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Crédit photo : Aftermath / Interscope
Librement inspiré par le Black Album de Prince, le protégé de Dr. Dre reprend le filon exploité sur son exceptionnel To Pimp a Butterfly, sorti l’an dernier. C’est normal, d’ailleurs, puisque ces huit pièces sans titre ont toutes été composées lors de la séance d’enregistrement de cet album.
Contrairement à la plupart des compilations, untitled unmastered. ne contient pas de maillon faible. Chaque moment aurait pu se retrouver sur l’album original. À l’instar de celui-ci, les arrangements jazz-funk font partie intégrante de l’enregistrement, remercions le brio du bassiste Thundercat, du vocaliste Bilal et du saxophoniste Terrace Martin. «Untitled 05» et ses arrangements à la Flying Lotus est un petit bijou de free-jazz qui rappelle les meilleurs moments de To Pimp A Butterfly. Anna Wise, cuivrée et chaleureuse, y brille de mille feux.
Seule différence toutefois: comme son titre l’indique, il n’y a pas de finition sur untitled unmastered. Sa facture sonore, bien que racée, semble donc inachevée. Cependant, comme c’est de cette manière qu’on présente la proposition, ce n’est pas un grand défaut. Les prouesses vocales de Kendrick viennent sauver la mise.
Les chansons, dont plusieurs ont été présentées auparavant sur scène, nous donnent l’impression d’entendre une performance intimiste, seul à seul, avec le rappeur et ses musiciens. À cela s’ajoute un CeeLo Green étonnant, le rappeur Jay Rock, de même que le producteur Swizz Beatz et son fils de cinq ans, Egypt, qui aurait composé la fin de la brillante «Untitled 07».
L’esprit libre, rebelle et spirituel de Kendrick Lamar est préservé au moyen de textes politiques évocateurs. Le rappeur est toujours aussi lucide. Contrairement à son collègue Kanye West, son assurance derrière le micro n’est pas irritante, puisqu’il se présente tel qu’il est: un simple mortel, imparfait, spirituel et sentimental, un brin cabotin, au franc-parler authentique: «Look at my flaws, look at my imperfections», rappe-t-il sur «Untitled 06». Trop de rappeurs se vantent d’être célèbres ou d’avoir un gros compte en banque, Kendrick, lui, se targue de rechercher la sagesse et les connaissances.
C’est tout à son honneur.
En 34 minutes de matériel inachevé, on nous présente plus de richesse musicale que bien des rappeurs en une heure! On ne peut plus le nier: Kendrick Lamar est le meilleur rappeur de sa génération et son triomphe aux derniers Grammys n’est que le début d’une longue série de succès.
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de la rédaction