Fred Dubé présente «Terroriste blanc d’Amérique» dans le cadre de Zoofest – Bible urbaine

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Fred Dubé présente «Terroriste blanc d’Amérique» dans le cadre de Zoofest

Fred Dubé présente «Terroriste blanc d’Amérique» dans le cadre de Zoofest

Un cas à part

Publié le 18 juillet 2014 par Camille Masbourian

Crédit photo : Zoofest

En 1968, alors qu’il était emprisonné aux États-Unis, Pierre Vallières, journaliste et écrivain, très impliqué dans le FLQ, publie Nègres blancs d’Amérique, essai partiellement autobiographique dans lequel il trace le portrait de la société québécoise des années 50 et 60. En 2014, Fred Dubé, humoriste, présente Terroriste blanc d’Amérique, un one man show dont le titre est une référence directe au livre de Vallières et durant lequel il dresse le portrait de la société québécoise actuelle, telle qu’il la voit.

Se situant quelque part entre l’humour engagé et celui plus absurde, Fred Dubé ne ressemble à personne d’autre. Impossible de le comparer à l’un de ses collègues humoristes. Avec un ton et une pensée bien à lui, il a présenté cette semaine sur les planches du Théâtre Ste-Catherine le premier des deux spectacles qu’il offrira au public lors de Zoofest 2014.

Sur scène, Fred Dubé s’insurge contre les dirigeants des grosses compagnies, les partis politiques, les gens qui chialent contre l’hiver, les banques, le cancer, les imbéciles, les animateurs de quiz qui reçoivent des trophées et les médias de masse qui implantent des idées dans la tête des gens. «De la propagande, il y en a, et il y en a aura toujours. Avez-vous remarqué qu’en politique par exemple, un mensonge répété 200 fois devient une vérité?» Reprenant l’affirmation d’Éric Duhaime, qui avait écrit sur Twitter pendant la crise étudiante que porter un carré rouge dans le métro de Montréal causait la même réaction que porter une burqa à New York après le 11 septembre 2001, soit rendre les gens nerveux, Fred Dubé questionne: «Premièrement, c’est quoi le lien entre burqa et 11 septembre? La burqa est un vêtement porté par certaines femmes musulmanes. Les gars dans l’avion qui a foncé dans le World Trade Center portais-tu une burqa? C’est tu comme les travestis chez les musulmans? Je me demande si, à Kaboul, il y a un genre de club comme Chez Mado où ils se rassemblent et font leur show.» Oui, dans une même phrase, Fred Dubé parle de burqa, de terroristes, de musulmans et de Mado Lamotte. Et oui, tout ça se tient.

À la fois rêveur et lucide, il aimerait changer le monde tout en sachant très bien qu’il n’y arrivera pas d’ici demain matin. «Sauf qu’il faut savoir faire la différence entre les choses qu’on peut vraiment changer et les fatalités. L’hiver là, c’est une fatalité. Arrête d’essayer de te battre contre l’hiver, tu pourras jamais gagner. Mais quand j’entends du monde prendre tous les moyens pour combattre l’hiver, mais qui parle de politique en disant «mais dans le fond, on peut pas y faire grand-chose», je comprends pas!»

On peut être d’accord ou pas avec les opinions exprimées par Fred Dubé dans son spectacle, mais on ne peut pas nier qu’il présente un spectacle assez solide. Malgré quelques blagues un peu maladroites (une attaque à Gilbert Rozon, vraiment?) et quelques références sexuelles un peu trop nombreuses et vulgaires, le contenu est plus que pertinent et les références assez impressionnantes. Pas de doute, il s’intéresse pour vrai à ce qui se passe dans le monde. Il connait ses sujets. Et à plusieurs reprises dans le spectacle, il peut simplement énoncer des faits pendant quelques minutes, sans faire de blague. On est loin de la formule une ligne un punch, et pourtant c’est très efficace malgré tout, peut-être parce que l’absurdité de la chose parle d’elle même.

Définitivement Fred Dubé est assure une excellente relève pour l’humour engagé, intelligent et recherché. On a d’autant plus hâte de voir sa deuxième série de spectacles, «L’ignorance fait plus de victimes que le cancer», qui sera présentée au Théâtre Ste-Catherine du 29 juillet au 2 août.

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