«Hitchcock» de Sacha Gervasi: la caméra mise en doute – Bible urbaine

CinémaCritiques de films

«Hitchcock» de Sacha Gervasi: la caméra mise en doute

«Hitchcock» de Sacha Gervasi: la caméra mise en doute

Publié le 12 décembre 2012 par Jim Chartrand

Cinéphiles, soyez choyés puisque Hitchcock est d’abord et avant tout un film pour vous, bourré de références et de clins d’œil où chaque détail est le résultat d’une confirmation d’un amour évident pour le septième art. Comme quoi à défaut d’être bien des choses, ce sympathique biopic est d’abord et avant tout fort agréable.

Après avoir livré le documentaire acclamé Anvil: the story of Anvil, il n’est pas surprenant que Sacha Gervasi ait choisi la fiction biographique comme nouveau projet. Toutefois, belle audace et beau défi que de s’être tourné vers l’une des personnalités marquantes du cinéma, en plus de s’intéresser plus précisément à la création d’un de ses plus beaux chefs-d’œuvre, soit Hitchcock et son intemporel Psycho.

Ainsi, il y aurait eu bien des façons d’aborder le sujet, le coloré personnage étant aussi mythique que sa filmographie, et on se verrait d’ailleurs mal reprocher au cinéaste d’avoir voulu tout essayer. Le film se frotte autant au biopic conventionnel qu’à la comédie burlesque, en passant par le suspense psychologique (le côté dérangé de tout bon génie qui se respecte!), que le mélodrame romantique, en plus d’autres détours non négligeables. S’il ne se concentre jamais entièrement sur un seul genre, il a néanmoins le mérite de démontrer une aisance singulière à chacun d’entre eux, en plus de se montrer habile à livrer une fluidité nécessaire en glissant de l’un à l’autre.

Du coup, le long-métrage glisse avec maîtrise derrière la caméra du film jusqu’aux déboires amoureux de Hitchcock, sa passion pour ses stars et sa femme délaissée, qui persiste à demeurer fièrement à ses côtés. Bien sûr, on parle des pannes d’inspiration du maître et son sens inné pour la mise en marché, en plus des contraintes du code Hayes, mais on en ressort avec l’impression de tout frôler sans nécessairement s’y enfoncer. De cette façon, le film se permet de demeurer d’une belle accessibilité en se frottant grandement sans jamais trop se piquer.

Alors qu’une plus grande audace aurait été mieux accueillie dans d’autres contextes, cela marche toutefois fort bien ici. Notamment parce que les qualités artistiques sont bien défendues (amusante trame sonore de Danny Elfman et magnifique direction photo de Jeff Cronenweth, grand habitué des joyaux cinématographiques de David Fincher) et surtout parce que la distribution de haut calibre est plus en forme que jamais. S’il est indéniable qu’Anthony Hopkins livre une exceptionnelle personnification du maître du suspense sous sa couche de latex et de maquillage, et que les nombreux Toni Collette, Michael Stuhlbarg, Danny Huston, Jessica Biel, James D’arcy et autres Scarlett Johansson (resplendissante, cela dit, en Janet Leigh), c’est sans contredit Helen Mirren qui se retrouve avec le plus beau rôle, défendant avec la conviction et la force de jeu qu’on lui connaît tout le tonus nécessaire qu’Alma Reville, femme du génie, pouvait bien représenter.

Si on n’est pas toujours certain de toute la véracité derrière ce que l’on apprend sur Psycho, ses créateurs et tout ce qui l’entoure, on appréciera grandement le traitement fort cinématographique du sujet, éloignant le tout de bien d’autres conventions et dévoilant au final un film coquin qui régalera encore mieux les fins connaisseurs, tout en offrant suffisamment de contenu pour les autres. Et c’est pour le plus grand bonheur du spectateur, qui sera certainement émerveillé devant la plus belle mise en abyme de l’histoire du cinéma.

Le film Hitchcock est présentement à l’affiche en version originale anglaise et sortira dans certaines salles en version française dès le vendredi 14 décembre 2012.

Appréciation: ***½

Crédit photo: www.screenslam.com

Écrit par: Jim Chartrand

Vos commentaires

Revenir au début