«Dans la peau de…» Claude Vaillancourt, auteur engagé socialement et politiquement – Bible urbaine

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«Dans la peau de…» Claude Vaillancourt, auteur engagé socialement et politiquement

«Dans la peau de…» Claude Vaillancourt, auteur engagé socialement et politiquement

Un road novel inspiré par la bataille du mont Blair

Publié le 20 août 2021 par Mathilde Recly

Crédit photo : Geneviève Landry

Chaque semaine, tous les vendredis, Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou à un artisan de la culture afin d’en connaître un peu plus sur la personne interviewée et de permettre au lecteur d’être dans sa peau, l’espace d’un instant. Aujourd’hui, nous avons jasé avec l'auteur Claude Vaillancourt, dont le roman historique Frères insoumis paraîtra le 25 août aux Éditions Druide. Laissez-vous porter par son récit de la bataille du mont Blair, qui a eu lieu en 1921 aux États-Unis pour lutter contre les injustices sociales!

Claude, on te connaît notamment comme écrivain, essayiste et musicien. On est curieux de savoir: d’où t’est venue la piqûre pour la littérature?

«Je l’ai subie très tôt dans mon enfance, avant même de savoir lire, de mes parents qui me racontaient des histoires. J’ai toujours voulu écrire des livres. Un livre, peu importe lequel, a toujours été pour moi un objet précieux, d’une valeur inestimable…»

«Je n’ai jamais cessé de dévorer des livres en grande quantité. En écrire me semblait une suite naturelle à cette activité. Est-ce que j’y parviendrais? Cette question m’a hanté pendant des années… jusqu’à la publication de mon premier livre.»

Outre ton engagement pour la justice sociale qui se traduit à travers tes écrits – y compris tes essais et tes articles en lien avec divers enjeux sociaux –, tu occupes les fonctions de président de l’organisation altermondialiste ATTAC-Québec (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne). Qu’est-ce qui t’anime particulièrement dans ces différentes formes d’engagement social et politique?

«Je me suis longtemps posé la question: Comment se fait-il qu’il y ait tant d’argent dans le monde, et si peu pour ce qui compte vraiment: la santé, l’éducation, la culture? J’ai voulu aller à la source du problème, comprendre pourquoi l’argent est si mal distribué, ce que m’a permis ma participation à ATTAC-Québec.»

«Mais comprendre n’est pas suffisant et les inégalités sociales ne cessent de croître. La bataille pour la justice sociale demande beaucoup de patience, de courage et d’énergie. C’est d’ailleurs ce que je raconte, indirectement, dans mon roman, même si les temps ont beaucoup changé.»

Ce 25 août, ton nouveau livre Frères insoumis paraîtra aux Éditions Druide. Dans ce roman historique, on suit les aventures de deux frères québécois exilés aux États-Unis après avoir pris part à de violentes émeutes contre la conscription dans les rues de Québec en 1918. Au cours de leur périple, ils assistent aux révoltes contre les injustices sociales qui éclatent chez nos voisins du Sud. Comment est née l’inspiration, et qu’est-ce qui t’a donné envie de revenir sur ce passage marquant de l’Histoire américaine?

«L’idée m’est venue il y a très longtemps après avoir vu le film Matewan de John Sayles. J’ai voulu en savoir un peu plus sur les événements racontés. J’ai alors découvert un épisode aussi étonnant que captivant: la bataille du mont Blair, un affrontement armé entre 10 000 mineurs en grève et 3 000 miliciens au service des compagnies minières.»

«C’est une histoire de violence, de trahison, d’exploitation outrancière et de lutte pour la dignité, et qui touche bien d’autres aspects encore. Un sujet en or pour moi! En plus, ces événements sont peu connus, même des historiens. Ils méritaient vraiment d’être racontés. D’autant plus qu’on fête maintenant leur centième anniversaire.»

Claude-Vaillancourt_roman_Frères-insoumis

Afin d’être le plus réaliste possible, tu t’es plongé dans le travail de l’historien Jean Provencher et dans les articles de journaux de l’époque, en plus de te laisser inspirer par les plumes d’Émile Zola et de Mario Vargas Llosa. Peux-tu nous parler un peu plus de ton travail de recherche documentaire en vue de l’écriture de ton livre?

«Je me suis plongé dans les quelques livres qui racontent la bataille du mont Blair. Je crois avoir tout lu à ce sujet! J’ai aussi compulsé de nombreux témoignages sur la vie des ouvriers dans les manufactures de coton en Nouvelle-Angleterre, où se déroule un épisode important du roman.»

«Je me suis déplacé pour mieux connaître les lieux où l’action se situe. J’ai fait un voyage en Virginie occidentale (aujourd’hui, comme à l’époque, minée par la grande pauvreté de sa population). J’ai vu ce qu’on peut voir encore des lieux de la bataille. J’ai aussi exploré la ville de Lowell et visité ses musées… J’avais l’impression que mon roman ne serait pas aussi crédible si je ne faisais pas le même parcours que mes personnages. Une expérience passionnante à mes yeux!»

Si tu avais carte blanche et que tout était possible, avec quel.le écrivain.e – ou historien.ne – encore en vie ou décédé.e aimerais-tu échanger le temps d’un bon souper, et de quoi parleriez-vous ensemble?

«J’aimerais rencontrer Mario Vargas Llosa, justement. Mais je m’engueulerais copieusement avec lui! Autant j’admire ses romans, autant je ne partage pas ses idées politiques (par ailleurs contredites dans ses propres romans). Ce serait décidément une drôle de rencontre, une riche confrontation, je crois…»

Pour découvrir nos précédentes chroniques «Dans la peau de…», visitez le labibleurbaine.com/nos-series/dans-la-peau-de.

*Cet article a été produit en collaboration avec les Éditions Druide.

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