Un samedi à M pour Montréal avec Philippe Brach, Safia Nolin, Peter Henry Phillips et autres

Bronswick

C’est le groupe Bronswick qui ouvrait cette édition de Franco M, un après-midi tout en musique francophone au Café et au Petit Campus. Drôle de duo, alors que le grand et barbu Bertrand Pouyet reste beaucoup derrière sa console, plutôt statique, et que Catherine Coutu, derrière son pied de micro, se donne intensément dans l’interprétation des chansons, suivant son chant de divers mouvements avec les bras.

Même quand les deux complices bougent et se rejoignent au milieu de la scène dépouillée, on sent le tout chorégraphié: tout est calculé dans leur musique électronique aux influences des années 80, aux sons et instruments préenregistrés. Le tout donne un résultat qui n’est pas inintéressant, mais qui n’a peut-être pas ce qu’il faut pour se démarquer des nombreux groupes qui se lancent dans l’électro ces années-ci.

Philippe Brach

Après avoir demandé dans un anglais cassé si des gens présents dans la salle ne parlaient pas un mot de français et s’être fait répondre oui, Philippe Brach s’est présenté à ces gens qui ne le connaissaient visiblement pas : «We’ve been told to do a 25 minutes sample of our show, at 3 in the afternoon. I said ‘’What the fuck?!’’. It’s not really representative of what we do, it’s still morning for us», avant de boire un shooter pour se mettre dans l’ambiance habituelle. L’atmosphère était bel et bien plantée avec cette introduction représentant parfaitement la drôle de «bibitte» qu’est Brach.

En enchaînant des chansons issues de ses deux disques, comme «Né pour être sauvages», «Crystel» et «C’est tout oublié», on a compris rapidement que la carte de visite que Brach a décidé de donner aux gens de l’industrie en est une plus rock et trash. Malgré tout, l’artiste n’était pas en mode séduction, samedi après-midi; il a livré la marchandise comme un lion, fidèle à lui-même, ne changeant rien de sa formule dynamique et demeurant la bête de scène qu’il est habituellement, pour le plus grand plaisir de tous les gens présents au Café Campus.

Safia Nolin

Présentée par l’employé de M pour Montréal comme étant la meilleure chose en musique depuis PJ Harvey, Safia Nolin a foulé la scène du Petit Campus aux côtés de son fidèle acolyte Joseph Marchand pour livrer les chansons qu’on dirait les plus mélancoliques de son univers: «La laideur», «Technicolor», «Acide» et une «Si seulement» sans guitare, où elle pouvait se laisser aller à l’interprétation mais durant laquelle elle semblait plutôt statique et figée. A aussi suivi «Noël Partout», parce que «Noël c’est cool, esti», l’une des seules envolées spontanées qu’elle se sera permise pendant sa performance, durant laquelle elle aura été moins bavarde qu’à l’habitude, se gardant visiblement une plus grande gêne devant les gens de l’industrie.

Le public présent a quand même eu droit à une belle représentation du paradoxe qu’est Safia Nolin, c’est-à-dire une personnalité colorée et des propos comiques, mais une musique sombre et une livraison délicate. Elle arborait un chandail à l’effigie de Britney Spears en chantant avec une belle sensibilité «Ce matin», et la formule a une fois de plus fonctionné: Nolin a été très bien reçue samedi après-midi au Petit Campus.

Laurence Nerbonne

Depuis la fin abrupte de la formation Hôtel Morphée, qui était très appréciée, on attendait avec impatience de savoir si la chanteuse Laurence Nerbonne allait se lancer dans autre chose, avec sa voix si singulière. Venue «casser» ses nouvelles chansons et présenter en primeur ses compositions solos à M pour Montréal avant qu’un album ne sorte prochainement, Nerbonne a fait preuve d’une énergie et d’un aplomb incroyables, se promenant d’un côté à l’autre de la scène et parlant au public avec assurance.

Pourtant, on ne peut que constater le virage pop et commercial de la chanteuse, qui a fait entendre des chansons construites un peu toutes de la même façon, aux paroles plutôt faciles et qui mettent malheureusement moins bien sa belle voix écorchée en valeur, la noyant plutôt dans les arrangements touffus et les sonorités électroniques. Son premier extrait radio, «Rêves d’été», joué en toute fin de parcours, est indéniablement le morceau le plus intéressant, laissant même percevoir davantage la beauté particulière de sa voix.

On continue le marathon à la page suivante!