La rentrée montréalaise de Valérie Carpentier au Théâtre Maisonneuve – Bible urbaine

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La rentrée montréalaise de Valérie Carpentier au Théâtre Maisonneuve

La rentrée montréalaise de Valérie Carpentier au Théâtre Maisonneuve

Chanter vrai

Publié le 19 juin 2014 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Victor Diaz Lamich

Après avoir remporté la grande finale du concours télévisé La Voix en 2013, Valérie Carpentier a bénéficié de l’aide d’une «équipe de feu» (dixit l’artiste) pour la création de son premier album L’été des orages. Pour sa rentrée montréalaise, on lui a même offert un décor chic de style cabaret pour aller avec sa sublime robe rouge. Il semble pourtant qu’elle n’aurait pas eu besoin d’autant d’artifices pour rejoindre le public rassemblé au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts dans le cadre des FrancoFolies de Montréal. Parce que chaque fois que Valérie Carpentier ouvre la bouche pour chanter, son charme opère.

Il n’y a qu’à compter le nombre de chansons qui ont, dès les premières notes, suscité chez le public de chauds applaudissements. «Le rendez-vous», «La vie en rose», «Skyfall», «Dis, quand reviendras-tu?», «Video Games», et, bien sûr, la pièce composée par sa coach Ariane Moffatt et premier extrait du disque, «À fleur de peau», mènent le compte à six chansons qui ont instantanément ravi le public. Il faut dire qu’en plus d’offrir l’intégralité de son premier opus, la jeune chanteuse s’est assuré que ses spectateurs en aient pour leur argent en livrant toutes les chansons qu’elle a interprétées à La Voix et qui l’ont fait connaître, en plus de lui faire gravir les échelons de la compétition.

On ne peut le nier, Valérie Carpentier a une voix magnifique et ses interprétations sont toutes, sans exception, vraies, senties et touchantes. Et elle est belle à voir aller, car en plus de chanter avec une voix aussi particulièrement jolie, l’artiste chante avec ses bras, qui se balancent doucement, au rythme des clavier (Guillaume Marchand), guitare (Guillaume Doiron), basse et contrebasse (Patrick Lavergne), batterie (José Major) et quatuor à cordes (les Mommies on the Run), qui donnent toutes leurs couleurs à sa pop teintée de jazz.

Valerie-Carpentier-Theatre-Maisonneuve-Rentree-Montrealaise-L-Ete-des-Orages-Bible-Urbaine-Critique

Les musiciens sont doués, le décor est chaleureux, les chansons sont bien ficelées, composées par une pléiade d’artistes parmi les plus talentueux du moment – Ariane Moffatt, Marie-Pierre Arthur et Gaële, Yann Perreau, et Pierre Lapointe, notamment–, Carpentier est sympathique… que pourrait-il donc manquer pour que le spectacle soit un franc succès?

Des duos! Chanter «Los Angeles» avec un Daniel Lavoie généreux, puis «Notre Amour» avec son auteur, Alex Nevsky, qui était beau à voir aller, suivant la mélodie avec ses mains, presque comme un chef d’orchestre dirigeant sa protégée, c’était déjà en soi un cadeau inespéré, sans doute autant pour Valérie Carpentier que pour ses spectateurs. Mais contre toutes attentes, c’est le petit nouveau – pas si nouveau que ça, mais sans doute moins connu du public de Carpentier – qui aura partagé avec la chanteuse le moment le plus fort du spectacle.

C’est avec quelques rires nerveux que l’artiste principale de la soirée a présenté son premier invité, «un artiste à la voix de miel», Philémon Cimon, mais aussi la chanson qu’ils interpréteraient ensemble: «Tu balances». Composée par la chanteuse il y a deux ou trois semaines à peine, la ballade a mis en évidence deux voix singulières qui s’harmonisent bien, sans artifice, Philémon à la guitare classique et Valérie, micro à la main, tous les deux seuls sur la scène.

On avait dès le départ été saisis par une Valérie Carpentier se pointant devant le grand rideau pour débuter son spectacle a capella, avant que le rideau ne tombe, laissant voir les musiciens qui ont alors commencé à jouer avec aplomb. On avait remarqué l’apport subtil mais nécessaire de l’ensemble à cordes sur plusieurs morceaux, comme «Chanson triste» ou «Los Angeles», donnant une profondeur et un côté grandiose aux pièces. On s’était laissé bercer par l’aisance avec laquelle la chanteuse passe de la voix de corps à celle de tête. On s’était même laissé attendrir par l’effort déployé par l’artiste pour s’adresser à son public et le garder captivé, comme à la toute fin, où elle a demandé aux gens de se lever pour prendre une photo avec eux ou qu’elle les a fait participer à «Notre amour» en leur faisant répéter des «Aah Aah». Mais rien n’aura surpassé ce moment d’intimité et de communion avec Philémon Cimon.

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D’autant plus que quelques moments de maladresse se sont tout de même glissés ici et là dans le spectacle, montrant une Valérie Carpentier timide, certes, mais surtout trop dirigée, semble-t-il. Si certaines présentations de chansons se voulaient humoristiques, plusieurs gags sont malheureusement tombés à plat, donnant l’impression d’avoir été préparés minutieusement par une équipe, mais qui n’auraient pas, on se l’imagine, été naturels ou spontanés pour l’artiste de 20 ans. Une chose est certaine, les remerciements à son public, qui lui a fait remporter La Voix et qui a fait en sorte qu’elle puisse se permettre de faire une rentrée montréalaise rien de moins qu’au Théâtre Maisonneuve, eux, ces discours-là, étaient sincères et vrais.

Valérie Carpentier ne semble pas être une fille compliquée: on la mettrait simplement sur un tabouret avec un micro comme on l’a fait dans le numéro avec Philémon Cimon, et elle brillerait de mille feux quand même. C’est d’ailleurs en enlevant un peu de décorum à tout ça, en laissant de côté le pied de micro et en se déhanchant un peu pendant «Le bout du monde» qu’elle a semblé être le plus à l’aise ou du moins, le plus détendue.

Il faut dire que plus la soirée avançait, plus l’interprète était visiblement plus à l’aise, et le plaisir de présenter ses chansons a pris le dessus sur les trucs trop préparés, comme cette façon de mimer une violoniste lors de la finale instrumentale de la première chanson, «La rose rouge», ce qui semblait chorégraphié. À la place, le public a eu droit à un «J’vous entends vous dire ‘‘Qu’essé ça, elle a pas chanté «À fleur de peau»!’’» spontané et comique, en rappel, comme pour boucler la boucle et montrer que ce n’est pas seulement en chantant que Valérie Carpentier charme. Elle est adorablement vraie, et on a envie de lui dire avec autant de passion qu’elle lorsqu’elle la chante: «Dis, quand reviendras-tu?» à Montréal?

La tournée L’été des orages prendra la route partout à travers la province dès le mois de septembre. L’album du même nom est paru sous l’étiquette des Productions J le 19 novembre 2013.

L'avis


de la rédaction

Grille des chansons

1. La rose rouge

2. Le rendez-vous

3. Je chanterai pour toi

4. La vie en rose

5. Chanson triste

6. Aussitôt

7. Le bout du monde

8. Tu balances (en duo avec Philémon Cimon)

9. Mon problème

10. Skyfall

11. L'été des orages

12. Nature Boy / Petite fleur

13. Dis, quand reviendras-tu?

14. Je ne reviendrai jamais

15. Sweet insomnie

16. Los Angeles (en duo avec Daniel Lavoie)

17. Vidéo Games

18. Notre amour (en duo avec Alex Nevsky)

19. À fleur de peau

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