dufresne-Deslières (Avant que mon coeur bascule) joue le rôle de Lune, la fille de Guibord. Mentionnons au passage Robin Aubert, Micheline Lanctôt et surtout la très drôle Sonia Cordeau (Les Appendices) dans son rôle de journaliste tenace.
On retrouve bien dans Guibord s’en va-t-en guerre le style et l’humour du Philippe Falardeau qui nous avait également donné notamment La moitié gauche du frigo. Falardeau a également fait appel à son collègue Stéphane Lafleur (Tu dors Nicole), qui a collaboré à la réécriture de certaines versions du scénario. On retrouve également dans Guibord l’amour de Falardeau pour les grands espaces, ici illustrés grâce à de superbes plans aériens de l’Abitibi, région où a été tourné le film.
Sans toucher autant que Monsieur Lazhar (les scènes plus émotives sont d’ailleurs les plus faibles et inutiles du scénario), Guibord s’en va-t-en guerre a tout pour charmer et surtout pour dérider le public, tel qu’il l’a déjà fait partout où il est passé, notamment au Festival de Locarno, où il a été présenté en première mondiale.
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