MusiqueLa petite anecdote de
Crédit photo : Marc-André Dupaul
Hum… des anecdotes, il y en a tellement, hihi.
Je pense que j’ai envie de partager l’un des plus beaux moments que j’ai vécu en studio à ce jour.
Nous étions tous réunis (Guillaume Guilbault, Francis Major, Mélanie Venditti, Marie-Claudel Chénard, Agathe Dupéré, Mandela Coupal et moi-même sous le toit du magnifique Wild Studio à Saint-Zénon.
Cet endroit qui est, pour moi, d’une beauté quasi iconique peut justifier à lui seul que les étoiles aient bien voulu s’aligner, une certaine journée d’automne 2021.
Nous étions en train de discuter de la prochaine chanson que nous nous apprêtions à «attaquer». Mon réalisateur Guillaume Guilbault a lancé l’idée qu’il pourrait être intéressant de prendre un moment d’exploration pour l’une des pièces de l’album Mousses Mémoires: «Le Jardin Pergélisol».
La vérité, c’est que cette pièce, je l’avais écrite après le décès d’un être très cher et je la gardais très près de moi. J’avais confié à Guillaume auparavant que je préférais peut-être arranger les autres chansons durant notre séjour et conserver «Le Jardin Pergélisol» dans son attirail original: piano-voix.
Je me suis rendu compte, après coup, que je tentais de protéger cette pièce de façon inconsciente; comme si on cherchait à me dérober un trésor…
À la mention de ladite chanson et en voyant la vive émotion qu’elle suscitait chez moi, la curiosité de mes amis a été bien piquée. À l’unisson, mes complices m’ont demandé la permission de «juste» l’écouter. Alors que Frank pesait sur le bouton Play, un silence bienveillant et attentif a infusé dans la salle, suivi d’une émotion palpable.
La chanson terminée, j’ai entendu, un à un, mes acolytes me dire avec douceur: j’ai des idées.
Alors que des timides «moi aussi» se succédaient. Je sentais que les cœurs présents étaient ouverts, et j’ai donc compris que ça serait de la folie de ne pas combattre ma peur: je n’étais pas juste entourée de musiciens brillants; mais aussi d’amis et de beaux humains.
Guillaume a émis l’idée de la jouer tous ensemble, maintes et maintes fois, et de donner libre cours à nos idées et à nos émotions.
Et c’est là que la magie a opéré!
Nous avons peut-être fait une dizaine de takes. Alors que je livrais les mots que je n’aurais jamais souhaité écrire un an plus tôt, je me suis laissée porter par la pureté de ce qui était joué: la synchronicité et l’abandon étaient définitivement au rendez-vous.
À un moment, Francis et Guillaume nous ont fait signe de venir les joindre à la console. Lorsque nous avons écouté la pièce, nous étions tous émus. Certains ont versé une larme. J’étais pour ma part complètement bouleversée.
J’étais tellement reconnaissante qu’on ait pu capter ce moment et rendre hommage à l’amour et au chagrin, car ce deuil avait laissé un trou béant dans ma couche d’ozone.
Je n’oublierai jamais cette semaine au Wild Studio, et la création des arrangements de la chanson «Le Jardin Pergélisol» restera à jamais un moment marquant et une panacée rédemptrice.