SortiesHumour
Crédit photo : Mathieu Pothier
«Est-ce que vous allez bien? Oui? Tant mieux. Moi, ça va pas bien du tout. Avec tous les attentats terroristes qu’il y a dans le monde, ça va pas du tout. D’ailleurs, question de sécurité, je vous demanderais de vous lever et de regarder le spectacle debout, en bougeant constamment. Comme ça, on va être des cibles plus difficiles à viser!», lance-t-il avant de parler de cette peur des «extremisssses» et du terrorisme qui semble être devenu la norme. «On parle de l’islamisme intégriste comme si c’était une grippe que tout le monde peut attraper», explique-t-il, en mettant le blâme sur certains chroniqueurs d’opinion, spécialistes du raccourci intellectuel, qui sont capables «de faire un lien entre l’État islamique et Xavier Dolan».
Fred Dubé, souvent décrit comme un «humoriste engagé», n’aime d’ailleurs pas cette étiquette qu’on lui attribue. «Un artiste engagé c’est comme du bénévolat. On trouve ça admirable, mais crisse que c’est plate!» À ceux qui lui disent que l’humour est fait pour divertir et non réfléchir, Fred Dubé répond que le rôle de l’humoriste est de combattre les préjugés, ce que ne semblent pas comprendre ses humoristes préférés, les animateurs des radios de Québec, communément appelés radios-poubelles. «C’est pas ben fin dire ça. Sont brillants, ce monde-là, ils font de la double ironie. Ils disent le contraire de ce qu’ils ne pensent pas. Pensez-y!», dit-il avait d’enchaîner avec une liste de citations authentiques entendues sur les ondes de Radio X, notamment une où on comparait le vélo d’hiver à une religion extrémiste. «Parce que bien sûr, les gars qui sont rentrés chez Charlie Hebdo sont arrivés en tandem sous la neige!»
Il ne s’inquiète pas du politiquement correct, Fred Dubé, et c’est parfait. Ça fait du bien d’entendre autre chose que des anecdotes de la vie de tous les jours, formule devenue presque la norme chez les humoristes. Ainsi, il n’a pas peur de se moquer de Tout le monde en parle, et de son animateur, «qui a un égo tellement gros, qu’il peut recevoir son propre nombril. Non, mais il y a pas longtemps, Guy A. Lepage recevait Rock et Belles Oreilles. Le feu sauvage de l’amour, Bonjour la police… non mais décroche esti, c’est pas “Stairway to Heaven” ta shit.» Il n’a pas peur non plus d’attaquer Gilbert Rozon sur le one man show qu’il présentait dans le même festival, ou la Pabst Blue Ribbon, commanditaire de Zoofest. «Quel commanditaire de marde. J’en veux pas moi de cette bière de pisse-là. Pabst Blue Ribbon. T’sais quand même la Corona te regarde de haut. On en a envoyé des caisses pleines en Grèce, pis ils nous les ont retournées en disant non merci!»
Fred Dubé était en grande forme lors de ce Radical pouding, notamment pour les deux derniers numéros, un sur la télévision et un sur les échelles sociales, tout aussi excellents l’un que l’autre. Il ne faut toujours pas avoir peur d’être choqué en allant voir Fred Dubé, mais on sent déjà qu’il s’est raffiné un peu depuis Terroriste blanc d’Amérique et L’ignorance fait plus de victimes que le cancer. Moins de vulgarité et de sexualité gratuite et inutile, sauf peut-être dans ce bref numéro sur Philippe Couillard.
De façon générale, c’est une note presque parfaite que se mérite Fred Dubé pour ce spectacle qui devrait être prescrit comme remède à l’ignorance et aux préjugés.
L'avis
de la rédaction