Cat Power au Métropolis: de chair et de sang – Bible urbaine

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Cat Power au Métropolis: de chair et de sang

Cat Power au Métropolis: de chair et de sang

Publié le 20 octobre 2012 par Annabelle Moreau

Il y a longtemps que Montréal souhaitait son retour, comme son dernier album remontait à 2008, Cat Power a été plutôt rare dans les dernières années. Mais hier soir, devant un Métropolis plein à craquer, l’Américaine n’a pas su se faire pardonner son absence et a livré une performance contrastée, mais qui finalement lui ressemble.

Cat Power a amorcé la soirée en interprétant quelques-unes des mélodies de son nouvel opus, Sun, arrivé chez les disquaires en septembre dernier. La tension était palpable, et le son, pas toujours à la hauteur, surtout que l’Américaine avait fait languir un peu trop ceux qui étaient venus l’entendre par ce vendredi soir pluvieux.

Toute de noir vêtue, la crête blonde, et le maquillage épais, Cat Power semblait étrangement absente par moment, et ses quatre musiciens semblaient forgés dans même métal mi-liquide, mi-solide. Malgré tout, la voix chancelante et dramatique de la chanteuse a réussi à faire son chemin, alors que la prestation s’installait peu à peu.

Ces contretemps n’ont pas empêché le groupe d’enchaîner pendant un peu plus de 90 minutes (on en aurait pris plus), quelques-uns des succès de la chanteuse qui ont enfin réussi à émouvoir le public avide de retrouver l’interprète des jours moins heureux. Malgré tout, le courant ne passait pas vraiment, et la prestation contrastée n’a pas su leur donner pleinement confiance dans le talent d’interprète de la chanteuse. Surtout que malgré les applaudissement nourris, Cat Power n’est pas revenue sur scène pour un rappel.

Ceux qui n’ont pu apprécier pleinement la performance de l’artiste pouvaient cependant se rabattre sur la mise en scène: des projections énigmatiques et un éclairage chaque fois différent et vaporeux, ce qui enveloppait le tout dans un brouillard aussi épais que la torpeur de Cat Power et des spectateurs rassemblés.

En fait, ce concert était à l’image de la chanteuse: énigmatique. C’est vrai que l’on aurait pu s’attendre à un spectacle plus «professionnel» et «rôdé», vu les nombreuses années de métier de Cat Power, qui a fêté en 2012 son 40e anniversaire, et dont le premier album Dear Sir date tout de même de 1995.

Mais non, à l’instar de son personnage troublé et troublant, Chan Marshall a offert à ses admirateurs une performance inégale, avec des moments forts et intenses, et des passages à vide et des déceptions. Ce qui n’est pas pour déplaire à certains, qui au contraire ont apprécié la soirée d’hier malgré ses hauts et ses bas, ses discordances et ses coups de gueule. Les artistes ne sont pas des machines, après tout, ce sont des êtres de chair et de sang, inégaux et contrastés. Et Cat Power en est la preuve vivante et chantante.

Appréciation: ***

Crédit photo: www.catpowermusic.com

Critique: Sun (Matador, 2012)

Il faut plusieurs écoutes pour que l’oreille s’y fasse: c’est bien Cat Power qui nous revient avec du matériel original après une absence de 6 ans. Jukebox, c’était en 2008, et avant lui, The Greatest en 2006; deux albums de reprises. Fabuleux, il faut le remarquer, mais on aimerait tout de même que la chanteuse se fasse un peu moins silencieuse.

L’Américaine nous avait habitués aux mélodies plus que minimalistes et à son timbre de voix dramatique à souhait, reconnaissable entre mille. Sun présente onze chansons aussi disparates que le cri du cœur de l’interprète est puissant. Ceux qui appréciaient la simplicité de ses paroles et mélodies pourraient être plus que surpris, mais l’oreille s’y fait lentement, mais sûrement.

Les premières pièces de l’album rayonnent («Sun» et «3, 6, 9») et nous font croire que Chan Marshall a renoué avec la lumière, mais plus on avance, et le côté sombre de la chanteuse refait surface, toute sa mélancolie et souffrance, brisent la fragile façade. Du grand Cat Power.

Appréciation: ****

Écrit par: Annabelle Moreau

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