«Intouchables» de René Richard Cyr au Théâtre du Rideau Vert – Bible urbaine

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«Intouchables» de René Richard Cyr au Théâtre du Rideau Vert

«Intouchables» de René Richard Cyr au Théâtre du Rideau Vert

Le rire comme remède à tous les maux

Publié le 27 mars 2015 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : François Laplante Delagrave

Le pari était risqué pour René Richard Cyr de s’attaquer au film français le plus populaire des dernières années, celui qui a le plus été vu hors de la France, et de vouloir en créer une adaptation théâtrale qui connaîtrait autant de succès chez nous. Heureusement, le brillant travail d’adaptation d’Emmanuel Reichenbach, en collaboration avec Cyr, a permis de voir sur la scène du Théâtre du Rideau Vert un tout autre duo que les protagonistes du cinéma. En reconstruisant plutôt qu’en reconstituant, ça n’est pas le film d’Éric Toledano et Olivier Nakache qui est présenté devant spectateurs, mais bien un récit original avec, on a l’impression, encore plus d’humour, celui qui guérit tous les maux.

Comment ne pas penser au film de 2011 en se rendant au Théâtre du Rideau Vert… Et pourtant, l’œuvre cinématographique a complètement quitté notre esprit au sortir de la salle, tant l’œuvre présentée par René Richard Cyr s’en détache. Bien sûr, l’acteur effilé qu’est Omar Sy a été remplacé par le costaud Antoine Bertrand; les banlieues de Paris par les quartiers plus démunis de Montréal; bien sûr, on ne peut recréer au théâtre tout ce que le budget du cinéma permet d’offrir, mais au-delà de tout ça, c’est une véritable appropriation de l’œuvre qui a été faite par l’équipe québécoise, et le tout est tout aussi crédible, sinon plus – pour nous, du moins.

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Il est même remarquable de constater à quel point ils ont réussi à faire beaucoup avec peu, même si tous les personnages n’ont pas été représentés sur scène et que les sorties à l’extérieur, comme les courses en voiture, n’étaient pas possibles. L’essentiel des éléments de cette magnifique histoire d’amitié entre un riche tétraplégique et un pauvre – intellectuellement et monétairement – garçon des quartiers moins aisés qui devient son aide-soignant à domicile a bien été saisi et livré, même si en condensé.

Mais il ne faut pas se faire de cachettes: de nombreux raccourcis ont été utilisés, allant même jusqu’à intégrer plusieurs scènes du film en une seule dans la pièce, permettant d’en couper plusieurs. Cela donne parfois des résultats intéressants, comme le clin d’œil à cette fameuse scène cinématographique où l’aide-soignant coiffe et rase Philippe (Luc Guérin) en lui laissant une petite moustache comme Hitler, reprise au théâtre en lui mettant du crémage de beignet sur la lèvre supérieure, pour le taquiner. Par contre, ça n’est pas toujours heureux, et on a souvent l’impression de passer à côté de certains éléments.

C’est qu’en fusionnant autant d’éléments de l’histoire, qui normalement ne sont pas au même niveau chronologiquement, et en en coupant d’autres, il est difficile de bien suivre la progression de l’histoire, autant dans les relations entre Philippe et Louis (Antoine Bertrand) que dans celle entre Louis et la belle Magalie (Marie-Evelyne Baribeau), assistante de Philippe, que l’aide-soignant ne détesterait pas avoir dans son lit. L’évolution de ce qui est au départ presque du mépris et du dégoût, vers une franche camaraderie et un attachement profond, n’est pas assez marquée et manque de finesse. Philippe et Louis se sont-ils réellement influencés mutuellement au contact l’un de l’autre? Outre les vêtements de Louis qui se raffinent au fil de la pièce, il n’y a pas là non plus d’évolution concrète, et on reste dans le superficiel.

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