ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Andrée Lanthier
Le Théâtre Centaur célèbre dignement, avec cette production, le début de sa 50e saison, un demi-siècle de flair et de bons coups, qu’ils souligneront avec une année plutôt solide. Dans Choir Boy, on s’intéresse au destin de cinq étudiants de l’école préparatoire Charles R. Drew, qui sont aussi membres de la chorale et qui ne vivent pas ensemble dans l’harmonie la plus totale.
Steven (Pharus Jonathan Young), le meneur de la troupe, est homosexuel et plutôt flamboyant, et a du mal à se faire accepter par Bobby (Patrick Abellard, qu’on a vu dans La chute de l’empire américain); les autres choristes doivent vivre avec cette rivalité, qui prend une telle ampleur que l’intervention du directeur (le très autoritaire Quincy Armorer) est nécessaire.
Jusqu’à ce qu’un personnage mentionne au passage la santé mentale de Kanye West, on aurait pu se croire à n’importe quelle époque, tant les uniformes scolaires – et l’histoire elle-même – sont intemporels. Les numéros musicaux sont nombreux, mais sont interprétés avec tellement de conviction et de talent par les comédiens, tous impeccables, qu’on se surprend à être ému à de nombreuses reprises.
Il y a surtout, derrière les inévitables petites querelles des adultes en devenir, une réelle réflexion sur la tolérance et un parallèle que peu osent faire entre les droits des minorités ethniques, et ceux de la communauté LGBTQ+, qui est pourtant fréquemment stigmatisée au sein de certaines autres communautés.
Avec l’intervention d’un professeur âgé (le vétéran de la scène Paul Rainville) que les élèves sous-estiment, mais qui s’avère avoir beaucoup plus d’expérience qu’eux en matière de discrimination, McCraney nous prend par surprise et transcende encore davantage cette histoire déjà grandiose, rythmée par les harmonies gospel et R&B, en faisant un détour par les origines du genre, qui remonte à la triste époque de l’esclavagisme.
C’est donc une rare occasion de voir l’œuvre de Tarell Alvin McCraney avant son passage sur Broadway, présentée ici dans une mise en scène sensible et efficace de Mike Payette, qui nous rappelle que l’homophobie est encore bien ancrée dans notre société, même si elle est absente de notre entourage immédiat.
«Choir Boy» de Tarell Alvin McCraney en 21 photos
Par Andrée Lanthier
L'avis
de la rédaction