Osheaga 2019, jour 2 avec: The Chemical Brothers, Rüfüs Du Sol, Janelle Monáe et plus encore!

King Princess : une explosion de joie

King Princess, cette multi-instrumentiste de vingt ans à peine, a franchement ébloui les festivaliers. Elle est relativement nouvelle dans l’industrie, n’ayant qu’un maxi (Make My Bed, 2018) et un album (Cheap Queen, 2019), mais elle possède déjà une expérience intéressante ainsi qu’une bonne connaissance d’elle-même en tant qu’artiste et personne. Elle a la cause LGBTQ à cœur, comme le démontrent son répertoire et ses prises de position. Elle a d’ailleurs salué le Canada pour ses efforts dans ce domaine.

Elle dégage une confiance en elle incroyable et elle réussit à inclure tous les spectateurs dans son univers, créant un sentiment de proximité. L’ambiance était super festive, alternant entre des moments plus axés sur les rythmes urbains et d’autres, plus rock. Faisant de la scène son terrain de jeu, son sourire laissait transparaître son bonheur d’être devant le public montréalais. Celui-ci a été séduit par sa bonne humeur et a dansé de bon cœur. Elle a offert quelques-uns de ses succès: «Pussy Is God» et «1950», ainsi que sa pièce préférée, «Talia».

Young the Giant : chanteur endiablé

Le quintette de la Californie a offert un concert très apprécié: avec une très bonne exécution et un choix de chansons judicieux (dont les succès «My Body» et «Appartment»), le parterre s’est rapidement animé grâce au côté rock et aux sonorités groovy de la formation. Mais, si le spectacle de Young the Giant a créé une atmosphère conviviale où les spectateurs se sont délié les jambes et ont chanté les refrains, c’est grâce à la présence fantastique du chanteur Sameer Gadhia. En effet, celui-ci a volé la vedette, les autres musiciens étant beaucoup plus introvertis, bien que chaleureux entre eux. Il a offert une prestation énergique et bien sentie, vivant dans le moment présent. Un peu comme s’il nous avait invités au plus gros concert de sa vie. Malgré une attitude sérieuse, il s’est avéré être plutôt expressif et particulièrement émotif dans son interprétation. Les quelques sourires qu’il a eus semblaient être des instants magiques où il se perdait dans le moment.

Janelle Monáe : électrisante

Je ne suis pas très pop de façon générale, mais j’ai eu un immense coup de cœur pour la chanteuse du Kansas. Elle a présenté l’un des meilleurs concerts du week-end. Elle a été indéniablement impressionnante en termes de musique dansante, de chorégraphie, de costumes, de scénographie et d’attitude. Elle a joué, au grand bonheur de ses admirateurs,  plusieurs chansons de son dernier album, Dirty Computer: «Crazy, Classic, Life», «Screwed», «Django Jane», «Pynk» et «Make Me Feel».

À vrai dire, avec «Make Me Feel», Monáe a prouvé qu’elle fait partie des grands artistes pop contemporains, tout en s’inspirant des pionniers qui ont révolutionné le monde de la musique. Un costume (et une casquette) aux allures militaires et une chorégraphie qui rappellent «Rhythm Nation» de Janet Jackson, quelques notes de guitare en hommage à Prince, le fameux moonwalk de Michael Jackson et une finale théâtrale digne de James Brown: tout y était.

Elle a de plus été pertinente, avec ses interventions pour l’acceptation, l’inclusion et la lutte aux inégalités sociales, spécialement de la communauté LGBTQ, les immigrants et les minorités. Et malgré ses propos sérieux, elle a réussi à créer une fête sur le parterre: les admirateurs ont dansé avec un plaisir incroyable.

City and Colour: poétique

Après le concert enlevant de Janelle Monáe, tandis que l’on franchissait la courte distance qui sépare les scènes de la Rivière et de la Vallée, on savait que le ton et l’ambiance allaient changer dramatiquement. Autant la chanteuse était vivifiante et extravertie, autant Dallas Green était discret et introverti. Il a gardé ses lunettes de soleil, nous donnant l’impression de vouloir créer un mur entre lui et le public. De plus, il semblait davantage absorbé par les morceaux qu’il chantait que par le besoin de partager avec la foule le moment présent ou une expérience commune.

Aux antipodes de ce que sa formation Alexisonfire a l’habitude d’offrir, City and Colour est l’occasion pour Green de changer de registre et d’explorer son côté plus folk et sensible. Il a présenté, tout en douceur, de jolies chansons tristes telles que «Fragile Bird», «If I Should Go Before You», «Wasted Love», «Waiting…» et «We found each other in the dark». Malgré le détachement dont faisait preuve l’interprète, le côté poétique et enveloppant de sa musique a opéré son charme, et plusieurs couples se sont entrelacés.

The Chemical Brothers : plancher de danse survolté

Les festivaliers attendaient les DJs Tom Rowlands et Ed Simons avec un mélange d’excitation et de nostalgie. Et pourtant, l’aspect grandiose et puissant de leur prestation ne contenait aucune trace de nostalgie. Le parc est devenu un plancher de danse immense, la foule était animée, et ce, malgré une longue journée au soleil et des pieds bien fatigués. Ce spectacle était particulièrement bien ficelé: le choix des images, le jeu de lumière, les boules disco et les gigantesques robots ont contribué à créer une ambiance complètement délirante, mais aussi un concert extravagant et formidable.

Le duo, bien que difficilement perceptible dans cette mise en scène élaborée, avait un plaisir évident à jouer devant le public montréalais, saluant et applaudissant la foule à plusieurs reprises. Les spectateurs ont dansé, et dansé, encore, comme s’il n’y avait pas de lendemain. Bien que les extraits plus récents ont ravi les admirateurs, les classiques «Hey Boy Hey Girl» (durant laquelle des milliers de confettis ont été projetés dans la foule), «Eve of Destruction» (qui a vu de gros ballons circuler dans le public), «Galvanize» et «Block Rockin’ Beats» (les deux pièces en finale, avec pétarade d’effets visuels en prime) ont provoqué l’hystérie sur un plancher de danse déjà survolté. Une chose est certaine, on n’a pas lésiné sur les moyens!

On serait tenté de dire que le son des Chemical Brothers a bien vieilli, mais ce serait une erreur. Il serait plus avisé de reconnaître que leur musique est toujours aussi actuelle et aussi pertinente qu’en 1995, lorsqu’ils ont lancé Exit Planet Dust.

Pour notre retour sur le premier jour d’Osheaga 2019, cliquez ici. Pour le reste, on se retrouve demain!