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Crédit photo : Travis Ross
«Le spectacle s’est construit un peu grâce à la pandémie, dans un sens. C’est clair qu’un projet comme celui-ci ne me serait pas nécessairement venu à l’esprit si, par exemple, j’avais été sur la route en train de faire des spectacles en salle.» – Rayannah
En effet, c’est lorsque l’auteure-compositrice-interprète a réalisé qu’elle allait être prise chez elle pendant un bon bout de temps que les idées ont commencé à germer dans son esprit. «Je me suis demandé comment je pourrais créer quelque chose que je n’aurais jamais eu la chance de faire dans un autre contexte.»
C’est alors qu’elle a décidé d’intégrer plusieurs nouveaux éléments cinétiques et multidisciplinaires à son projet afin de rendre le tout encore plus dynamique en webdiffusion.
Enregistré en direct du Théâtre Cercle Molière au cœur de Saint-Boniface au Manitoba, Les derniers reflets promet d’être un spectacle à la fois immersif et interactif, en plus d’être une expérience hors du commun. L’artiste visuelle Stéphanie Kuse, les danseurs Emily Solstice et Stephan Azulay, la contorsionniste Anastasia Evsigneeva, l’artiste drag Ruby Chopstix, ainsi que l’éclairagiste et scénographe Miguel Fortier, ont tous joint cette nouvelle version du projet.
Et tous, ils ont contribué à rendre vivant le monde unique que Rayannah a construit à travers sa jeune mais prolifique carrière.
En effet, il était important pour celle-ci d’imaginer la nouvelle version du spectacle avec les gens qui avaient contribué à l’élaboration de l’univers de son premier album, Nos repaires (2019): «Ce spectacle est vraiment un amalgame de plusieurs artistes qui ont participé, de près ou de loin, au cycle de mon dernier album. Par exemple, le spectacle regroupe des danseurs qui avaient déjà dansé dans mes clips ou avec moi sur scène. La projectionniste Stéphanie Kuse, que j’adore, a déjà tourné avec moi à maintes reprises, etc. Ce spectacle est un peu comme la manifestation physique de tout le processus créatif entourant mon album.»
Une affaire de famille et l’apport de précieux collaborateurs
À l’occasion du spectacle, l’auteure-compositrice-interprète performera pour la première fois avec sa sœur Caro Laflamme, une artiste visuelle et musicienne dans la vie. Leur collaboration a été très spontanée et naturelle, et Rayannah a d’ailleurs très hâte de dévoiler le fruit de leur labeur. «Ma sœur et moi sommes vraiment proches! Cependant, étant toutes les deux des musiciennes qui partent toujours en tournée, on n’a pas eu l’occasion de passer énormément de temps ensemble ces dernières années. La pandémie a eu ça de positif: on a enfin pu passer du temps de qualité ensemble!»
Et elle ajoute: «Après avoir constaté que tous mes musiciens n’étaient pas basés à Winnipeg, j’ai réalisé que la solution se trouvait juste devant moi. Elle a accepté de monter le projet avec moi, et ç’a été vraiment une expérience cool. Honnêtement, c’est vraiment fou quand on chante ensemble, je n’en reviens pas! C’est comme si on était en stéréo; nos voix sont tellement en symbiose! Les deux, on a sursauté quand on a commencé à pratiquer!», renchérit-elle avec beaucoup d’enthousiasme.
Concrétiser un univers musical à l’aide d’une scénographie évocatrice
Celles et ceux qui sont familiers avec le travail de Rayannah ne seront pas surpris de reconnaître l’approche pluridisciplinaire au sein du spectacle. De fait, l’aspect visuel occupe une place majeure dans sa signature artistique. Ses clips sont toujours bien exécutés, avec un mélange parfait de projections, d’effets de lumière et de chorégraphies qui viennent ajouter une nouvelle dimension riche à ses chansons.
«Étant donné que je ne suis pas scénographe ou artiste visuelle de métier, j’ai l’impression qu’il y a comme une liberté rattachée à mon inexpérience, puisque j’approche le tout de façon un peu plus naïve. J’ai l’impression qu’à travers les images, je sors les éléments physiques de mon art, et c’est très important pour moi de mettre en scène cette physicalité rattachée à la musique.»
Cette importance d’exprimer son univers musical à travers plusieurs médiums visuels est omniprésente dans sa démarche artistique, en partie parce qu’elle est aussi véritablement passionnée par une foule de disciplines variées. Bien sûr, Rayannah aime la musique par-dessus tout, mais elle n’exclut jamais l’idée de s’exprimer à travers différents médiums. «Le multidisciplinaire m’a toujours plu. Je suis une musicienne, mais mon petit secret, c’est que, en fait, j’adore le cirque, le théâtre, être en arrière-scène dans une grosse production, et j’aime aussi l’idée de travailler sur plusieurs éléments différents en même temps. J’ai comme un secret thrill lorsque je travaille avec d’autres médiums, alors, je me donne plein d’opportunités pour travailler dans ce type de milieu, parce que je tripe vraiment beaucoup!»
Une nouvelle version qui s’adapte au contexte
En raison de la crise sanitaire actuelle, elle a dû annuler à deux reprises son spectacle, et la deuxième fois, ce n’était même pas une semaine avant la représentation, ce qui a été une pilule plus difficile à avaler pour elle. «J’ai vraiment l’impression que ce spectacle est le fruit de plusieurs deuils suivi par des renouvellements. En automne dernier, toutes les représentations étaient complètes, et j’avais prévu des trucs vraiment cool pour rendre le spectacle immersif et one of a kind. J’ai eu de la difficulté à lâcher prise, mais c’était la bonne chose à faire pour la sécurité de tous, et je suis vraiment contente du résultat que nous avons réussi à obtenir aujourd’hui.»
Toujours optimiste et consciente de la chance qu’elle a d’avoir l’opportunité de le présenter sous une nouvelle forme, Rayannah est, malgré les montagnes russes d’émotions, très fière du projet final. «Le fait de ne pas avoir de public en salle m’a vraiment brisé le cœur, mais d’un autre côté, ça nous a permis de créer une expérience vraiment différente. La caméra va voyager à travers l’espace et nous donner des images qui sont tellement intimes et qui vont transparaître d’une façon inédite. Le public va avoir accès à une proximité qui n’aurait jamais être possible en salle, ce qui est vraiment cool. Ça va aussi permettre aux gens qui ne sont pas de Winnipeg de vivre le spectacle avec nous. On a franchi la ligne d’arrivée, enfin!»