L’édition 2015 du Zoofest présente les plus récents finissants auteurs et humoristes de l’École Nationale de l’Humour

Ainsi, l’électro-geek Gabriel Prévost mélange fiction et réalité en brouillant ses repères virtuels et imaginaires avec le monde réel dans sa quête menant au permis de conduire, alors que l’allumée Éliane Trahan essaie de venir chercher notre pitié avec des méthodes toutes plus singulières les unes des autres dans son quotidien de fille humoriste aux cheveux bruns. Dans le même ordre d’idée, l’énergique Nicolas Audet mêle son jeu physique à son personnage égocentrique qui nous explique à quel point il est trop facilement irritable pour pouvoir convenablement vivre en société.

De leurs côtés, le métissé Anas Assouna tente de démêler les types de racisme alors que David Foh essaie de faire le bilan sur le bonheur, le sien et celui des autres, et toutes autres banalités qui pourraient croiser notre route. Le Français Roman Frayssinet vulgarisera à sa façon le véritable sens de l’amour tandis que Antoni Rémillard offrira un segment plus absurde, nous emmenant dans des territoires aussi inquiétants qu’hilarants.

S’il est un peu déloyal de faire ressortir certains noms plutôt que d’autres, tellement ils ont chacun su nous allumer à au moins une reprise, notons quand même Daniel Pinet, qui, avec son accent de région, nous raconte les origines de l’Acadie. À ses côtés, Célia Gaudreau est prévisible, mais amusante dans son personnage d’archiviste coincée qui se ramasse à faire de la suppléance dans un cours de sexualité, alors qu’à l’inverse, l’éclatante Rosalie Vaillancourt opte pour quelque chose de beaucoup plus extraverti dans son rôle de Julie Savard, l’autiste fan de Bon Jovi. Il faut l’entendre manier les mimiques, les tics, les paroles du chanteur et les vulgarités dans un amalgame d’une réussite épatante pour y découvrir l’un des rôles d’handicapés les plus réussis depuis belle lurette.

Enfin, tout aussi déconcertant que ses confrères, il est pratiquement impossible de ne pas adhérer à la folie contrôlée de Marc-André Beaulieu, qui essaie de nous expliquer dans toute son agressive-passivité la logique de ses TOC. Sous l’emprise de Malaise Airlines (un clin d’oeil à ce qu’on peut bien sous-entendre), c’est après tout ce désir de malaise et d’incertitudes qui semble tous les lier dans leur assurance évidente à nous traîner de force dans leurs univers singuliers.

Voilà donc une très jolie et prometteuse cohorte qui va dans toutes les directions, avec l’avantage d’exhiber des univers maîtrisés et invitants. Avec une prestance aussi sentie après si peu de temps, on peut être assurés que leur avenir leur tend plus qu’une main, il leur promet une carrière.

Les deux spectacles continuent d’être présentés les mercredi 15, jeudi 16, mardi 21, mercredi 22 et jeudi 23 juillet au Studio Hydro-Québec du Monument-National; respectivement à 20 h 30 pour le show des auteurs et 22 h pour le show des humoristes.

*À noter que contrairement à ce qui est indiqué dans le programme, le volet humoriste dure bien 90 minutes et non 60 comme le volet des auteurs.