«Paysages sonores» de l’Orchestre de chambre McGill avec Andrew Wan – Bible urbaine

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«Paysages sonores» de l’Orchestre de chambre McGill avec Andrew Wan

«Paysages sonores» de l’Orchestre de chambre McGill avec Andrew Wan

Bernstein et Brott à l’honneur

Publié le 13 avril 2016 par Alexandre Provencher

Crédit photo : Annette B. Woloshen

Le programme de l’Orchestre de chambre McGill (OCM) était certes généreux, peut-être même trop. En plus d’un hommage à la musique d’Alexander Brott (1915-2005), l’OCM offrait à son public de fidèles la «Serenade» de Leonard Bernstein et la «Carmen Suite» de Chtchedrine. C’était beaucoup de musique à digérer en même temps. Mais, de tout cela, on retient l’émotion, la précision et le charisme d’Andrew Wan durant la «Serenade», puis la dextérité des percussionnistes pendant le «Spasm for Six».

Touchant, le court hommage de Boris Brott à son père, Alexander Brott, compositeur et professeur, a permis de mettre en contexte l’humour contenu dans le Critic’s Corner. Puisque cette pièce en cinq variations, composée en 1950, se veut une satire des critiques musicales (!). Selon le compositeur: «Les critiques […] ont relativement peu d’impact à long terme quant à l’évaluation de la valeur musicale d’une pièce». Et, c’est bien vrai. Alors, maintenant que c’est dit, critiquons son interprétation!

Dans l’ensemble, il manquait de finition. Les nombreux accrocs chez les violons et altos rendaient l’œuvre moins aboutie. Dans l’«Allegro», quelques passages chez les altos manquaient de mordant. Il aurait fallu en donner un peu plus pour respecter la description de «flamboyant, mais superficiel» indiquée dans le programme. Aussi, la contrebasse était trop effacée. On cherchait cette profondeur musicale et le caractère plus grave des harmonies à plusieurs reprises tout au long du morceau. C’est toutefois dans l’«Andante» que la direction de Boris Brott a semblé plus coulante et respectée par ses musiciens.

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Toujours au cours de la première partie, l’OCM accueillait le violoniste Andrew Wan. Son interprétation de la «Serenade» de Bernstein était sublime. Cette pièce s’inspire du Banquet de Platon et fait allusion à l’amour et à la nature. Au cours des différents mouvements de la pièce, Bernstein reprend des variations musicales classiques et très modernes. C’est une œuvre unique. Et la lecture qu’en a faite Wan l’est tout autant. La retenue de son jeu dans les premières mesures du «Phaedrus; Pausanias» reflétait une rare sensibilité. Le quatrième mouvement, l’«Agathon», s’est avéré le plus tendre et réussi de la «Serenade», avec notamment un jeu de l’orchestre moins académique.

Seuls sur scènes pour le «Spasm for Six», les musiciens de l’Ensemble de percussion McGill ont démontré avec brio leur musicalité et leur rythmique. Véritable défi technique, les percussionnistes ont tenu en haleine les spectateurs durant les quatre mouvements. Il faut mentionner la rigueur et le souci du détail des musiciens. Bien joué.

Finalement, le «Carmen Suite» de Rodion Chtchedrine n’avait rien de particulièrement emballant. En effet, les treize mélodies, inspirées de l’opéra Carmen de Bizet, manquaient de dynamisme, de lyrisme et de nuances. Peut-être que l’ajout de la section des percussions pour le spectacle a déstabilisé l’habituel orchestre de chambre? Possiblement, mais le tout n’a pas levé.

Le concert «Paysages sonores» était présenté par l’Orchestre de chambre McGill à la salle Pollack de la Schulich School of Music de l’Université McGill.

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