SortiesConcerts
Crédit photo : Mathieu Pothier
Paupière
Trio très coloré composé d’un homme et de deux femmes, Paupière a livré une performance très intense, avec trois types de synthétiseurs nous crachant leurs sonorités électroniques influencées par les années 80 au visage. Beaucoup plus parlées que chantées, les chansons ont tantôt fait penser à un groupe français, et se sont tantôt révélées plutôt absurdes, faisant rimer avec facilité «Toutânkhamon» avec «pharaon». Captivantes et entraînantes, les mélodies n’ont pour la plupart pas laissé indifférent, mais il faut avouer que le groupe est singulier.
Pierre-Luc Bégin se présentant la chemise ouverte, laissant voir son torse, et Julia Daigle semblant complètement dans sa bulle ou dans un univers parallèle, il n’y a qu’Éliane Préfontaine qui semblait vouloir faire preuve d’un peu de sérieux et qui s’est démarquée par la beauté et la puissance de sa voix.
Pierre Kwenders
Il était en forme, Pierre Kwenders, samedi, pour clore l’après-midi Franco M avec son mélange de musiques électronique, électrique et du monde. Dansant lui-même avec un dynamisme incroyable, se laissant aller comme jamais au rythme des percussions de Julien Sagot, il en a fait danser plus d’un avec lui au parterre, notamment pendant «Popolipo». Vraie bête de scène, effectuant des mouvements sans doute inspirés de danses africaines, parfois presque en transe, l’artiste a sans doute repoussé toutes ses limites, et on s’est vraiment demandé comment il était possible d’avoir autant d’énergie!
Impressionnant à voir aller, demandant aux gens de le suivre en tapant des mains ou en chantant – est-il seulement possible de le suivre? -, le chanteur a offert une performance des plus festives et rassembleuse, se montrant increvable et laissant entendre une musique à son image: endiablée.
Peter Henry Phillips
C’est au Divan Orange, à 18h, que Pierre-Philippe Côté est monté sur scène pour présenter son projet anglophone, Peter Henry Phillips. Débutant en lion avec une «The Wind» très rock, l’artiste s’est tant donné qu’on a senti l’espace sur scène trop petit pour lui, en le voyant trépigner et danser sur place. Il a ensuite baissé le niveau d’intensité de sa performance, débutant «I Wanna Go» tout en douceur (malgré qu’il l’ait terminée en sautant sur place!) et en s’assoyant ensuite au wurlitzer pour offrir une chanson qui n’apparaît pas sur son disque, mais qui s’est naturellement enchaînée avec «Hold That».
C’est aussi à cet instrument que Peter Henry Phillips a livré une touchante et sensible version de «Henry», dont il a révélé que c’était le nom de son grand-père, avant d’expliquer l’histoire derrière sa chanson «Walking Fast», «pour tous ces beaux amis qu’on sort toujours de la marde». Authentique et fidèle à lui-même, l’artiste a su faire entendre la multitude d’influences présentes sur son disque, The Origin, en se montrant tantôt doux et apaisant, tantôt infatigable, notamment pendant un grand délire instrumental qu’on pourrait croire improvisé, au milieu de «Dreamcatcher», mais toujours d’une grande générosité.
APigeon
C’est Annie Sama, alias APigeon, qui a été notre dernière, mais non la moindre, artiste vue samedi à M pour Montréal. Tout un personnage, cette artiste possède un univers qui lui est propre, qu’on saisit ne serait-ce qu’à travers son accoutrement: une robe de Mickey Mouse tout usée et pleine de trous, ainsi qu’un ruban avec boucle autour du cou.
Entrant en scène de façon très cérémonieuse en passant à travers la foule, elle a ensuite utilisé tout l’espace scénique qui était à sa disposition, bougeant énormément, ici presque dans une sorte de danse contemporaine, et là dans des gestes qu’on sentait chorégraphiés ou du moins très calculés et ancrés dans le personnage créé.
Gracieuse et envoûtante, la chanteuse communique autant avec son corps qu’avec sa voix, qui s’élève au-dessus des ambiances électroniques pesantes qui meublent sa musique et des accompagnements qu’elle crée elle-même, grâce à une loop pedal. Chantant avec intensité en regardant la foule dans les yeux, elle est même descendue parmi le public pour sa dernière chanson, se promenant très librement et faisant ce que bon lui semblait.
APigeon est un personnage avec toute une attitude et une confiance en elle, mais qu’on n’aime ou qu’on n’aime pas, il faut avouer qu’elle a toute une prestance sur scène, et que le tout a de la gueule.
L'avis
de la rédaction