ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Maxime Paré-Fortin
On se retrouve immergés dans le quotidien troublé de quatre personnages qui partagent souvent les mêmes hantises, qui pourraient en fait être différentes voix intérieures du même individu. Ce n’est pas précisé, et surtout, ce n’est pas important. À chacun son petit Sisyphe.
Progressant laborieusement à pied sur un tapis de petites roches, les personnages ont des tics physiques, semblent plongés au plus profond d’une crise, et nous expriment leurs petites obsessions.
On retrouve beaucoup d’humour dans cet extraordinaire texte qui aborde des enjeux préoccupants de santé mentale, de solitude, d’anxiété et d’isolement. Un texte qui, notamment, ne pose aucun jugement sur ses protagonistes maganés et leurs petites obsessions et inquiétudes.
Le niveau d’énergie et d’intensité passe de zéro à 100 en quelques secondes, dès le départ, alors que Philippe Boutin scande son texte en se frottant les mains sur ses pantalons. Il est suivi d’Élisabeth Smith, de Papy Maurice Mbwiti et d’Amélie Dallaire, qui interprètent des personnages à divers stades de leur détresse, l’esprit constamment en ébullition, la mine toujours un peu surprise qu’une saison soit déjà là, et le gosier assez sec pour rêver d’une source d’eau inépuisable.
L’impression que nos journées sont un éternel recommencement et que le rocher que nous portons sur nos épaules est de plus en plus lourd est un luxe souvent réservé aux gens qui ont le temps de s’arrêter pour penser, et notre quatuor de personnages semble ici avoir assez de temps libre pour philosopher, noter des idées et s’inquiéter d’une intrusion du monde extérieur dans leur petit quotidien rangé.
Il y a dans cette crainte irrationnelle un peu de la caverne de Platon, cette isolation qui a ressurgi pendant la pandémie pour faire régresser nos aptitudes sociales et prêter aux étrangers des caractéristiques hostiles et inquiétantes qui, bien souvent, sont seulement le fruit de notre imagination.
Une fois réunis autour d’une table, nourris par un gâteau transporté avec style par Papy, les personnages constatent que la présence d’un autre humain dans leur quotidien isolé peut agir comme un baume. Une conclusion fascinante au chaos anxiogène, un repos bien mérité pour ces individus bellement écorchés.
La pièce «Cette colline n’est jamais vraiment silencieuse» en images
Par Maxime Paré-Fortin
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