Dès le 9 mai, le Rideau Vert présente «Traces d’étoiles», un ping-pong poétique qui révèle les paradoxes de l’être humain – Bible urbaine

ThéâtreEntrevues

Dès le 9 mai, le Rideau Vert présente «Traces d’étoiles», un ping-pong poétique qui révèle les paradoxes de l’être humain

Dès le 9 mai, le Rideau Vert présente «Traces d’étoiles», un ping-pong poétique qui révèle les paradoxes de l’être humain

Une métaphore remplie d’humanité et d’humour

Publié le 1 mai 2023 par Mathilde Recly

Crédit photo : Tous droits réservés @ Théâtre du Rideau Vert

Du 9 mai au 10 juin, la pièce «Traces d’étoiles» de Cindy Lou Johnson sera jouée sur les planches du Théâtre du Rideau Vert. Traduite en français par Maryse Warda et mise en scène par Pierre Bernard, celle-ci nous plonge au cœur d'une tempête de neige incontrôlable dans le Grand Nord où on assiste à une rencontre improbable entre deux personnages, Rosannah Deluce et Henry Harry, qui vont être amenés à s’apprivoiser et à se révéler l’un à l’autre. Pour en savoir plus, nous avons échangé avec la lumineuse et éloquente Mylène Mackay qui incarne Rosannah sur scène.

«L’écriture est à la fois acérée et délicate, incisive et poétique, mordante et bouleversante. On se laisse porter par le rythme des mots comme un ping-pong et on arrive à un état intérieur qui est celui des personnages.» – Mylène Mackay, comédienne

Quand les blessures de l’âme révèlent aussi sa lumière

Dehors, c’est la tempête. Et, sans comprendre réellement ce qu’elle traverse, Rosannah vit aussi une tornade d’émotions à l’intérieur: elle a quitté précipitamment son mariage dans la chaleur aride de l’Arizona avant de conduire pendant plusieurs jours vers l’Alaska où la neige et le vent font rage.

«Elle arrive dans un white-out, c’est-à-dire un moment où la tempête est tellement forte qu’elle ne voit plus rien», explique Mylène. «Elle va voir un peu de lumière et trouver une maison qui est celle de Henry Harry [incarné par Maxim Gaudette, NDLR]. Ça va être un choc brutal, cette rencontre entre ces deux êtres que rien ne prédestinait à se rencontrer.»

Car, disons-le, Rosannah et Henry n’ont à première vue pas grand-chose en commun. Mais à bien y regarder, ils ont pourtant des similitudes si on s’attarde sur le moment qu’ils traversent dans leur vie. «Tous les deux ne veulent pas se rappeler de quelque chose qu’ils tentent d’enterrer. Ils ont gelé leurs sentiments, mais avec leur rencontre, ces souvenirs vont refaire surface et ils n’auront pas le choix de parler, car ils sont coincés dans un huis clos.»

«Avec ces deux personnages qui sont complètement imprévisibles, le défi est de passer au travers de ce voyage émotionnel qu’ils vivent, à la fois éprouvant et lumineux, tout en étant teinté d’humour.»

Traces-d-etoiles_repetitions_Mylene-Mackay

La comédienne Mylène Mackay qui incarne Rosannah Deluce. Photo: François Laplante Delagrave.

Une expérience renouvelée pour Mylène Mackay et Pierre Bernard 

Pour ceux qui l’ignoraient, la collaboration entre Pierre Bernard et Mylène Mackay sur Traces d’étoiles ne date pas d’hier. En effet, elle avait déjà travaillé avec lui sur cette pièce lors de sa première année à l’École nationale de théâtre du Canada, il y a quinze ans.

La seule différence est qu’à l’époque, elle se partageait le rôle de Rosannah avec les autres filles de sa cohorte, tandis que maintenant, elle incarne le personnage du début à la fin. «Ce qui est nouveau pour moi, c’est d’avoir le souffle de la jouer en entier, d’arriver dans cet état de panique et de vivre le choc de la rencontre avec Henry Harry jusqu’au bout», confie-t-elle. «Parce que, du moment où la pièce commence, on ne peut pas reprendre notre souffle une minute et on est dans un huis clos ensemble pendant une heure et demie.»

Et, pour avoir déjà travaillé avec Pierre Bernard, Mylène Mackay est ravie de le retrouver sur ce projet. «C’est à la fois un grand metteur en scène, mais aussi un très bon directeur d’acteurs. C’est quelqu’un qui comprend absolument le rythme, le texte, la ponctuation, et qui – je l’apprécie énormément –, nous amène à jouer dans un québécois soutenu pour mettre en lumière une langue qu’il veut belle, précise, magnifique. Il a un souci du détail, puisqu’il s’assure toujours du bien-être des comédiens, et ce, dans chaque geste, chaque mot; il dirige avec beaucoup de sensibilité.»

Traces-d-etoiles_metteur-en-scene_Pierre-Bernard

Le metteur en scène Pierre Bernard en répétitions. Photo: François Laplante Delagrave.

Soyez soufflés par l’étonnante scénographie

Dans les coulisses, l’équipe de concepteurs travaille également fort pour contribuer à faire vivre une belle expérience théâtrale au public. «Le décor [réalisé par Daniel Castonguay, NDLR] est complètement incliné sur huit pieds, donc ça donne vraiment l’impression d’être dans une pièce de Boris Vian ou de Van Gogh, s’amuse Mylène. «C’est un petit bunker en bois avec une toute petite fenêtre qui laisse passer un peu de lumière. Mais déjà, dans l’inclinaison et la façon dont les objets sont inclinés, on parle de l’état intérieur des personnages.»

«Avec le plancher en pente de huit pieds, le décor tout incliné nous fait découvrir nos mollets et nos abdominaux d’une façon assez hallucinante. On peut dire qu’on travaille extrêmement forts à être debout sur le décor, et c’est déjà un exercice : on n’a plus besoin de s’entraîner!»

Autre fait intéressant, le concepteur son et musicien Simon Léoza est allé capter le son du vent au Yukon pour avoir une authentique tempête du Nord à diffuser lors des représentations. «C’est vraiment quelqu’un qui crée un univers sonore incroyable. À travers sa musique, il nous amène dans cet essoufflement, ce sentiment qu’il est impossible de sortir dehors, et c’est vraiment une ambiance sonore magnifique!»

Traces-d-etoiles_repetitions_Rideau-Vert

Mylène Mackay (Rosannah) et Maxim Gaudette (Henry) en train de répéter. Photo: François Laplante Delagrave.

Des rapports humains en résonance avec notre époque

Enfin, il semblerait que Traces d’étoiles, qui parle du besoin de connexion humaine, résonne différemment ces temps-ci. «Le personnage d’Henry Harry, dans sa position d’ermite, se sent asocial. Sa rencontre avec Rosannah représente quelque chose de très difficile pour lui du fait qu’il faut resocialiser», explicite Mylène, qui voit ici un parallèle intéressant avec ce que l’on vit ou ce qu’on a pu récemment vivre en temps d’après pandémie.

Et pour elle qui a joué la pièce à deux moments de vie différents, elle constate la nouvelle dimension que prend la pièce aujourd’hui. «On est des êtres grégaires, on a tous besoin de l’autre. Dans notre monde avec tous les écrans, les réseaux sociaux et ce qui nous empêche d’aller vers une réelle connexion humaine, je trouve que cette pièce met en lumière le fait d’aller vers l’autre. Ça nous aide à briser ce mur qui peut exister, et je trouve que c’est vraiment important ce que ça envoie comme message», conclut-elle avec beaucoup de sagesse.

Pour vivre un moment de théâtre à la fois drôle, poétique et rythmé, procurez-vous sans tarder vos places pour Traces d’étoiles, qui sera jouée au Théâtre du Rideau Vert du 9 mai au 10 juin 2023!

Nos recommandations :

Vos commentaires

Revenir au début