«La chute de l'empire américain» de Denys Arcand – Bible urbaine

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«La chute de l’empire américain» de Denys Arcand

«La chute de l’empire américain» de Denys Arcand

Le retour en force d'un cinéaste hors pair

Publié le 29 juin 2018 par Mathilde Renaud

Crédit photo : www.filmsseville.com

Le réalisateur des prodigieux films Le déclin de l'empire américain et Les invasions barbares est de retour quatre années après sa dernière oeuvre, Le règne de la beauté. Avec une brochette d'acteurs assez époustouflante, mettant en vedette le jeune Alexandre Landry et la séduisante et attachante Maripier Morin, La chute de l'empire américain mérite qu'on y accorde un petit deux heures de notre temps. Vous ne serez pas déçus!

Pierre-Paul (Alexandre Landry), 36 ans et docteur en philosophie, mène une existence tranquille, remplie de réflexions sur le sens de la vie et de l’argent. Il aime aider ceux qui sont dans le besoin et n’a pas de très grande expérience avec les femmes. Il est employé d’une compagnie de livraison et, lorsqu’un braquage tourne mal et fait deux morts, Pierre-Paul fait face à deux immenses sacs de sport qui sont remplis de billets.

Après une courte hésitation, il décide de prendre l’argent. Lorsque la police arrive sur les lieux, Pierre-Paul se voit obligé de mentir et s’engage ainsi dans une course-poursuite où tous voudront retrouver l’argent.Il n’aura pas d’autre choix que de demander de l’aide à un ex-motard (Rémy Girard) qui l’aidera dans sa fuite et fera appel à Aspasie (Maripier Morin), l’escorte la plus chère de Montréal.

Dans La chute de l’empire américain, Denys Arcand nous offre un scénario puissant, intelligent et engagé. Les réflexions des différents personnages face à l’argent et à la pauvreté sont des questionnements modernes que tous les êtres humains devraient se poser. Pierre-Paul vole cet argent, mais son seul et unique désir, c’est de s’en servir afin d’aider les gens. Il transmet cet altruisme à ceux qui l’entourent et, à sa façon, il rend le monde meilleur.

Certaines répliques sont destinées à Trump, aux États-Unis et à nos gouvernements, et ces moments font sourire facilement. Le seul petit défaut: la fiscalité est un sujet très important dans la production, et même si tout est expliqué, il peut parfois être facile de s’y perdre si nous n’avons pas une très grande connaissance en la matière. L’oeuvre demeure tout de même très accessible, car il y a beaucoup plus que des débats sur le monde fiscal. Il y a des observations sur la justice, la pauvreté, l’argent et l’amour, pour ne nommer que ceux-ci.

L’autre grande force de la dernière création d’Arcand se situe au niveau des personnages et de leurs différents interprètes. La plus grande surprise, c’est bien sûr Maripier Morin, qui apparaît pour la première fois dans une fiction sur grand écran. En plus, elle possède l’un des rôles les plus importants du récit! Certains d’entre vous sont sceptiques? Même si dans certains de ses dialogues le texte appris par coeur se fait sentir, il n’en demeure pas moins que l’ancienne vedette d’Occupation double éblouit le spectateur par sa beauté et son naturel. Alexandre Landry incarne le rôle du protagoniste avec talent et stupéfaction. En dehors de l’écran, ces deux jeunes révélations font preuve d’une grande complicité, et celle-ci se retrouve présente à plusieurs moments importants de l’oeuvre, amplifiant ainsi la profondeur des personnages.

Un élément frappant en lien avec l’esthétique sonore de l’oeuvre, c’est la présence résonnante de nombreux sons en lien avec l’argent. À de nombreux moments, Pierre-Paul donne quelques sous à des itinérants, et le son des pièces résonne dans nos oreilles, nous obligeant à donner une importance non seulement à l’argent, mais aussi au sort qui peut être réservé aux sans-abris. Arcand lui-même a confirmé que sa conceptrice sonore a en effet travaillé sur des sons bien précis qui auront un effet chez le spectateur.

Maripier Morin et Denys Arcand: une rencontre inattendue

Le 19 juin dernier se déroulait la première internationale du film. Juste avant la projection, nous avons eu la chance de nous entretenir avec les acteurs principaux, de même que Denys Arcand.

Pendant les échanges, le réalisateur nous a appris qu’il avait rencontré Maripier Morin par hasard, ne sachant pas précisément qui elle était (eh non, il ne regardait pas Occupation double!) Il était porte-parole lors de la Coupe Rogers et, pendant une rencontre avec les médias, Maripier Morin s’est trouvée face à lui. Morin étant face au soleil, Arcand a pu remarquer la lumière qui passait dans ses yeux et il s’est dit que cette femme serait incroyable au cinéma, sur grand écran (d’ailleurs, la scène où Morin va demander un service à Pierre Curzi est inspirée de ce moment de leur rencontre). 

Autre petite anecdote: l’affiche du film est inspirée d’une affiche italienne du film Le déclin de l’empire américain, qui utilisait la statue de la Liberté. L’idée italienne est revenue pour réaliser l’affiche de La chute de l’empire américain, mais cette fois, elle tient une arme dans une main et fait flamber de l’argent dans l’autre. Message aux Américains? Peut-être bien…

Pour terminer, Denys Arcand signe une oeuvre qui figurera très certainement dans ses meilleurs titres. Il confirme, encore une fois, qu’il est un grand cinéaste d’expérience et qu’il a encore quelque chose à montrer et, surtout, qu’il possède un message à faire passer.

«La chute de l'empire américain» en photos

Par www.filmsseville.com

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