«L'entrevue éclair avec...» Émilie Girard-Charest, violoncelliste passionnée de musique contemporaine – Bible urbaine

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«L’entrevue éclair avec…» Émilie Girard-Charest, violoncelliste passionnée de musique contemporaine

«L’entrevue éclair avec…» Émilie Girard-Charest, violoncelliste passionnée de musique contemporaine

Le 9 juin, assistez à une performance émouvante et incarnée

Publié le 25 mai 2021 par Éric Dumais

Crédit photo : Dom Garcia

Dans le cadre de «L’entrevue éclair avec…», Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou à un artisan de la culture afin d’en connaître un peu plus sur sa personne, sur son parcours professionnel, ses inspirations, et bien sûr l’œuvre qu’il révèle au grand public. Aujourd’hui, nous avons jasé avec Émilie Girard-Charest, une violoncelliste de métier et une grande passionnée de musique contemporaine, qui prendra part au mini-festival Temporel, présenté par Codes d'accès du 7 au 10 juin.

Émilie, tu es diplômée du Conservatoire de musique de Montréal (violoncelle 2011 et composition 2014) et de la Hochscule de Hambourg en interprétation de la musique contemporaine et composition (2016), en plus d’être compositrice et improvisatrice. Par le passé, tu as joué au sein de divers ensembles, mais à force de voyager, tu as préféré te concentrer davantage sur l’écriture. Dis-nous, quand as-tu eu le déclic pour la musique et la création sonore, et qu’est-ce qui t’a donné envie de t’y consacrer professionnellement?

«Je n’ai pas l’impression qu’il y a eu un déclic à proprement parler. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu faire de la musique contemporaine. Bien que j’aie suivi une formation classique – c’est presque inévitable quand on est violoncelliste – j’ai toujours été très fortement attirée par les musiques qui sortent des sentiers battus. J’aime être sortie de ma zone de confort.»

«Je ne dirais pas que j’ai préféré me consacrer à l’écriture plutôt qu’à l’interprétation. Même si je compose de plus en plus, je joue toujours autant qu’avant… j’ai seulement arrêté de dormir! :)»

Photo: Emily Gan

Tu sembles avoir développé, au fil des ans, une véritable passion pour les arts de la scène – notamment le théâtre, la danse et la performance – puisque tu as collaboré régulièrement avec ces milieux ainsi que leurs artisans afin de développer des projets musicaux tous aussi variés qu’originaux. Plus récemment, tu as travaillé de pair avec la danseuse et chorégraphe Sarah Bronsard sur une œuvre intitulée Le Frottement du monde. Peux-tu nous parler de cette collaboration récente et de ce qui t’attire le plus à travers cette opportunité unique, celle de créer une trame sonore pour un projet artistique?

«Ce qui me stimule le plus dans les collaborations avec les autres formes d’arts, c’est d’être exposée à de nouvelles esthétiques et à de nouvelles façons de faire. Tous les médiums ont des façons d’aborder le travail de création qui leur sont propres, et il est toujours très enrichissant de confronter mon bagage de musicienne avec celui de créateurs issus d’autres traditions artistiques.»

«C’est dans cet esprit que nous avons abordé Le frottement du monde, une œuvre réalisée en co-création avec la danseuse et chorégraphe Sarah Bronsard, laquelle la décrit comme suit: “la zone de friction constante entre les pratiques, entre les êtres, entre soi et le monde: ce qui s’acharne doucement, ce qui à l’usure se casse, s’assouplit, se transforme”

«Cette pièce est le fruit d’une longue aventure artistique et amicale qui témoigne à la fois de nos vécus respectifs, des liens qui nous unissent, de nos découvertes et de nos limites. Nous en avons présenté une première version en 2017 et nous prévoyons poursuivre notre travail lorsque les circonstances le permettront.»

Du 7 au 10 juin, tu prendras part à l’édition 2021 de Temporel, un mini-festival organisé par Codes d’accès. Ce sera l’occasion pour les spectateurs de découvrir ton travail, ainsi que celui d’autres artistes – tels qu’Alexandra Tibbitts, Thais Montanari et Quatuor Cobalt – au cours d’un événement en ligne qui se tiendra sur quatre soirées et qui mettra de l’avant «la diversité des pratiques en musique et création et l’ambition sans limites des artistes émergent.e.s». Peux-tu nous en dire plus sur ta contribution artistique, et ce que tu as prévu de présenter au public dans le cadre de ce projet?

«Dans le cadre de Temporel, le Quatuor Cobalt interprétera mon diptyque pour quatuor à cordes, Jaculations, qui se compose d’Asyndètes (créée par le Quatuor Molinari en 2017) et de Sourdre (commande de Codes d’accès présentée en première mondiale).»

«Dans ces deux pièces, je me suis intéressée à la façon dont l’énergie se déploie dans le temps. Cette énergie, qui peut être tout aussi bien contenue qu’exacerbée, est la manifestation d’un enthousiasme mis en contact avec des éléments qui lui sont extérieurs. La dramaturgie de l’œuvre découle du rapport entre deux forces: la ferveur de l’élan vital et le pragmatisme des contraintes.»

À quelle expérience sensorielle les spectateurs peuvent-ils s’attendre lors de ta performance à Temporel le 9 juin?

«Jaculations est une œuvre des extrêmes où alternent des passages énergiques d’une grande densité pendant lesquels on peine à reprendre son souffle et des moments fragiles et délicats, au seuil de l’audible. C’est une expérience d’écoute exigeante qui demande à la fois de se laisser bousculer et de faire preuve d’une grande patience.»                                                                                    

«C’est également une œuvre très virtuose, un tour de force pour les interprètes qui doivent faire preuve à la fois d’endurance et de délicatesse, de raffinement et de fougue. Les musiciens du Quatuor Cobalt nous en proposent une interprétation époustouflante, émouvante et incarnée.»

Photo: Ricardo Gómez

Et finalement, peux-tu nous en dire un peu plus sur les projets qui vont t’occuper d’ici l’automne? Même si c’est un secret d’État, on te le promet, on ne le dira à personne!

«Jusqu’au 15 juin, il est possible de visionner en ligne Intimités, un projet réunissant des œuvres du compositeur norvégien Fredrik Rasten et de moi-même mises en images par les vidéastes Andrés Salas et Farid Kassouf. En co-présentation avec Innovations en concert et NO HAY BANDA: https://innovationsenconcert.ca/event/intimites/?lang=fr».

«Le 10 juin sera créée Cigales, une pièce que j’ai écrite pour la Table de Babel, un instrument inventé par le compositeur Jean-François Laporte. Lors de ce concert, j’interpréterai également The Navigator, une pièce de Joseph Browne. Une co-production Totem Contemporain et Le Vivier: https://levivier.ca/fr/concert/saison-2020-21/totem-electrique-xiii-webffusion

«J’ai également récemment terminé une pièce pour la violoniste Emma Lloyd qui sera créée prochainement en webdiffusion dans le cadre de The Night With… (date exacte à déterminer): https://diaphonique.org/projects/the-night-with-emma-lloyd-2/».

«Côté interprétation, nous travaillons présentement avec le compositeur Luke Nickel (Bristol, UK) et le gambiste Liam Byrne (Berlin, Allemagne) sur Distant Cousins, une nouvelle pièce que nous avons réalisée entièrement à distance, puis, je me mettrai très prochainement à apprendre Sillons, une pièce pour violoncelle que j’ai écrite pour mon récital de fin de doctorat qui aura lieu à Lyon (on croise les doigts!) à la fin septembre.»

Codes d’accès est actuellement en campagne de financement annuelle. Envie de soutenir une organisation trentenaire vouée entièrement aux artistes émergent·e·s? Faites un don sur www.canadahelps.org/donation!

*Cet article a été produit en collaboration avec Codes d’accès.

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