«Oh Inhuman Spectacle» de Methyl Ethel – Bible urbaine

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«Oh Inhuman Spectacle» de Methyl Ethel

«Oh Inhuman Spectacle» de Methyl Ethel

De l'envoûtement à perte de vue

Publié le 24 avril 2016 par Marie-Hélène Proulx

Crédit photo : 4AD

On a tous eu un cousin ou un grand frère que l'on a vu s'émerveiller de son propre pouvoir de produire des sons bizarroïdes avant d'apprendre à maîtriser son instrument dans les règles de l'art. Une fois la maîtrise venue, rares sont ceux qui savent persister à faire jouir leur auditoire de leur soif exploratoire, sans tomber dans l'intellectualisme de la musique contemporaine. Le trio australien Methyl Ethel a ce don qui lui a sans doute valu de faire entendre ses échos jusqu'à nos contrées du Nord: un son à la fois suave et direct, mais agrémenté d'une nuance rebelle à nos habitudes harmoniques.

Des effets sonores à la limite entre la note et le bruitage viennent parfois se mêler subtilement à l’ensemble pour enrichir la composition générale. Inutile cependant de chercher dans l’œuvre des éléments acoustiques qui, sauf quelques notes de guitare électrique, sont à peu près absents. On se laisse quand même aisément toucher par la voix on ne peut plus hermaphrodite du chanteur Jake Webb. Celle-ci, sans tenir de la virtuosité, se moule parfaitement à l’atmosphère musicale, à mi-chemin entre l’apaisant et le lugubre.

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Cette voix n’apporte toutefois que rarement le mot qui frappe, et qui nous prendrait par la main pour nous aider à cerner notre propre sentiment face au monde.  Et pour cause, l’imagination des créateurs des vers d’«Oh Inhuman Spectacle» est des plus éclatées: bien rusé celui qui, en écoutant et réécoutant le contenu d’«Idée Fixe», saurait dire s’il est question d’une peine d’amour, d’un enterrement ou de Dieu sait quoi d’autre. Même la vidéo de la chanson, pourtant d’une esthétique tout en simplicité, n’éclaire pas davantage nos lanternes.

Dans la pièce Rogues, là, oui, c’est clair qu’il s’agit d’une peine d’amour… mais, entourée d’extraterrestres pour une raison dont seul l’auteur a le secret. Étrangement, on sent très bien, par contre, à travers les sonorités, l’impression d’été beaucoup trop chaud qu’évoque la musique de Rogues avant même qu’elle soit conclue par «When it’s 40 degrees outside, and inside it’s 43». Alors on laisse le son le mêler à l’air du temps pour mieux en imprégner nos sens.

Le style accessible de ce trio indie est un univers à part. Il faut l’accepter pour ce qu’il est. Cela dit, comme dans le cas de bien des mystères, on ne s’en lasse pas facilement…

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