SortiesL'entrevue éclair avec
Crédit photo : Aydin Matlabi
Alexandra, tu es détentrice d’un diplôme d’artiste en répertoire orchestral et une maîtrise en interprétation de la harpe de l’Université de Montréal. Aujourd’hui, tu es devenue une musicienne accomplie et une improvisatrice expérimentale, et tu joues avec doigté de la harpe, ton instrument de prédilection! Dis-nous, quand as-tu eu le déclic pour la musique et la création, et qu’est-ce qui t’a donné envie de t’y consacrer professionnellement?
«Depuis mes premiers souvenirs, ma vie a été remplie de musiques et de performances. J’ai toujours été active dans les chorales de l’école, le théâtre musical, les cours de piano et de harpe, la danse, et j’ai même fait des karaokés passionnés avec le magnétophone que mes parents m’avaient offert à Noël!»
«Finalement, la harpe est devenue de plus en plus mon véhicule pour la musique. Je voulais pousser ma technique plus loin, alors j’ai étudié l’interprétation classique à San Diego State University et à l’Université de Montréal. Je me suis toujours considérée comme un mouton noir parmi les harpistes…»
«Vous pouvez voir que mon travail d’aujourd’hui a dépassé la formation de mes études classiques en impliquant l’électronique et la technologie musicale à travers ma pratique.»
Aujourd’hui, tu habites à Montréal – car il faut le dire, tu es originaire de Californie! – où tu écris et composes tes propres compositions. À travers ta musique, tu te plais à mélanger des nuances classique, contemporaine et électroacoustique afin de créer un ensemble original et novateur! Parle-nous plus spécifiquement de ton univers musical et d’où tu puises tes inspirations.
«J’ai commencé à explorer l’intégration de technologie à travers ma pratique musicale avec mon ami et collaborateur de recherche, PhD. John Sullivan. Dans notre premier projet, nous voulions répondre à des questions telles que le contrôle gestuel de la performance de la harpe à CIRMMT (Centre Interdisciplinaire de recherche en Musique, Média et Technologie). Mais, même avant cette opportunité de recherche à CIRMMT, pendant de nombreuses années, j’ai voulu construire une méthode inédite afin d’intégrer l’électronique en direct dans ma pratique artistique.»
«En 2020, nous avons lancé notre premier prototype de harpe augmentée, ou «la harpe bionique». Un peu plus d’un an plus tard, il y a encore tellement de choses à explorer et à construire dans mon projet de << bionic harp.ist >> Ce que je peux dire, c’est que c’est un univers musical qui semble s’étendre avec chaque nouvelle composition dans laquelle je me plonge.»
«Je suis ravie de partager Part I: Emergence – qui est la première partie d’un projet solo plus vaste – avec Code d’accès, pendant leur festival Temporel.»
Du 7 au 10 juin, tu prendras part à l’édition 2021 de Temporel, un mini-festival organisé par Codes d’accès. Ce sera l’occasion pour les spectateurs de découvrir ton travail, ainsi que celui d’autres artistes – tels que Thais Montanari, Émilie Girard-Charest et Quatuor Cobalt – au cours d’un événement en ligne qui se tiendra sur quatre soirées et qui mettra de l’avant «la diversité des pratiques en musique et création et l’ambition sans limites des artistes émergent.e.s». Peux-tu nous en dire plus sur ta contribution artistique, et ce que tu as prévu de présenter au public dans le cadre de ce projet?
«Ce récital est le premier que je consacre entièrement à la musique nouvelle, et à 90% pour harpe et électronique en direct. J’ai programmé Commenta de Barbara Pentland, l’œuvre acoustique du programme, parce que cette œuvre démontre une gamme de techniques étendues pour la harpe dans la composition contemporaine que j’utilise tout au long du programme.»
«Les autres œuvres présentées lors d’Émergence témoignent des riches collaborations que j’ai eu l’honneur et le plaisir de vivre à Montréal. Avec Kevin Gironnay, nous avons retravaillé sa pièce de 2016, Deuil de l’empreinte, pour y intégrer des éléments visuels et augmenter l’intensité de l’œuvre, le tout réalisé grâce à l’aide de mon ami et programmeur Jason Gendreau.»
«Je suis tellement heureuse d’avoir travaillé avec la chorégraphe Stefania Skoryna et la danseuse Luce Lainé afin de créer quelque chose de très spécial pour Fall de Kaija Saariaho. J’ai également travaillé virtuellement avec le compositeur torontois Joseph Glaser dans le but de créer une pièce amusante qui apporte une touche inattendue au programme.»
À quelle expérience sensorielle les spectateurs peuvent-ils s’attendre lors de ta performance à Temporel?
«J’espère toujours laisser le public avec l’impression que la harpe a plus à offrir que ce qu’il avait compris auparavant. Ma pratique artistique est vraiment enrichie par les merveilleuses collaborations dont j’ai eu la chance de bénéficier. J’espère donc que le public appréciera le mélange des formes artistiques dans ce récital de harpe solo.»
Et finalement, peux-tu nous en dire un peu plus sur les projets qui vont t’occuper d’ici l’automne? Même si c’est un secret d’État, on te le promet, on ne le dira à personne!
«Ha! Bon, d’accord, mais seulement si vous promettez de ne le dire à PERSONNE. J’aurai un été très chargé, travaillant avec mon ensemble avant-gardiste Porto Porto! ainsi que sur la préparation du lancement de mon premier album, dont la sortie est prévue à l’automne 2021.»