«Dans la peau de…» Jeanne Painchaud, autrice de l'album jeunesse Mon été haïku – Bible urbaine

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«Dans la peau de…» Jeanne Painchaud, autrice de l’album jeunesse Mon été haïku

«Dans la peau de…» Jeanne Painchaud, autrice de l’album jeunesse Mon été haïku

Initier les enfants à l'art des petits poèmes japonais

Publié le 25 juin 2021 par Mathilde Recly

Crédit photo : Jeremy Bobrow

Chaque semaine, tous les vendredis, Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou à un artisan de la culture afin d’en connaître un peu plus sur la personne interviewée et de permettre au lecteur d’être dans sa peau, l’espace d’un instant. Aujourd’hui, nous avons jasé avec l'autrice Jeanne Painchaud, dont l'album jeunesse illustré Mon été haïku est paru le 26 mai dernier aux Éditions Druide. Découvrez son univers rempli de petits poèmes d'inspiration japonaise, accompagnés des illustrations de Chloloula!

Jeanne, on sait que tu as déjà publié 2 albums jeunesse et 5 recueils de haïku. On est curieux de savoir: d’où t’est venue la piqûre pour l’écriture?

«D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé écrire. En 4e année de primaire, j’ai eu une prof de français que j’adorais, et en plus, elle avait le même prénom que moi. Chaque semaine, elle nous faisait écrire des “compositions françaises”. C’était l’expression, à l’époque!»

«Elle m’a dit à la fin de l’année que j’avais de la “graine d’écrivain” et que je devrais poursuivre dans cette voie. Je me suis toujours souvenue de son conseil!»

En tant que passionnée de haïku, tu as également donné une «multitude d’ateliers d’initiation au petit poème à des clientèles très variées, notamment en milieu scolaire, et réalisé de nombreux projets pour le faire connaître (expos, activités participatives, parcours poétiques sur les trottoirs, etc.)» Qu’aimes-tu particulièrement dans le fait de partager cette passion aux autres?

«D’abord et avant tout, je dirais que ça rend heureux. Mais je me suis rendu compte au fil des ans que partager sa passion, c’est aussi une façon de l’approfondir. Il faut sans cesse adapter ce qu’on va montrer, puisque ce ne sont jamais les mêmes personnes à qui on s’adresse. Dans mon cas, ce sont des participants d’ateliers de tous les âges et de tous les horizons.»

«Il faut répondre aux questions de l’un et de l’autre, questions auxquelles je n’avais parfois jamais pensé auparavant. Pour ce qui est des “projets haïku”, ça a été très amusant d’imaginer un dispositif à chaque fois nouveau pour diffuser les petits poèmes dans l’espace public, que ce soit dans les cases d’une immense marelle, sur une forme d’origami qui se gonfle en trois dimensions et qui a l’air d’une lanterne, etc.»

Le 26 mai dernier, ton album jeunesse illustré, Mon été haïku, est paru aux Éditions Druide. On y suit les aventures de Thomas, 10 ans, et Billie, 7 ans, dont la voisine poète – qui n’a pas tellement de temps à leur consacrer, en fait – les initie «bien malgré elle» à l’art du haïku. D’où t’est venue l’inspiration pour cette histoire, et qu’as-tu voulu mettre en lumière à travers ce livre?

«Je voulais “partager ma passion” pour le haïku, cette fois grâce à un album jeunesse illustré que n’importe qui pourrait se procurer. Mais je ne voulais pas écrire de manuel qui exposerait les différentes règles du petit poème. Il en existe déjà, et ce n’est pas trop mon genre.»

«Tout à coup (eurêka!), l’idée a surgi: celle d’écrire une histoire avec les personnages attachants d’une poète et de deux enfants qui passent l’été en ville. Au fil du récit, les enfants apprennent à écrire des haïkus, et cela leur permet d’exprimer les émotions qu’ils traversent au cours de l’histoire. Il y a des instants joyeux, et d’autres plus tristes… qui se transformeront en haïkus.»

«Et comme il est important de lire beaucoup de haïkus pour arriver à l’apprivoiser, j’ai pensé “saupoudrer” dans le livre des haïkus de maîtres japonais, des haïkus de poètes québécois et canadiens-français, et aussi quelques haïkus de “poètes en herbe” (des enfants à qui j’ai déjà donné des ateliers d’écriture). On a évidemment demandé toutes les autorisations aux personnes concernées avant de les publier. Et mine de rien, c’est une première: il n’y a jamais eu d’anthologie de haïkus publiée au Québec destinée d’abord et avant tout aux jeunes du primaire.»

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Ton texte est accompagné des illustrations de Chloé Germain-Thérien, alias Chloloula. Dans quel contexte avez-vous été amenées à collaborer, et qu’aimes-tu particulièrement de sa signature artistique? On aimerait aussi savoir en quoi tu penses que ses dessins vont toucher les jeunes lecteurs!

«Chloé est une artiste très talentueuse, qui explore sans cesse différents styles et techniques. Elle a beaucoup d’imagination, mais aussi une grande écoute. C’est mon éditrice qui l’a contactée, et nous nous sommes donné rendez-vous toutes les trois au Salon du livre de Montréal, histoire de discuter du projet.»

«Durant notre rencontre, j’avais l’impression que Chloé me scrutait d’un regard assez intense, mais je ne comprenais pas trop pourquoi. J’ai compris quand j’ai vu les dessins du personnage de la poète: ses traits ressemblent étrangement au mien! C’est ce que tous mes proches me disent, en tout cas.»

«Chloé a su insuffler à l’histoire une atmosphère à la fois chaude et réconfortante, et son coup de pinceau assuré donne vie aux personnages et à leurs projets, bien au-delà de ce que j’aurais pu imaginer.»

Si tu avais l’occasion de profiter d’un bon repas avec un grand maître japonais du haïku que tu as toujours admiré, encore en vie ou décédé, qui choisirais-tu et de quoi parleriez-vous ensemble le temps d’une soirée?

«Je passerais sûrement une journée formidable avec Issa Kobayashi (1763-1828), un des quatre maîtres du haïku au Japon avec Bashō Matsuo, Buson Yosa et Masaoka Shiki. Je nous imagine tous les deux, discutant de haïku toute la journée en nous promenant dans des jardins de mousse, à l’ombre des cerisiers et des ginkgos, entre deux lampées de saké!»

«Même s’il a traversé beaucoup de malheurs dans sa vie, Issa avait beaucoup d’humour, mais aussi de la compassion. Le regard qu’il porte sur la vie et sur sa société est toujours juste. Dans sa pratique du haïku, il a cherché à rompre avec une certaine tradition. On dit qu’au cours de sa vie, il aurait écrit plus de 20 000 haïkus!»

«En voici deux que j’aime particulièrement, traduits par Maurice Coyaud dans Fourmis sans ombre, Le Livre du haïku (Phébus, 1999). Issa pourrait me les chuchoter à l’oreille, pour clore notre délicieuse promenade, sur fond d’un splendide coucher du soleil sur la mer:

Du nez du Grand Bouddha

S’envole

l’hirondelle

 

Les montagnes lointaines

se reflètent dans les prunelles

de la libellule»

Pour découvrir nos précédentes chroniques «Dans la peau de…», visitez le labibleurbaine.com/nos-series/dans-la-peau-de.

*Cet article a été produit en collaboration avec les Éditions Druide.

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