MusiqueL'épopée musicale de
Crédit photo : Tous droits réservés @ Page Facebook de Gogol Bordello
7. Voi-La Intruder (1999)
Voici un album que la plupart des fans ont découvert sur le tard, et ce, après avoir entendu leurs efforts subséquents. Et je ne crois pas qu’il soit devenu le favori des mélomanes! Moins punk, on sent l’intention, mais le groupe n’avait pas encore trouvé son ton. Avec une production presque absente, moins de guitare électrique, un son plus gitan que punk, il y avait certes place à l’amélioration.
Néanmoins, on y retrouve plusieurs bonnes chansons, ou devrais-je dire, plusieurs bonnes idées. «Sacred Darling» et «Unvisible Zedd» sont particulièrement accrocheuses, mais on sent qu’avec un peu plus de travail et une meilleure production, elles auraient pu être excellentes. «Against the Nature» est sans doute celle avec le plus de potentiel, mais elle n’arrive jamais à s’élever à la hauteur des autres pièces que le groupe nous a livrées jusqu’alors.
«Start Wearing Purple» est rapidement devenue la chanson signature du groupe, mais la version enregistrée pour Gypsy Punks: Underdog World Strike quelques années plus tard est bien meilleure. En fait, il serait intéressant d’entendre une version réenregistrée complète de Voi-La Intruder, maintenant que le groupe a perfectionné son style.
En somme, c’est une œuvre agréable, mais pas essentielle. Sauf pour les collectionneurs complétistes.
6. Pura Vida Conspiracy (2013)
D’emblée, je tiens à préciser que la différence de qualité entre Voi-La Intruder et les six premières entrées de cette liste est immense. Si ce dernier était un choix évident pour la dernière place, les numéros 3 à 6 sont pratiquement interchangeables.
Ce qui a valu à Pura Vida Conspiracy la sixième place de ce palmarès vis-à-vis les deux autres, c’est qu’on n’y trouve pas de chansons marquantes. C’est un très bon album dans l’ensemble, et il s’écoute très bien du début à la fin, mais rien ne se démarque. C’est linéaire, ce qui est surprenant au vu du style éclectique de Gogol Bordello.
On y retrouve quelques nouvelles sonorités intéressantes, par exemple une certaine influence de musique mexicaine et de country, mais rien qui change drastiquement le son du groupe.
5. Seekers and Finders (2017)
Il s’agit sans doute de l’opus le plus nuancé du groupe. On y retrouve toujours les rythmes effrénés, l’humour de Hütz, et le mélange de punk et de musique traditionnelle, mais pour la première fois, on compte plusieurs chansons plus calmes et introspectives. Et au final, ce sont les plus intéressantes de l’album.
On a toujours su que le groupe savait faire danser, et il continue de le faire sur de très bons morceaux comme «Did It All» ou «Saboteur Blues». Toutefois, les chansons plus calmes comme «Seekers and Finders», chantée en duo avec Regina Spektor, et «Clearvoyance», constituent les moments marquants de l’album. La crème du lot est sans doute «If I Ever Get Home Before Dark», probablement l’une des meilleures de Gogol Bordello.
Après deux efforts solides, mais qui répétaient la formule éprouvée, il fallait que le groupe réussisse à surprendre un peu. En ponctuant Seekers and Finders de titres plus doux, ils y sont finalement parvenus.
Et leur plus belle réussite, c’est ce que ces chansons gardent quand même l’identité punk gitane du groupe, même si elles sont moins énergiques.
4. Trans-Continental Hustle (2010)
Produit par Rick Rubin, il s’agit du premier effort de Gogol Bordello sur une étiquette de disque majeure. On ne peut pas les accuser d’avoir vendu leur âme en signant sur American Recordings ni accuser Rubin d’avoir voulu changer quoique ce soit à une formule gagnante.
Trans-Continental Hustle est une suite logique à Super Taranta! En fait, «Pala Tute» et «Immigraniada (We Comin’ Rougher)» faisaient partie des concerts du groupe depuis quelques années déjà. Et c’est sans doute la plus grande déception qui émane de l’album: ça manque de surprises. Le groupe a fait l’ajout de sonorités brésiliennes, nouvelle terre d’accueil de Hütz, mais c’est à peu près tout.
Il n’y a pas vraiment de mauvais moments; il y en a même des excellents. Cependant, rien ne bat les meilleures pièces des albums précédents.
3. Super Taranta! (2007)
Après s’être fait un certain nom avec Gypsy Punks: Underdog World Strike deux ans plus tôt, il y avait pour la première fois une attente envers Gogol Bordello pour leur prochain opus.
Encore une fois, le son si particulier du groupe et son énergie débordante sont au rendez-vous sur ce nouvel arrivage. On y retrouve trois des titres les plus populaires de la formation: «Wonderlust King», «American Wedding» et «Ultimate». «Alcohol» est deveneu un incontournable en concert, alors que «Tribal Connection» est l’une de leurs meilleures pièces.
Le disque, dans son ensemble, est toutefois moins consistant que son prédécesseur. En contrepartie, c’est une œuvre plus mélodique et nuancée. Le groupe ne se gêne pas pour piger dans tous les styles, et plus que jamais on entend l’influence de The Clash et Mano Negra, deux autres artistes qui n’aimaient pas se limiter à un genre particulier.
2. Multi Kontra Culti vs. Irony (2002)
Après la sortie de Voi-La Intruder, Gogol Bordello s’est embarqué dans une première vraie tournée. C’est sur les planches qu’ils ont trouvé leur son, et en entrant en studio pour enregistrer leur deuxième opus, ils savaient exactement où ils s’en allaient.
Beaucoup plus punk que leur premier effort, ils ne diluent pas pour autant leurs influences gitanes. Le côté plus rock n’est qu’une addition à leur son et ils n’ont pas besoin de rien soustraire. On a plutôt l’impression que leur premier disque aurait également dû sonner de cette façon.
Aussi, Eugene Hütz a pris du gallon en tant que compositeur, et les chansons offertes ici sont plus étoffées. Du lot, «When the Trickster Starts A-Poking», «Through the Roof ‘n’ Underground» et, surtout, la très carabinée «Punk Rock Parranda», sont particulièrement réussies.
1. Gypsy Punks: Underdog World Strike (2005)
C’est le meilleur album du groupe et du répertoire punk gitan en général. Il faut dire qu’il n’y a pas une légion d’artistes pratiquant ce style, mais Gogol Bordello en sont sans aucun doute les têtes d’affiche.
Quinze morceaux, une heure de musique «dans ta face» qui donne envie de chanter, de danser, de trasher et de taper du pied et des mains. Dans le genre, on ne peut demander mieux. C’est un melting pot sublime de punk et de musique traditionnelle gitanes et d’Europe de l’Est, avec des influences folk, dub, ska et reggae, et mêmes quelques accents de heavy metal et de flamenco.
Pour un groupe comme Gogol Bordello, qui est à son meilleur en concert, il peut être parfois difficile de recréer le dynamisme qu’ils dégagent sur scène dans une production studio. Sur Gypsy Punks: Underdog World Strike, ils réussissent ce tour de force. La plupart des pièces sont d’ailleurs devenues des incontournables de leurs setlists.
Parmi les meilleurs moments, notons «Avenue B», «Undestructable» et l’excellente «Sally», qui donne le ton dès le début, et la tout aussi géniale «Mishto!», qui clôt le tout de belle manière.