SortiesDanse
Crédit photo : Bobby Léon
Jeudi dernier, je me suis rendue à l’Espace bleu du Wilder, une petite salle intime pouvant accueillir environ cinquante spectateurs, et j’ai été agréablement surprise de découvrir qu’elle avait été ingénieusement transformée, adoptant pour l’occasion une configuration à l’italienne qui laissait le spectateur voyager vers une planète inconnue.
À mon arrivée dans la salle, j’avais déjà un peu l’impression de naviguer sur cette planète. Dès mes premiers pas à la recherche de ma chaise, j’ai été captivé par la multitude d’éléments scénographiques qui, par leur présence, recréaient un monde fictif aux allures de film de science-fiction.
Au centre, une grande toile diffusait dynamiquement la projection d’un arbre dont le tronc prenait la forme d’un corps humain. Les éclairages sombres habillaient l’espace au sein duquel étaient disposées des espèces d’arbustes flottants, et une trame sonore intrigante, semblable à des sons de la nature, enveloppait l’atmosphère.
L’espace d’un instant, je me suis déconnectée de la réalité quotidienne, prête à plonger tête première dans cette œuvre!
Se réveiller dans un monde inconnu
Puis la projection s’est éteinte, plongeant ainsi la salle dans l’obscurité, une invitation à se concentrer pleinement sur la scène.
Mon regard a balayé l’espace et a découvert des corps allongés, enfouis sous des feuilles, ce qui a suscité ma curiosité. C’est alors qu’un robot est apparu, parcourant les lieux et inspectant chaque recoin, élément qui a ajouté une dimension intrigante à cette scène. Après quelques instants, ce dernier a disparu, laissant place à une feuille qui se réveille, seule âme qui vive sur cette planète en apparence déserte.
Accompagnée de la musique rythmée de Thom Gossage, l’artiste Emmanuelle Martin, qui incarnait cette femme solitaire, s’est mise à bouger, entamant petit à petit une danse dynamique aux accents africains. Elle portait un top et un short couleur marron et, sur son visage et son corps, elle arborait des tatouages de numéros et de textes, ce qui ajoutait une touche mystérieuse à son personnage!
Son interprétation vigoureuse semblait exprimer un rituel, et j’avais cette impression qu’elle demandait de l’aide à quelqu’un sur cette planète solitaire.
Malgré la belle performance de l’artiste et les aspects fort pertinents de la scénographie, j’ai regretté le fait qu’un arbuste ait obstrué ma vue tout au long du spectacle, me faisant ainsi manquer quelques minutes de sa performance, ce qui a perturbé mon immersion dans ce rituel. Je me demande si, du point de vue de la chorégraphie, les déplacements de l’interprète auraient pu tenir compte de la disposition des éléments scéniques, afin d’éviter des angles morts qui pourraient nuire à l’appréciation du spectateur.
Un autre aspect qui ne m’a pas dérangé en soi, mais qui m’a fait m’interroger, c’est justement la présence du robot, car j’ai trouvé sa présence intéressante, mais il a rapidement disparu de l’œuvre, sans qu’on sache trop pourquoi ni la raison de sa présence. Peut-être qu’il aurait été intéressant d’explorer davantage cet élément technologique et, pourquoi pas, de le voir interagir avec la femme solitaire?
Une immersion onirique pour le moins captivante
Toutefois, j’ai trouvé très innovante la manière dont la chorégraphe a su intégrer de façon fluide et originale des éléments visuels durant le spectacle.
Je pense notamment à ce moment où la femme solitaire explore son environnement et découvre un casque de réalité virtuelle qu’elle enfile aussitôt, se plongeant ainsi dans l’observation d’un tout autre univers duquel le spectateur a pu être témoin grâce aux projections vidéo. Cette transition m’a donné l’impression de m’immerger dans un rêve, un monde où la coexistence harmonieuse entre la nature et l’humain semble possible.
C’était une expérience fort plaisante qui a ajouté une dimension captivante à la représentation.
Le public était également convié à plonger dans l’imaginaire, grâce à une succession d’images qui exposaient tantôt des rivières, tantôt des forêts enchantées, et à d’autres moments des formes humaines métamorphosées en arbres, en centaures, en nature, le tout grâce à la réalité virtuelle.
La finale du spectacle Transes a marqué la déconnexion de ce monde onirique et on est revenu sur cette planète inconnue où la femme est demeurée seule. Cela m’a donné l’impression de recevoir un message d’espoir, une invitation à construire un avenir même si l’on doit partir de zéro.
Je tiens à souligner la finesse du travail artistique de cette œuvre, au sein de laquelle Isabelle Van Grimde a osé présenter une proposition alliant technologie et arts vivants, une exploration artistique invitant les spectateurs à réfléchir sur l’essence de l’humanité et sur notre relation complexe avec un environnement en constante évolution.
Le spectacle «Transes» d’Isabelle Van Grimde en images
Par Bobby Léon
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