«Où sont tes épaules quand tu donnes des coups de pied» à Tangente – Bible urbaine

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«Où sont tes épaules quand tu donnes des coups de pied» à Tangente

«Où sont tes épaules quand tu donnes des coups de pied» à Tangente

Quand la danse-théâtre et le soccer se conjuguent pour explorer la sororité entre six femmes

Publié le 22 avril 2024 par Olivia Gomez

Crédit photo : Sandra-Lynn-Belanger

Samedi dernier, je me suis rendue avec enthousiasme à l'Espace Orange de l'Édifice Wilder pour découvrir la représentation d'«Où sont tes épaules quand tu donnes des coups de pied», une œuvre qui était présentée par Tangente du 17 au 21 février. Cette création de Rosalie Dell’Aniello et Marie Fannie Guay, initialement conçue pour un public adolescent, m’a plongé au cœur d'un match fictif de soccer féminin. Depuis mon siège, j'ai eu le privilège d'observer la solidarité entre six femmes qui m'ont bien démontré que l'union fait la force. La palette d'émotions, allant de la joie à la détresse, en passant par l'excitation et la frustration, a été brillamment mise en lumière au cours du match et surtout grâce à une interprétation vivante et engagée des artistes. J'ai vécu un moment riche en réflexion, teinté de joie et d'émerveillement.

L’avant-match

Afin d’entamer de manière agréable mon expérience, j’ai choisi de profiter du café-bar de l’Espace Orange, qui offre un lieu accueillant pour se préparer avant d’entrer dans la salle. Installée confortablement, j’ai pu admirer la décoration chaleureuse de l’endroit et également prendre connaissance des projections sur un mur blanc où sont dévoilés la programmation de Tangente, les noms des différents artistes et les spectacles à venir. Celui qui m’intéressait ce soir-là débutait à 19 h, alors je me suis tranquillement dirigée vers la salle après avoir savouré ce petit moment de détente!

Une fois assise à ma place, j’ai eu droit, comme le reste du public, à un bel accueil de la part du directeur général de Tangente, Stéphane Labbé, qui nous a invités à être fous, à crier si l’on voulait, à chanter ou même à faire du bruit.

Il ne fallait pas oublier qu’on allait assister à un match de soccer après tout!

Photo: Sandra-Lynn Bélanger

Que le jeu commence!

Rapidement, les artistes sont entrées en scène et je dois avouer que cela ressemblait vraiment à un match de soccer! Les interprètes portaient des shorts, des dossards numérotés, des chaussures de sport et des bas colorés vifs, des costumes originaux conçus par Manon Guiraud.

Le public a applaudi avec vigueur et j’ai même pu entendre quelques cris d’ovation qui, contrairement aux applaudissements, étaient un peu timides, mais bien présents.

Comme il n’y a pas de match de soccer sans arbitre, on retrouvait, au-delà des joueuses, une sixième artiste qui tenait le rôle d’arbitre, mais de manière bien originale: elle chantait, narrait la partie et interprétait quelques poèmes, ce qui donnait une touche innovante à l’œuvre.

La scénographie, quant à elle, était minimaliste: on retrouvait une plateforme au milieu de la scène avec un micro, quelques gourdes d’eau et des sacs déposés par terre, ainsi qu’un cyclorama qui, grâce aux éclairages, donnait la sensation bel et bien la sensation de prendre part à une ambiance joyeuse et festive!

Cela dit, j’ai trouvé audacieux le choix de délimiter l’espace comme s’il s’agissait d’un jeu de terrain uniquement avec des éclairages au sol, lesquels ont été conçus par Flavie Lemée. Personnellement, j’ai trouvé l’idée superbe, car le spectateur pouvait imaginer non seulement un terrain, mais aussi un espace libre où les artistes pouvaient se déplacer, à savoir une zone de sécurité où les femmes pouvaient s’entraider et jouer en toute liberté.

Parallèlement, elles pouvaient interagir avec le public, bien que ce dernier soit un peu timide pour se laisser aller à crier et à applaudir. C’est là que je me suis dit que si nous avions été des enfants plutôt que des adultes, il y aurait certainement eu plus d’interaction, de laisser-aller et de bruit, car l’invitation était pourtant au rendez-vous!

Photo: Pierre Tran

Du côté de l’interprétation, les six artistes féminines ont offert une prestation généreuse au public, dévoilant par moments des instants de détresse ou de frustration, mais unissant toujours leurs forces pour surmonter coûte que coûte chaque obstacle qui se présentait durant le jeu.

Bien que présentée à l’instar d’un jeu, justement, leur performance véhiculait l’idée d’une belle fraternité, une chimie palpable aussi, de même qu’une affection sincère entre chacune des interprètes.

Cela m’a rappelé que, quel que soit notre âge, la présence d’amies, de sœurs ou de mères est très précieuse. Et cette sororité évidente exprime bien la capacité des femmes à se comprendre et à se soutenir mutuellement lorsque des épreuves de la vie se présentent à elles.

Malgré leur belle interprétation, j’ai ressenti, à quelques reprises, le désir de voir davantage de moments dansés. Et comme on pouvait entendre une trame sonore parfois électro, accompagnée du violon de la musicienne Kayiri, j’ai pensé qu’il aurait été possible d’incorporer plus de séquences chorégraphiées afin d’enrichir le propos de l’œuvre.

Par ailleurs, j’ai remarqué quelques répétitions durant le spectacle, par exemple, lorsque les artistes ont couru en forme de huit pendant un certain temps. À ce moment précis, je me suis demandé si cette course aurait pu se transformer en une danse plus expressive, ce qui aurait ainsi créé une pause pour le spectateur et des transitions et des nuances supplémentaires.

Qu’à cela ne tienne, la gestuelle et la mise en scène, toutes deux imprégnées d’une théâtralité bien orchestrée, m’ont donné envie de rejoindre le groupe des joueuses et de vivre de plus près l’œuvre!

Je salue chaleureusement cette création qui m’a apporté une expérience rafraîchissante grâce à son approche artistique différente, plus théâtrale et dynamique. Je tiens également à exprimer ma gratitude envers les artistes ainsi que les créatrices de l’œuvre qui ont tenu à nous rappeler, avec Où sont tes épaules quand tu donnes des coups de pied, que la sororité existe bel et bien et qu’elle est belle à voir!

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