«Testament» de Vickie Gendreau: imaginer sa mort sur quelques bouts de papier – Bible urbaine

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«Testament» de Vickie Gendreau: imaginer sa mort sur quelques bouts de papier

«Testament» de Vickie Gendreau: imaginer sa mort sur quelques bouts de papier

Publié le 13 novembre 2012 par Laurence Lebel

Vickie Gendreau, 23 ans, est atteinte d’une tumeur dans le tronc cérébrale. Elle ne sait pas combien de temps il lui reste à vivre et ignore si elle pourra passer encore quelques bons moments parmi ses amis et ses proches. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle ne veut pas quitter ce monde sans laisser de traces et sans que personne ne la pleure. De là est né Testament.

Vickie Gendreau a décidé d’imaginer sa propre mort ainsi que les réactions de ses amis face à celle-ci. À travers sa voix et ses journaux intimes, qu’elle envoyait en guise de legs à ses amis, on découvre la vie tumultueuse de cette jeune femme de 23 ans qui n’avait peur de rien si ce n’est qu’on l’oublie. Écrit sous forme d’autofiction, Testament nous dévoile les dessous de la vie de Vickie Gendreau, à l’époque pas si lointaine où elle était danseuse nue un peu partout au Québec, et où elle aimait un garçon qui ne l’aimait pas. À travers les pages du livre, on vit avec elle ses traitements à l’hôpital et son combat acharné contre cette tumeur maline, malheureusement inopérable. Avec elle, on tente de gagner du temps face à ce noir destin qui l’attend.

Testament est divisé en trois volets: Pavillon A, Pavillon B et Pavillon C, soit les trois pavillons hospitaliers à travers lesquels Vickie sera transférée avant d’atteindre la fin. C’est dans le volet du Pavillon B que Gendreau écrira la plupart de ses legs à ses amis. Parmi ceux-ci, il y a Stanislas (le garçon qu’elle aimait, mais qui ne l’aimait pas), Raphaëlle (une amie), Catherine, Mikka (à qui elle confiera l’histoire de son viol) ainsi que sa mère Martine et son frère Antoine (à qui elle prodiguera quelques conseils sur la vie). Ses legs, soit ses écrits, sont présentés sous forme de journal intime en format .doc, et chacun est offert avec un objet désuet qui était cher à Vickie. En plus des journaux intimes légués à ses amis, on vit avec ces derniers leur réaction face à la perte de leur amie Vickie.

Il y une certaine dualité dans Testament à côté de laquelle on ne peut pas passer. C’est le beau versus le laid, l’émerveillement versus la rage, le côté fleur bleue versus la colère. Vickie Gendreau a une plume franche, directe, crue et brute. Elle va droit au cœur; elle est sans pudeur et sans artifice. Dans ses propos, elle est douce, sensible, émotive, délicate, voire vulnérable, tout en étant dur envers elle-même, notamment lorsqu’elle relate les évènements marquants et tragiques de son adolescence. C’est le mélange entre les deux qui donne à Testament sa vraie couleur et son unicité. C’est un roman difficile à lire, car le propos, bien que fleur bleue à certains moments, reste cru, et les évènements sont évoqués sans aucun filtre.

La plume de Gendreau flirte magnifiquement bien entre la poésie et l’autofiction trash. Bien que son écriture parfois fragmentée et disparate peut en perdre quelques-uns, Testament reste un livre plus vrai que nature où l’émotion est vécue à vif et où on en ressort marqué d’une lecture bouleversante.

Appréciation: ***½

Crédit photo: Le Quartanier Éditeur

Écrit par: Laurence Lebel

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