«The Cabin in the Woods» de Drew Goddard: s'y aventurer avec bonheur – Bible urbaine

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«The Cabin in the Woods» de Drew Goddard: s’y aventurer avec bonheur

«The Cabin in the Woods» de Drew Goddard: s’y aventurer avec bonheur

Publié le 9 avril 2012 par Jim Chartrand

Cette semaine, c’est vendredi 13, bref, l’occasion idéale d’ouvrir la voie à un film qui ne pourra probablement pas changer la face du cinéma d’horreur, mais bien en redéfinir une bonne partie, un peu comme Scream l’avait fait à l’époque. Wes Craven aurait-il enfin trouvé des successeurs dignes de ce nom?

Ils sont cinq, ils sont jeunes et ils ont tous un avenir prometteur devant eux. Une bonne journée, ils décident de passer un week-end dans une cabane éloignée dans les bois appartenant à un cousin. Sachant que c’est un film d’horreur, déjà après avoir demandé des indications à un vieillard louche habitant sa station d’essence abandonnée, on se doute bien de ce qui va se passer par la suite… ou, est-ce qu’on peut vraiment l’imaginer?

Basant la promotion du film sur d’alléchantes taglines à la “You think you know the story”, The Cabin in the Woods promet d’avance de jouer sur nos appréhensions et de transformer le prévisible en véritable partie de plaisir. Qu’on ne se trompe pas, ce sera ici un méta-slasher et de loin le plus amusant depuis longtemps, si l’on oublie que Wes Craven nous a surpris avec l’inespéré mais remarquable quatrième opus de sa franchise Scream.

Parce que le genre horrifique stagne depuis des années sinon des décennies, l’heure semble à la réinvention des mythes fondateurs ou de leur base même. Alors que certains préfèrent se tourner vers l’exagération et favoriser une idéologie du “much is better” (cette folie d’amplifier le dégueu, la torture, l’hémoglobine, bref, vous voyez le topo), d’autres semblent garder foi en l’idée que “less may be best”. Du coup, si l’on ne manque pas de satisfaire les nouvelles générations, on prend plus de temps à peaufiner le scénario et à doubler le plaisir de la chair à quelque chose d’un peu plus intellectuel, d’un peu plus recherché. C’est dans cette perspective qu’on a vu apparaître des noms fort prometteurs tels que Ti West (et ses ingénieux The House of the Devil et The Innkeepers, avec un bon goût d’antan), Aharon Keshales et Navot Papushado (qui ont à la fois offert le premier film d’horreur israélien, mais également l’un des plus ingénieux et scénaristiquement déstabilisant film d’horreur des dernières années), Eli Craig (et son décapant Tucker and Dale vs Evil) et également les immanquables Henry Joost et Ariel Schulman (qui pourraient bien avoir livré le meilleur opus de la franchise Paranormal Activity que l’on croyait ruinée à jamais).

Le film de Drew Goddard, coproduit et coscénarisé par le visionnaire Joss Whedon, qui doit d’ailleurs livrer son immensément attendu The Avengers dans les semaines à venir, va plus loin. Dès le départ, il alterne des séquences qui détonnent, nous menant dans l’envers du décor, touchant du coup à la manipulation du réel, de quoi envoyer The Hunger Games au coin par une réflexion beaucoup plus cruelle, crue et imaginative. En dévoiler davantage briserait le but premier de ce long-métrage, soit les effets de surprise alimentant le plaisir du spectateur, mais qu’importe, autant le dire tout de suite, ce film est un must. Brillant et bouillant d’un intérêt constant au fur et à mesure qu’il avance, il se permet de reconsidérer et de remettre en cause près d’une centaine de tics et de codes se faufilant dans la majorité des films d’horreur existants que tous savent déjà par cœur.

Construit comme un labyrinthe ou un film dont on n’est pas vraiment le héros mais bien le roi, on reconnaît immédiatement la plume du scénariste de Cloverfield dans son désir de transformer le long-métrage en plaisir de l’immédiat, s’appuyant sur des codes prédéfinis d’un genre pour le réinventer et le doter d’un souffle nouveau qu’on n’imaginait pas possible. Les moments ingénieux et les citations qu’on veut placarder sur son mur se multiplient à la vitesse de l’éclair et le rire ainsi que la satisfaction dominent. S’assurant de cette manière d’être bien plus qu’une simple succession de sketchs ou d’une bonne idée qui s’essouffle, à l’aide d’une distribution de visages relativement méconnus qui se jettent tête première avec bonheur dans cet étalage de stéréotypes, de magnifiques clins d’œil et de détours sanglants (à défaut du vétéran Richard Jenkins et de Chris Hemsworth, qu’on a vus depuis avec Thor).

Offert trois ans après son tournage à la suite d’un combat contre le studio pour éviter au film d’être bêtement converti en 3D (Dieu merci!), il est désormais possible de succomber à l’immense plaisir qu’est The Cabin in the Woods. Oubliez les réticences; le résultat est brillant et on risque de s’y référer encore énormément dans les années à venir, encore occupé à en applaudir la grande part de génie. Vous aurez été prévenus! Allez, aventurez-vous!

Appréciation: ****

Crédit photo: discoverthecabininthewoods.com

Écrit par: Jim Chartrand

http://www.youtube.com/watch?v=eXfc12BqFkc

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