«Bosch Dreams» des 7 Doigts lors du festival Montréal Complètement Cirque

Un passage audacieux entre réalité et fiction

Une fois assis dans la salle, on est bien vite surpris par l’originalité du spectacle, qui a été présenté sous la forme d’une conférence ludique animée par un professeur d’histoire de l’art. Sur scène, on voit une immense projection de l’hypnotique œuvre de Bosch, Le Jardin des délices, qui nous transporte rapidement au coeur du monde complexe de l’artiste-peintre.

Le professeur (un personnage interprété par Émile Mathieu) nous explique l’œuvre et nous guide vers un voyage songeur où l’on appréciera d’autres œuvres comme Le chariot de foin, L’escamoteur ou encore Visions de l’au-delà, et où l’on découvrira des personnages masqués habitant les tableaux.

Tout de suite, on est invités à redécouvrir l’histoire d’Adam et Ève, à admirer la beauté de la nudité du corps humain, à se balader dans Le Jardin des délices et à se questionner par rapport au bien et au mal; le paradis et l’enfer.

Le spectacle poursuit sa lancée et on peut apprécier de superbes animations qui ont été créées par Ange Potier et dans lesquelles on identifie les artistes qui sont sur la scène; ils se promènent, de la scène à l’animation, et nous emballent avec un jeu de va-et-vient entre réalité et fiction. C’est entre autres le cas pour l’un des artistes qui incarne le personnage de Salvador Dalí et qui, grâce à l’animation, se retrouve au musée du Prado, à Madrid, pour apprécier l’œuvre de Bosch.

Ici, Dalí entre dans le tableau Jardin des délices et nous invite à assister à un numéro d’équilibre des mains interprété par Marie-Ève Dicaire, laquelle se trouve à l’intérieur d’une bulle. Son costume, un maillot couleur chair, donne un effet de nudité et de simplicité qui accompagne bien les images colorées de la scène. Bien que le numéro fut superbe, la disposition de la salle empêchait toutefois le public d’admirer en profondeur la beauté des mouvements. Pour ce numéro, hélas, cela a affecté le résultat de l’effet visuel désiré.

À plusieurs reprises, le professeur est retourné sur la scène pour poursuivre sa conférence. Cependant, même si l’idée d’expliquer aux spectateurs les détails de l’œuvre de Bosch est certes originale, par moments ses apparitions brisaient le rythme du spectacle. Il y a fort à parier que si les explications du professeur avaient été plus courtes, on aurait pu mieux les apprécier.

Jim Morrison, The Doors et Les 7 Doigts

On a aussi assisté à un numéro dans lequel un artiste interprète le personnage de Jim Morrison, lequel a été fortement influencé par l’œuvre de Bosch de son vivant. On voit sur la scène une baignoire et un Morrison ivre accompagné de la musique de The Doors, Light my Fire, qui s’envole dans un numéro de cerceau pour nous livrer une vigoureuse performance. Ce numéro est magique, car on voit une excellente fusion entre les animations et le cirque qui forment un seul et même élément.

Le moment charnière de cette soirée fut le numéro de mât chinois qui a diffusé une énergie fantastique dans la salle Pierre-Mercure. On a pu voir les sept artistes du collectif sur la scène, représentant des personnages mythiques des tableaux de Bosch et qui essayent de fuir l’incendie de la ville natale de l’artiste.

Bosch Dreams est sans aucun doute une belle proposition artistique qui vous permettra de découvrir le monde mystérieux de Jérôme Bosch. Chapeaux à la recherche artistique, à la mise en scène et à la direction artistique de Samuel Tétreault! La fusion entre les majestueuses animations d’Ange Potier fait de ce spectacle une œuvre originale et unique.

Bien qu’on aurait voulu voir plus de performances de type circassien, on doit faire une mention spéciale aux 7 Doigts, qui n’ont pas hésité à nous présenter une différente proposition de spectacle où le théâtre et l’animation nourrissent les performances de cirque.