«Pas trop catholique», le troisième spectacle de Cathy Gauthier, présenté au Théâtre St-Denis – Bible urbaine

SortiesHumour

«Pas trop catholique», le troisième spectacle de Cathy Gauthier, présenté au Théâtre St-Denis

«Pas trop catholique», le troisième spectacle de Cathy Gauthier, présenté au Théâtre St-Denis

Plus mature, mais toujours aussi franche et infatigable!

Publié le 6 novembre 2014 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Avanti et George Fok

Pas trop catholique ou plutôt pas trop la tasse de thé de Cathy Gauthier? Ce qui est présenté comme «Pas trop catholique» dans le tout nouveau one-woman-show de l’humoriste est subjectif. Il représente plutôt son propre dédain envers certaines situations ou certains traits de caractère que d’autres pourraient très bien tolérer. Pourtant, à entendre rire à gorge déployée la foule réunie au Théâtre St-Denis mercredi soir pour la première médiatique du spectacle, il faut croire que les sujets en interpellent plusieurs ou, à tout le moins, que l’humour franc et l’énergie infinie de Cathy Gauthier ne s’essoufflent pas même si elle en est à son troisième spectacle. Au contraire, tout comme un bon vin, son humour se raffine avec le temps, et les épicuriens qu’elle aime tant (taquiner) n’en seront que plus enchantés.

Après 100% Vache folle et Décoiffe!, où Cathy Gauthier donnait dans le grivois et flirtait parfois avec la vulgarité, l’humoriste l’avoue elle-même: c’est terminé l’époque de mimer des fellations. «De toute façon, j’suis tellement poche, même en le mimant j’la poignais dans mes dents!». Avec Pas trop catholique, elle s’est effectivement assagie – le plus cru de son spectacle consistant à parler de «chatte» lors d’un numéro sur l’épilation au laser – mais n’a malgré tout rien perdu de son franc-parler et de son côté cinglant.

Personne ne sort indemne de ce spectacle, que ce soit son ami Martin (l’épicurien!), qui est si fier de dire à tout le monde qu’il voyage toujours en première classe et qu’il mange bio, son propre conjoint, ou encore les animateurs d’émissions de cuisine, comme Ricardo et, surtout, Louis-François Marcotte. S’attardant surtout à son attitude nonchalante, sans oublier d’écorcher au passage son écart de conduite amoureuse hautement médiatisé, Gauthier s’est amusé de son comptoir toujours sale – «ça fait cinq ans qu’à l’émission Les Chefs ils nous répètent de toujours garder son plan de travail propre!» –, et sa façon de sentir les aliments et de jaser pendant que «la tite blonde en arrière fait toute!». Faudrait-il «ricardoiser» Louis-François Marcotte?

Parlant de l’énergie et du pep de Ricardo, il faut dire qu’il y a une certaine similitude entre l’animateur et Cathy Gauthier. Enfilant les gags et les sujets à un rythme effréné, l’humoriste est dynamique et sa rapidité d’exécution, pour discuter d’autant de sujets en un peu plus d’une heure trente, impressionne autant que le nombre de recettes que Ricardo peut gérer en une heure. Enchaînant les numéros de façon fluide avec des liens entre eux, comme un grand numéro dont seule la couleur des éclairages de son décor, derrière elle, donne l’indice d’un changement de thème, prouve que Gauthier est bel et bien infatigable.

Cathy-Gauthier-Pas-Trop-Catholique-Promo-Bible-Urbaine

Les cadeaux qu’on doit donner à des étrangers (messieurs, évitez les bulles de bain), les fameux spas nordiques qui l’horripilent – «Heye, le monde capote si j’trempe mon céleri deux fois dans la trempette, mais ça va s’faire tremper dans le bain ou plein de monde a baigné pis c’est correct sous prétexte que ça coûte 150 $!» – les gens snobs qui se disent épicuriens, l’allaitement, l’épilation au laser et les esthéticiennes (des anciennes danseuses?), son amour de la télé (et de Denis Lévesque, à l’instar de son collègue Emmanuel Bilodeau qui offre également un numéro sur les invités bizarroïdes de l’animateur dans son premier «one-manu-show»), l’éducation par la peur reçue de sa mère, la rencontre de sa famille «rustique» avec son copain issu d’une famille «distinguée» et la jalousie sont autant de thèmes exploités, qui mettent surtout en relief les nombreux complexes et malaises vécus par l’humoriste.

Au final, on se demande quel est véritablement le lien avec le titre du spectacle, faisant référence à la religion, et, par la bande, aux péchés, car ceux-ci ne sont pas exploités à proprement parler, à moins qu’un péché ne consiste en ce qui ne se fait pas… selon Cathy Gauthier. Peu importe, l’humoriste n’est effectivement pas très catholique dans ses propos, mais cela est efficace, malgré quelques gags un peu faciles, comme «c’est pas vargeux pour le péteux» ou l’emploi de l’expression «s’astiquer la canisse», par exemple.

Son numéro résumant les deux coffrets de la série Unité 9 et celui, durant le passage traitant de jalousie, sur son inventaire de tout ce qui se retrouve dans ses armoires, pour tenter de trouver d’où vient l’assiette en verre qu’elle a trouvée dans son lave-vaisselle, sont aussi hilarants qu’impressionnants, grâce à leur débit rapide de paroles et leur livraison avec vigueur, et ont d’ailleurs suscité de vifs éclats de rire dans la foule, qui s’est montrée tout à fait réceptive tout au long de la soirée. On apprécie de plus l’insertion ici et là d’éléments de l’actualité, comme l’histoire d’Éric et Lola, une référence à la Commission Charbonneau et à la jeune fille qui s’est arrêtée sur l’autoroute pour laisser traverser des canards, même si l’humour de Cathy Gauthier ne se veut pas politique.

S’il n’a pas de message social ou de parti-pris politique, le spectacle de Cathy Gauthier, Pas trop catholique, est un vrai divertissement défoulant, où il fait bon d’ouvrir les vannes, de chialer un bon coup et d’arrêter de se faire croire que tout est acceptable et que tout se fait. Si vous vous questionnez sur l’une de vos pratiques, allez voir Cathy Gauthier, elle vous répondra franchement!

Silvi Tourigny

En ouverture, l’humoriste de la relève connue pour ses capsules vidéo «Carole aide son prochain» a délaissé son col roulé et son personnage blasé pour offrir un concentré rapide de blagues un peu grivoises, mais bien rythmées et livrées avec aisance. Passant de la honte de son nom, «un nom qui commence à fitter juste passé 50 ans» à son amour des animaux, elle a offert à peine dix minutes de performance, qui aurait mérité d’être allongée quelque peu pour pouvoir saisir davantage son talent sur scène. La nouvelle maman a conclu son passage avec un numéro sur les danseuses, imitant elle-même une danseuse en tournant autour de son pied de micro, ce qui a fait éclater la foule de rires.

Le spectacle «Pas trop catholique» de Cathy Gauthier, mise en scène de Rémi Bellerive et de Daniel Fortin (aussi à la direction artistique et à la scénographie), fera sa première à Québec le 11 novembre, avant de partir en tournée partout dans la province. Des supplémentaires au Théâtre St-Denis de Montréal sont déjà annoncées les 6 et 7 mars 2015. Pour tous les détails, visitez le www.cathygauthier.com.

L'avis


de la rédaction

Vos commentaires

Revenir au début