Théâtre
Crédit photo : Tous droits réservés (en couverture: 4.48 Psychose, au Théâtre La Chapelle)
10. «Quills», Usine C, du 16 mars au 9 avril 2016
Déjà, le fait que cette pièce soit une co-mise en scène de Robert Lepage et qu’il fait aussi partie de la distribution a de quoi attirer l’attention. Mais si en plus elle s’intéresse aux personnages réels qu’ont été le Marquis de Sade et Napoléon 1er, tout en ajoutant en thématiques la liberté d’expression et la censure, il ne fait aucun doute qu’elle est d’un grand intérêt.
Imaginant les derniers jours du Marquis de Sade (Lepage), alors qu’il est séquestré à l’asile de Charenton tout en continuant à publier ses fameux récits érotiques et tabous, Quills s’attarde aussi à la réception des écrits de Sade par Napoléon 1er, en posant la question «Jusqu’où peut-on aller pour faire taire un discours qu’on juge dérangeant?».
Encore d’actualité dans une certaine mesure, alors que certaines formes de censure sont encore très présentes dans plusieurs milieux, la pièce suscitera forcément quelque controverse, comme elle l’a toujours fait depuis que Doug Wright l’a écrite, et comme c’est toujours le cas lorsqu’il est question de liberté d’expression.
Texte de Doug Wright, mise en scène de Robert Lepage et Jean-Pierre Cloutier.
11. «Pillow Talk», Centaur Theatre, du 29 mars au 24 avril 2016
Dulcinea Langfelder est une artiste multidisciplinaire originaire de New York, mais ayant joué un rôle dans l’histoire de la compagnie de théâtre québécoise Omnibus. Aussi à l’aise en théâtre qu’en danse, en chant et en mime, l’artiste a développé pendant un temps son expertise à Montréal, et il sera donc fascinant de la voir y faire un retour pour dévoiler, en première mondiale, sa nouvelle création : un essai sur les rêves.
Quoi de plus artistique que les rêves? Là où tout est possible et qu’aucune barrière de jugement, de règlements ou d’influences ne vient freiner nos désirs et envies de grandeur, tout le monde a la capacité de créer de véritables histoires rocambolesques ou irréelles, et dans cet autre monde, nous sommes tous les créateurs de notre propre destin. C’est donc au rêve que Langfelder s’intéresse dans Pillow Talk, cette pièce qui nous transporte en apesanteur, dans cet état entre le sommeil et la conscience.
Dans ce pays surréel du rêve, la créatrice nous invite dans l’intimité de son imagination, là où érotisme, drôleries et récits tantôt fascinants, tantôt poignants se côtoient. À mon avis, elle risque aussi surtout de nous démontrer à quel point elle est encore une créatrice inventive qui sort des sentiers battus, encore capable de danser, de jouer, et de porter à bout de bras une création originale en solo.
Texte et interprétation de Dulcinea Langfelder.
12. «Trainspotting», Théâtre Prospero, du 26 avril au 14 mai 2016
Adaptation du classique d’Irvine Welsh, lui-même rendu célèbre au cinéma par Danny Boyle et ses interprètes, dont un jeune Ewan McGregor, Trainspotting pose un regard critique sur la déchéance de jeunes aux prises avec des problèmes de consommation de drogue. Audacieux dans la programmation du Prospero, le spectacle a été traduit par Wajdi Mouawad et Martin Bowman, et semble avoir été tout à fait adapté à la réalité des gangs de jeunes du Québec, même si l’action demeure en Écosse. Il sera donc des plus intéressants de voir cette relecture qui saura assurément mieux nous interpeller encore que le récit original.
Présentée en 2013 au théâtre 1er Acte à Québec avec la même distribution (Lucien Ratio, Claude Breton-Potvin, Charles-Étienne Beaulne et Jean-Pierre Cloutier), la pièce met en scène le personnage de Mark Renton et sa bande d’amis – presque comme des frères -, en banlieue d’Édimbourg, qui sont tous aux prises avec un problème de dépendance. Le spectacle ne pourra évidemment que faire réagir à nouveau, en tentant de démontrer ce qui peut pousser certaines personnes à s’endormir et à s’hypnotiser pour rendre leur vie plus supportable.
Texte de Irvine Welsh, traduction de Wajdi Mouawad et Martin Bowman, mise en scène de Marie-Hélène Gendreau.