«The Reflektor Tapes», les fragments esthétiques d'Arcade Fire – Bible urbaine

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«The Reflektor Tapes», les fragments esthétiques d’Arcade Fire

«The Reflektor Tapes», les fragments esthétiques d’Arcade Fire

L'avant et l'après «Reflektor»

Publié le 18 septembre 2015 par Morgane De Capèle

Crédit photo : Extrait du film «The Reflektor Tapes»

Il s’en est passé des choses dans la vie d’Arcade Fire ces deux dernières années. Un disque sonique, une tournée monstre et au bout, The Reflektor Tapes, cette pièce vidéo détonante présentée hier soir au Théâtre Rialto par Arcade Fire eux-même.

«Ce ne sera pas un documentaire traditionnel», prévient Régine Chassagne avant la projection. Effectivement. The Reflektor Tapes, réalisé par Kahlil Joseph, celui qui s’est déjà brillamment illustré avec pour muses FKA Twigs, Kendrick Lamar et Flying Lotus, est un grand saut pour ce cinéaste d’ores et déjà prometteur. Il signe ici une production hybride, entre vidéoclip, carnet de route, documentaire et pièce d’art non recommandée pour personnes sujettes à l’épilepsie.

Rapidement et soudainement, les premières images du concert à la Salsathèque en septembre 2013 envahissent et se mettent à résonner fort. «Ah oui ça va être ça!», souffle ma voisine. Pendant ces 1h15 synthétisant le processus Reflektor, Kahlil Joseph servira beaucoup d’images, beaucoup de sons, beaucoup de lumières, beaucoup… trop ? Assez en tout cas pour se sentir sonné à la fin de la projection.

Le film est dense, compact, on y voit Arcade Fire revenir sur les faits marquant de cette période forte artistiquement et personnellement, qui les a fait «devenir un meilleur groupe depuis The Suburbs» assure Win dans les rares commentaires en voix off. Les images sont ciselées, superposées et collées, des versions studios ou live des morceaux du dernier album y sont apposées, cela donne un napperon d’images flirtant avec une pièce d’art.

«Une des racines profondes de l’esthétique d’Arcade Fire et d’essayer d’ignorer le monde et de produire de l’art avec les gens autour de nous», peut-on discerner des explications du leader. Voilà ce que ce film montre. Les images nous baladent entre les stades et l’intimité d’un studio, en Jamaïque et en Haïti, dans des coulisses et dans des pièces non identifiées. Pas de mise en abyme donc. Joseph livre des images formidables, documente avec brio le parcours Reflektor, des premiers spectacles lumineux de la Salsathèque en septembre 2013 aux concerts haïtiens, pendant le carnaval, en passant par Londres et Los Angeles.

The Reflektor Tapes, c’est aussi la chance de découvrir une version de «My Body is In Cage» menée par Régine et Win, a capella sur la côte haïtienne, une session entre la chanteuse et des percussionnistes haïtiens, deux singles écartés de l’album («Get Right» et «Crucified Again») et quelques autres moments suspendus.

The Reflektor Tapes synthétise la bulle Arcade Fire, entre voyage, folie des grandeurs, multiculturalisme, rythmique, mystères et affranchissement, l’image d’un couple passionné, libre et mégalo. Un beau ramdam qui, finalement, en dira peu.

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