«Regards croisés», une série de trois conversations en formule webinaire sur l’état de la danse

Frédérique Doyon, commissaire à L’Agora de la danse et ex-journaliste critique dans le secteur de la danse pour Le Devoir, a d’abord pris la parole, afin d’instaurer un climat convivial, pour nous présenter son invitée Dominique Hervieu, directrice de la Biennale de la danse de Lyon.

À travers cette discussion de quarante-cinq minutes, divers sujets ont été abordés, dont les impacts causés par la pandémie de coronavirus sur la création et la diffusion chorégraphique, les changements survenus dans le secteur de la danse à travers le temps, alors que les écritures chorégraphiques ont évolué et que les pratiques artistiques se sont quant à elles développées.

«La pandémie… on baigne tous dedans, mais on tient le cap!»

À l’occasion de la première partie de cette série d’échanges, Dominique Hervieu, cette grande personnalité de la danse qui a marqué la scène au cours des dernières décennies, a offert son point de vue éclairé sur la situation actuelle.

Selon elle, la pandémie a fait «sursauter» le milieu artistique.

En effet, les diffuseurs, comme les théâtres et les artisans de la danse, ont dû faire face à une infinité de situations hors du commun, des enjeux tels que la réadaptation des salles, la gestion des ouvertures et des fermetures des théâtres, les changements constants au niveau des programmations, ainsi que l’incapacité de bouger librement d’un pays à l’autre pour partir à la rencontre d’artistes et ainsi propulser la création…

Mme Hervieu a par ailleurs profité de sa tribune pour nous parler de la façon dont elle vit ces enjeux chez elle, en France. J’ai trouvé cela intéressant de mieux comprendre les répercussions de la pandémie, ailleurs qu’au Québec.

Étant elle-même directrice de la 19^e édition de la Biennale de la danse, un festival qui offre un espace de création et de représentation pour les compagnies de danse et qui réunit un grand nombre de professionnels du milieu édition après édition, nous a confié à quel point c’est un défi majeur de réunir tous ces artistes en même temps pour travailler sur de la création.

De plus, en raison de la crise sanitaire actuelle, la présente édition, prévue initialement en septembre 2020, a dû être reportée du 26 mai au 16 juin 2021.

L’invitée nous a également parlé, avec la passion qu’on lui connaît, des défis et des changements que le milieu de la danse a connus sur les plans physique et émotionnel, tels que l’absence de studios pour organiser des résidences de création, l’annulation des spectacles, ainsi que la fatigue psychologique qui s’est installée chez les danseurs.

Malgré tous ces défis, Mme Hervieu a tenu à nous parler d’un point positif qu’il n’est pas à négliger: la pandémie a permis le développement de nouvelles idées, de même qu’une nouvelle façon de créer avec l’aide du numérique.

Elle a ainsi suggéré qu’il serait important que chacun trouve une formule pour que le vivant et le numérique singularisent avec l’intention créatrice des artistes, pour que ceux-ci puissent créer une oeuvre unique qui pourra être à la fois présentée au format numérique et sur scène, comme spectacle vivant.

Les grands questionnements de notre société à travers la danse

Lors de la seconde partie de ce webinaire, Frédérique Doyon a cette fois échangé avec Dominique Hervieu au sujet des changements d’écritures chorégraphiques à travers le temps. Sur ce point, l’invitée a souligné que la danse, comme la société d’ailleurs, a vécu plusieurs changements au fil des ans, et ces changements apportent aujourd’hui de nouveaux enjeux démocratiques, démographiques, psychologiques et existentiels.

J’ai aussi trouvé fort intéressant le sujet qui portait sur les modes ou les nouvelles tendances dans le milieu de la danse et de la création, qui ont pour but de plaire aux programmateurs. À l’inverse, c’est plutôt la danse qui est créée en toute liberté, non pas dans le but premier de plaire, mais plutôt pour faire passer un message sociopolitique, ou bien exprimer l’imaginaire de l’être humain, tout simplement.

 «Tous les arts sont le fruit d’un dialogue entre les cultures et le respect» – Dominique Hervieu

En somme, je salue cette opportunité qui m’a permis de vivre et de prendre part à ce bel échange autour de la danse dans ce contexte particulier.

La danse est universelle, et elle marque une partie de notre histoire en tant que société. Le fait de savoir qu’en France, comme ici au Québec, on vit les mêmes enjeux, ça a fait en sorte que je peux maintenant mieux me questionner sur ce que l’on peut faire de manière collective pour appuyer ce bel art tous ensemble.

À mon avis, il est important de parler et de discuter sur la façon dont la danse est vue et est perçue, le tout avec respect et avec empathie, car c’est ainsi qu’on pourra mieux comprendre comment elle se vit aujourd’hui. Ce questionnement aura aussi pour bienfait de nous ouvrir les yeux sur les enjeux vécus par les danseurs, les chorégraphes et les diffuseurs qui, chacun à leur façon, permettent à la danse d’exister.

C’est donc un rendez-vous ce jeudi 6 mai 2021 à 9 h pour la troisième et dernière rencontre de cette édition, intitulée Regards croisés, cette fois en compagnie de Francine Bernier, directrice générale et artistique à L’Agora de la danse, à l’animation, et l’invitée Angels Margarit, directrice artistique du Mercat de les Flors, à Barcelone.

Cet évènement est gratuit et il suffit de s’inscrire sur Facebook ici.